Une majorité d'Européens considère que la crise économique et financière est partie pour durer. Ils sont favorables à une gouvernance économique, à la création d'une agence de notation indépendante et au lancement d'euro-obligations. Mais ils ne pensent pas que l'euro a atténué la crise… sauf les Britanniques.
Les Européens broient du noir. Selon une enquête Eurobaromètre effectuée pour le compte du Parlement européen, ils pensent majoritairement que la crise économique et financière devrait durer encore de longues années et restent inquiets concernant les conséquences de la crise sur leur situation personnelle.
Et si, au début de la crise, ils pensaient que l’euro a atténué ses effets, ils considèrent aujourd’hui que la monnaie européenne ne joue plus ce rôle d’amortisseur. Sans doute faudrait-il voir là le résultat des interminables passes d’armes entre les "grands" de ce monde sur la manière de répondre à la crise internationale et ses répercussions au sein de l'Union européenne et notamment dans la zone euro.
Mais le plus étonnant est que les Britanniques sont parmi les Européens les plus convaincus du rôle protecteur de l'euro face à la crise. Ils sont 43% à le penser, soit une hausse de pas moins de 17% par rapport au printemps dernier. A l'inverse, seuls 28% des Français comme des Allemands partagent ce sentiment.
Pour faire face à la crise, les Européens estiment que les Etats membres de l’Union devraient adopter des "mesures coordonnées". Par exemple, une majorité est en faveur d’une gouvernance économique et budgétaire coordonnée et de la création d'une agence de notation de crédit européenne. De même, une majorité relative des personnes interrogées qui ont déjà entendu parler des euro-obligations; se prononcent en leur faveur.
La crise encore et encore
Dans le détail, si les Européens ont le sentiment que les pays de l'Union européenne tentent de donner une réponse coordonnée à la crise, ils ne sont pas, pour autant, très optimistes quant au futur proche.
41% d'entre eux considèrent que "la crise est partie pour durer encore de longues années ". Seuls 8% d'entre eux estiment que l'on est "déjà entrés dans la phase de reprise de la croissance".
Par ailleurs, les Européens privilégient toujours la coordination entre Etats membres afin de faire face à la crise. Une majorité d'entre eux (55%) considèrent qu'ils seraient "mieux protégés face à la crise actuelle" si leur pays prenait des mesures en coordination avec les autres pays de l'Union, contre 35% qui se sentiraient "mieux protégés" si leur pays "prenait des mesures individuelles".
Les fédéralistes gagnent du terrain
Les Européens se montrent nettement plus fédéralistes que leurs gouvernants. Interrogés sur une éventuelle mise en commun d'une partie de la dette des Etats membres, ils sont :
- 61% à considérer que le fédéralisme est "nécessaire au nom de la solidarité",
- 57% à considérer que cela "renforcerait la stabilité financière des Etats membres"
- 50% que cela "permettrait de réduire le coût de la crise".
- 66% considèrent qu'une telle démarche bénéficierait surtout aux pays les plus en difficulté.
De même, parmi les mesures envisagées pour assurer une meilleure gouvernance économique, la question de la convergence budgétaire figure en bonne place parmi les premières priorités.
Solidarité mais sanctions
Interrogés sur l'inclusion ou non d'une "concertation préalable entre les institutions européennes et les institutions politiques nationales" lors de l'élaboration des budgets nationaux, 67% s'y déclarent favorables contre 18% qui s'y opposent.
Et si "les règles fixées en commun en matière de dette et de déficit public" n'étaient pas respectées par certains Etats, les Européens sont à 68% favorables à "l'application automatique de sanctions financières progressives".
Quant à la solidarité financière, la question avait été posée pour la première fois en septembre 2010, suite à la mise en place du Fonds européen de stabilité financière (FESF). A cette époque, 49% des Européens considéraient comme "souhaitable" que leur pays "aide financièrement un autre Etat membre de l'Union confronté à d'importantes difficultés financières", 39% étant contre. La présente enquête s'est déroulée au même moment que les débats sur la ratification mouvementée du FESF. Les réponses favorables varient peu, soit 50%. En revanche, ce sont désormais 44% des personnes interrogées qui se prononcent contre une telle solidarité, avec de fortes variations selon les pays.
Agence de notation européenne
A la suite des dégradations successives des notes de la dette souveraine de plusieurs pays que les citoyens ont entendu davantage parler des agences de notation de crédit. Désormais, 50% des Européens affirment connaitre ces agences de notation et 65% d'entre eux considèrent qu’elles " ont joué un rôle important dans le développement de la crise". Et une très nette majorité (65%) se déclare en faveur de "la création d'une agence de notation de crédit européenne indépendante permettant de contrebalancer le pouvoir des agences existantes".
Par ailleurs, en ce qui concerne le débat sur l’émission des euro-obligations dans la zone euro, bien qu'il s'agisse d'une nouveauté, un Européen sur deux dans la zone euro en a entendu parler 38% d’entre eux y sont favorables, 33% étant opposés.
Cette enquête Eurobaromètre sur "Les Européens et la crise" est la quatrième du genre réalisée par le Parlement européen, la première datant de février 2009. Elle a été menée par TNS opinion entre le 3 et le 18 septembre 2011 auprès de près de 27.000 citoyens européens âgés de plus de 15 ans en face-à-face au domicile des répondants. Lors de la précédente enquête, les Européens avaient été interrogés notamment sur la taxe sur les transactions financières et ils y étaient très majoritairement favorables (61%).