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Un gouvernement grec de coalition sans Papandréou

samedi, 5 novembre, 2011 - 14:36

Après avoir obtenu la confiance pour négocier la formation d'un gouvernement de coalition dont il ne fera pas partie, Georges Papandréou a contraint l'opposition à revenir sur son refus d'y participer. C'est le troisième chef de gouvernement socialiste en Europe à être victime de la crise. Avant le très conservateur Berluconi, mardi prochain?

Une vraie tragédie grecque. Samedi à l'aube, Georges Papandréou avait, finalement et laborieusement, obtenu la confiance du parlement athénien. Il sauvait ainsi son honneur et évitait à son pays des élections anticipées immédiates qui auraient été les plus mal venues alors que les députés n'ont toujours pas donné leur aval au plan d'aide Européen de 130 milliards d'euros auquel s'ajoute la réduction de 100 milliards de dette publique par les banques. Ceci en contrepartie de l'adoption dans les plus brefs délais de nouvelles mesures d'austérité.

Mais ce vote de confiance, permettait surtout au Premier ministre grec de ménager sa sortie. Et fort de cette confiance renouvelée, son parti, le Pasok, a finalement contraint dimanche l'opposition à accepter de participer à un gouvernement de coalition.

Georges Papandréou a obtenu une majorité avec seulement 3 voix d'avance: 153 voix sur les 298 votes exprimés. En contrepartie il a réaffirmé devant le parlement qu'il allait proposer aujourd'hui même au Président de la République la création "d'un gouvernement de consensus" et voir avec lui "qui va le diriger".

Pour sa part, il veut tirer un trait:

Je n'ai jamais vu la politique comme une profession"

Or, il estime avoir cher payé ce choix d'avoir "comme objectif l'intérêt de la démocratie, de la patrie et du citoyenc". C'est "un coût personnel" important.

De son coté, le ministre grec des Finances sortant, Evangélos Vénizélos, poids lourd du Pasok et potentiel Premier ministre, avait avertit que son pays ne peut pas se permettre le luxe d'interminables négociations sur la composition de la nouvelle équipe gouvernementale qui va avoir pour la priorité de demander au parlement son feu vert sur l'aide européenne.

Les délais sont très courts: un premier versement est impératif avant le 15 décembre pour éviter la faillite du pays. Premier ministrable potentiel, il avait pris ses distances avec Papandréou quand ce dernier a annoncé un référendum sur cette aide européenne pour ensuite y renoncer.

La formation d'un gouvernement de coalition s'annonçait néanmoins particulièrement délicate alors que l'opposition conservatrice souffle le chaud et le froid en permanence.

Jeudi encore, le chef de la Nouvelle Démocratie (ND), Antonis Samaras, s'était dit opposé à toute coopération tant que Papandréou n'avait pas démisionné et réclamait des élections d'ici la fin décembre. Il refusait également les hausses d'impôts pour les plus riches demandées en contrepartie du prêt européen. Mais finalement la ND avait accepté de voter en faveur du plan européen mais en entretenant toujours une ambigüité en ajoutant que c'était "sous certaines conditions".

Attaqué de toutes parts, humilié en public par Nicolas Sarkozy et Angela Merkel, soumis à la vindicte générale et au sein même de sa majorité, Papandréou était apparu devant les députés comme un homme brisé.

Mais il a retrouvé dimanche toute son énergie pour contraindre son rival de la Nouvelle Démocratie, Antonis Samara, d'accepter un gouvernement de coalition pour tenter de sauver le pays. Accord conclu dans la soirée.

C'est, après son homologue Espagnol, José Luis Rodríguez Zapatero, un nouveau chef de gouvernement européen victime de la crise économique et financière. Zapatero a renoncé à briguer un nouveau mandat et veut, lui aussi, quitter la scène politique a l'issue des législatives du 20 octobre. En avril dernier, déjà, le Portugais José Socrates avait été contraint d'abandonner le pouvoir après une lourde défaite électorale.

Trois socialistes, mais un autre chef de gouvernement, Silvio Berlusconi, conservateur celui là, pourrait, à son tour, et ceci dés mardi prochain, être contraint d'abandonner le pouvoir malgré sa ténacité pour s'y maintenir.

Les prochains sur la liste? Dans l'ordre chronologique des échéances électorales: Nicolas Sarkozy et Angela Merkel. A moins que d'ici là, le président et la chancelière arrivent soudainement  à remonter dans les sondages après avoir atteint le fond de la piscine. Comme on le veut le poncif, rien n'est jamais impossible en politique…




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