Face à la rébellion de l’aile droite eurosceptique de son parti, David Cameron, mis en porte à faux par Nicolas Sarkozy et une opinion publique de plus en plus hostile à l'Europe, a été, une fois n'est pas coutume, contraint de plaider pour la solidarité européenne.
David Cameron transformé en défenseur de l’Union Européenne, voilà un retournement de situation pour le moins étonnant. Lundi soir, le Premier Ministre britannique a affirmé que le Royaume-Uni jouait "un rôle positif" en Europe afin d’aider à régler les problèmes "urgents et galopants" qui menacent l’Europe.
Et quand la maison de votre voisin brûle, votre premier réflexe devrait être de l’aider à éteindre les flammes, pas d’empêcher les flammes de toucher la vôtre".
Mise au point incendiaire du chef du gouvernement et du parti conservateur pour tenter de faire face à une révolte d’une partie des députés de sa majorité. A la suite du débat lancé après le dépôt d’une pétition signée par plus de 100.000 Britanniques, 81 des 307 parlementaire conservateurs ont, en effet, voté en faveur d’une motion visant à "l’organisation d’un référendum national sur le fait que le Royaume-Uni doive rester un membre de l’Union Européenne, quitter l’Union Européenne ou renégocier les termes de son appartenance afin de créer une nouvelle relation basée sur le commerce et la coopération".
Opposition frontale
Près d'un député de son parti sur quatre en opposition frontale avec leur leader au pouvoir, le désaveu est cinglant pour David Cameron qui avait pourtant imposé la consigne de vote la plus dure du code de procédure parlementaire : interdiction de s’opposer à la ligne du parti sous peine pour les membres du gouvernement d’être radié de celui-ci. Deux députés conservateurs chargés des relations avec le gouvernement devraient, du coup, démissionner.
L’aile droite du parti conservateur a ainsi pris le risque majeur de s'opposer au Premier ministre et à son gouvernement en raison de l’évolution de son discours sur l’Europe depuis son arrivée au pouvoir en mai 2010. Les eurosceptiques de la majorité estiment que David Cameron doit s'opposer systématiquement à Bruxelles. Ils refusent le moindre compromis.
Que les ministres expriment leur volonté de ne pas payer pour combler les déficits des pays du "continent" à chaque remous provoqué par la crise de la dette européenne ne leur suffit plus. David Cameron avait pourtant essayé de calmer le jeu en assurant aux rebelles qu’il partageait "leur désir d’une réforme fondamentale" de l’Union Européenne et promis que "le temps de la réforme approchait" afin de "reprendre plus de pouvoirs" à Bruxelles. Mais rien n'y fait.
Sarkozy pris au mot
Furieux et soutenus par des sondages selon lesquels les Britanniques sont de moins en moins favorables à l’Europe, les eurosceptiques ont voulu se faire entendre et prouver leur détermination face à un Premier Ministre affaibli par la charge lancée à son égard par le président français Nicolas Sarkozy. Selon le Guardian, ce dernier, qui voulait participer au sommet des pays de aynt adopté l'euro, lui aurait lancé le week-end dernier:
Tu as perdu une bonne occasion de te taire. Nous en avons ras le bol de tes critiques et que vous nous disiez quoi faire. Vous dîtes détester l’euro et maintenant vous voulez vous mêler de nos réunions".
Un coup de pied de l'âne et un argument massue apporté par le président français aux Eurosceptiques qui le prennent au mot: le Royaume-Uni déteste effectivement l'euro et n’a rien à faire dans une Europe qui ne veut pas de nous.