Syndicate content

Sheldon Adelson, l’homme qui pouvait sauver l’Espagne

vendredi, 4 novembre, 2011 - 16:05

Le magnat du jeu américain Sheldon Adelson souhaite monter, dans la banlieue de Madrid, un complexe de loisirs géant susceptible de créer 250 000 emplois. Une aubaine que la région ne veut pas laisser passer. Quitte à changer, pour plaire au milliardaire, certaines lois peu accomodantes.

Changer les lois, et les règlements, "dans le respect de ses principes", cela ne fait pas peur à Esperanza Aguirre. La présidente de la communauté autonome de Madrid (Parti Populaire – PP, conservateur) est prête à tout pour convaincre Sheldon Adelson de choisir sa région pour implanter son projet de complexe de loisirs géant. Des hôtels, des casinos, des salles de spectacle, restaurants, un stade de 17 000 places… Plus qu'un simple casino, l’ensemble constituera un complexe de loisirs diversifié, en adéquation avec ce qu’Adelson considère comme l’avenir du jeu:

C'est le futur de l'industrie du jeu: lorsque le casino, c’est-à-dire la partie des installations réellement dédiée au jeu, représente moins de 2% de l'ensemble des installations”,

a-t-il déclaré en 2010 à propos de l’ouverture de son complexe de casinos à Singapour, le Marina Bay Sands.

Madrid se frotte les mains, d’autant que les pourparlers avec Adelson, seizième fortune du monde selon le classement de Forbes, sont "assez avancées", d’après le vice-président de la région de Madrid. Mais "rien n’est encore fait", ont fait savoir le Ministre de l’Industrie et les autorités madrilènes.

Le Las Vegas espagnol

Il faut dire que le magnat américain du jeu de 73 ans a des arguments convaincants: son "mini Las Vegas",  comme l’a surnommé la presse espagnole, pourrait générer 250 000 emplois, dont 50 000 directs, d’après les chiffres donnés par Aguirre elle-même. La présidente a souligné jeudi que cela reviendrait à diviser par deux le nombre de chômeurs de la région.

L’investissement évoqué par la presse serait supérieur à 16 milliards d’euros en treize ans, une aubaine pour une économie espagnole à croissance zéro et qui ne devrait pas voir sont rythme dépasser les 2% avant 2015. Le tourisme, point fort de l’Espagne, serait par ailleurs boosté par l’arrivée de plusieurs millions de visiteurs attirés par ce terrain de jeux pour tous.

L'homme providentiel

Adelson apparaît donc comme l’homme providentiel, un bienfaiteur universel, par qui la prospérité doit retrouver le chemin de l’Espagne. Ce promoteur spécialiste des casinos, président et actionnaire du groupe Las Vegas Sands, a déjà fait bénéficier d’autres régions du monde de son "bon cœur". Sans parler des dizaines de millions de dollars que la fondation du magnat d’origine juive, la Adelson Family Foundation, a versées à des organisations de bienfaisance israéliennes et américaines dans le but de "renforcer l’Etat d’Israël et les Juifs", d’après la présentation disponible sur le site web de la fondation.

Outre Las Vegas aux Etats-Unis, berceau de son activité, Andelson a jusqu'à présent surtout parié sur l’Asie, avec des investissements à Macao notamment. Il est le promoteur, à travers Las Vegas Sands, du Marina Bay Sands à Singapour, qui a ouvert ses portes en 2010 et lui a coûté 5,7 milliards de dollars. Les bénéfices annuels estimés devraient avoisiner le milliard de dollars.

A la conquête de l'Europe

Désormais, en pleine crise de la dette, Sheldon Adelson se tourne vers l’Europe du Sud. Son obsession pour Venise (il est le promoteur du casino Venezia Tower à Las Vegas) ne semble pas l’empêcher de s’intéresser à Madrid. Il avait déjà sondé la possibilité de monter un projet dans la capitale espagnole avant la crise, confie Esperanza Aguirre. Toutefois, la déroute économique l’a forcé à se concentrer sur le sauvetage de Las Vegas Sands, fortement affecté par les convulsions des marchés, et l’a empêché de concrétiser l’idée.

Sa fortune rétablie, le revoilà en terrain européen, prêt à apporter sa contribution à la remise sur pied de l’économie espagnole en développant son emprise sur le marché européen.




Pays