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Les socialistes dénoncent le « programme occulte » des conservateurs

mardi, 8 novembre, 2011 - 17:08

La corruption et les Indignés, grands oubliés du seul débat de la campagne législative, centré sur l'emploi. L'Espagne pourrait retomber en récession à la fin de l'année.

Point de suspense pour ces élections législatives espagnoles, qui seront célébrées le 20 novembre, en avance sur le calendrier initial. Les enquêtes d'opinion donnent une avance de 15 points au Parti Populaire (PP, conservateur) rendant plus qu’improbable une victoire des socialistes du PSOE.

Hier soir, devant les 12 millions de téléspectateurs du débat télévisé avec le candidat conservateur Mariano Rajoy, le socialiste Alfredo Pérez Rubalcaba semblait avoir intégré cette idée et s’est adressé à son adversaire comme au futur chef du Gouvernement. "J'aimerais savoir ce que vous allez faire avec la TVA…", "Vous allez modifier le système des retraites…".

Pendant la première partie du débat, centrée sur l’économie, Rubalcaba ressemblait davantage à un journaliste cherchant à délier la langue de bois de son interlocuteur qu’à un candidat censé convaincre les électeurs indécis. C’était pourtant là toute la tactique de Rubalcaba: limiter la casse en convaincant les abstentionnistes d’aller voter.

"Programme occulte"

Le moyen: forcer Rajoy à détailler son programme consensuel et vague, et à révéler le fameux "programme occulte" de son parti, que le PSOE dénonce depuis plusieurs semaines. Rubalcaba a tenté de pousser Rajoy à annoncer clairement les mesures d’austérité et la politique libérale censées former le socle idéologique de son parti.

En vain. Rajoy a tenu bon, maintenant le cap de son propre objectif: ne pas faire peur. La stratégie socialiste s’est révélée inefficace puisque l’immense majorité des médias espagnols ont désigné Rajoy vainqueur d’une courte tête du seul débat de la campagne.

L’Emploi a tenu le haut du pavé dans la discussion des deux candidats. Et pour cause, avec 5 millions de chômeurs, c’est le principal sujet de préoccupation des Espagnols d’après les enquêtes du Centre de Recherches Sociologiques (CIS).

Vers la récession

Rajoy mise tout sur le mécontentement des Espagnols à l’égard du Gouvernement socialiste de José Luis Rodriguez Zapatero qui "a détruit 3 millions d’emplois", d’après le leader des conservateurs.

Sa recette: stimuler l’initiative privée. De même, sa principale politique sociale consistera, si on l’en croit, à créer des emplois. Rajoy a ainsi expliqué que la création d’emplois est la meilleure façon de réactiver l’économie et donc de garantir les prestations sociales en alimentant les caisses publiques.

La santé publique (grand sujet au cours de la discussion) se maintient en créant des emplois",

a-t-il asséné.

La formule est simple et efficace. Et surtout, elle place Rubalcaba devant le désastreux bilan en termes d’emplois du Gouvernement socialiste dont il a été membre (ministre de l’intérieur, porte-parole et vice-premier ministre) jusqu’en juillet dernier.

Mais le pari de Rajoy est osé alors qu'il est de plus en plus probable que l'économie espagnole retombe en récession [soit deux trimestres négatifs consécutifs] à la fin de l'année. "L'économie espagnole stagne et la probabilité d'entrer en récession augmente", assure l'institut BBVA Research. Un constat partagé par la Banque d'Espagne qui prévoit également une croissance "nulle" au troisième trimestre 2011, pour lequel les chiffres officiels seront connus le 11 novembre.

Mariage gay contesté par la droite

L'Europe, peu évoquée, a toutefois été le vecteur de la seule "surprise" du débat. Rubalcaba a ainsi annoncé son projet de demander à l'UE le report de deux ans des objectifs de déficit fixés à 3% pour 2013. Nombre d'économistes estiment en effet, comme Rubalcaba, que la limite fixée par l'UE impose des politiques de rigueur propres à étouffer le moindre embryon de croissance.

Parmi les autres sujets abordés, l’avenir du mariage homosexuel a été évoqué assez longuement, Rubalcaba rappelant l’hostilité du PP. Le parti de Mariano Rajoy a en effet déposé un recours en constitutionnalité contre le mariage entre personnes du même sexe rendu possible par une loi de 2005.

Le Tribunal constitutionnel n’a toujours pas rendu son verdict mais d’aucuns craignent que le PP ne revienne sur cette loi une fois au pouvoir. "Nous attendrons de voir ce que dit le Constitutionnel", a déclaré lundi Mariano Rajoy.

La corruption et les Indignés passent à la trappe.

Qu’en un débat de près de deux heures, aucun des candidats n’ait pris le temps d’évoquer la corruption, alors que les deux partis sont aux prises avec des affaires peu reluisantes en la matière, laisse songeur. D’autant que le débat, divisé en trois blocs, en consacrait un à la Démocratie. Un thème par ailleurs propice à l’évocation du vaste mouvement des Indignés qui, depuis le 15 mai, s’est érigé en courant majeur de la contestation sociale en Espagne.

Les candidats ont préféré aborder d’autres sujets, comme l’égalité hommes femmes, sujet nettement plus consensuel, sur lequel, une fois n’est pas coutume, ils se montrés d’accord.




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