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1000 milliards de sabords! pour sauver l’Europe du naufrage

jeudi, 27 octobre, 2011 - 09:43

Alors l'Europe, sauvée? C'est ce que pensent les marchés à en croire l'envolée des principales places financières européennes au lendemain du marathon nocturne de Bruxelles. Les dirigeants ont beaucoup promis. Reste à mobiliser rapidement 1000 milliards. Un plan ad hoc ?

Aux moments cruciaux pour son avenir, les réunions au sommet des dirigeants européens ressemblent souvent à du théâtre de boulevard. Les portes claquent et l'on joue à se faire peur. C'était vrai au siècle dernier, lors du sommet de Maastricht, quand le Premier ministre britannique de l'époque, John Major, a, minuit passé, annoncé que le royaume de sa gracieuse Majestée ne serait pas uni à la monnaie unique, obligeant la France et l'Allemagne à bricoler en pleine nuit une clause d' "opting out", permettant à Londres à garder sa devise nationale tout en restant dans l'UE. 

"Habemus pactum"

Bis repetita la nuit dernière à Bruxelles quand les banquiers qui étaient dans les coulisses (une première!), ont expliqué, de nouveau vers minuit, qu'il n'y "avait pas d'accord sur quelque projet grec que ce soit".

Mais finalement quelques heures plus tard, la fumée blanche sortait de la cheminée de l'immeuble du Conseil européen. "Habemus pactum" pouvaient se féliciter les cardinaux de l'Union. Le plus fébrile était, on le comprend, George Papandreou. Pour le chef du gouvernement hellène c'est  "une nouvelle époque, une nouvelle ère s'ouvre pour la Grèce", un "nouveau départ".

La réduction de la dette grecque décidée par les dirigeants européens après accord des banques, permettant de la ramener à 120% du PIB du pays contre 160% aujourd'hui. Cette emphase est-elle sincère ou sert-elle à convaincre les marchés que la Grèce est vraiment sauvée? .

Pour Nicolas Sarkozy, ce plan de sauvetage est "ambitieux et crédible". Quant à Angela Merkel, elle se congratule avec les autres dirigeants européens, qui ont été à la hauteur des attentes, ce qui "était tout sauf évident il y a quelques jours encore".

Des banques "volontaires", mais pas trop

Des dirigeants qui auront effectivement finalement réussi à tordre les bras des banquiers moyennant une aide substantielle. Les banques qui ont acheté de la dette grecque vont effacer la moitié de l'ardoise grecque. Une perte qualifiée de "volontaire" (pour éviter officiellement la faillite de la Grèce) évaluée à 100 milliards d'euros.

En contrepartie, les pays de l'euroland garantissent 30 milliards sur ces 100 milliards. Une somme qui s'ajoute à l'aide déjà versée ou prévue dans le deuxième plan en faveur de la Grèce.

Les banques vont-elles être fragilisées par cette perte? Toujours officiellement, non. Car pour prouver leur solidité, elles devront renforcer leurs fonds propres pour faire face à des "imprévus". Il leur faut pour cela mobiliser 106 milliards d'euros pour atteindre 9 % de fonds propres.

Tendre la sébile à la Chine

Où trouver une telle somme? Sur les marchés, mais aussi, pour certaines banques, notamment espagnoles, auprès de leur Etat ou auprès du fonds de secours de la zone euro, le FESF.

Ce fonds a actuellement en caisse 250 milliards. Les chefs d'Etat et de gouvernement veulent qu'il soit rapidement doté d'une force de frappe de 1000 milliards. Montant impressionnant, mais, là encore, comment mobiliser ou garantir rapidement autant d'argent? On ne sait pas ce qu'à promis exactement Christine Lagarde, mais le FMI devrait être mis à contribution.

L'Europe va également tendre la sébile à la Chine, au Brésil et aux autres pays fortement exportateurs, hier encore qualifiés de "pays émergeants", qui n'ont pas de difficultés de fin de mois budgétaires. Nicolas Sarkozy doit aujourd'hui même faire de la retape auprès de Pékin.

Attention, Von Rompuy veille !

Evidemment, il ne sera pas question de puiser dans ce trésor de guerre sans contreparties. Les pays fauteurs de troubles financiers vont devoir prouver qu'ils se sont racheté une conduite budgétaire "ils le savent, maintenant ils seront sanctionnés par les marchés" a martelé Herman Von Rompuy. Quant à savoir si la rigueur ne va pas tuer la croissance, c'est une autre question qui n'était pas à l'ordre du jour.

Par ailleurs,  le président du Conseil européen juge "satisfaisants" les engagements de Silvio Berlusconi pour assainir les finances publiques italiennes.  Encore faut-il que le Cavaliere obtienne une majorité pour faire, notamment, voter le passage de l'âge légal de départ à la retraite à 67 ans, ceci avant qu'une telle mesure soit effective pour les vertueux Allemands qui ont imposé leurs solutions.


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