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Loukas Papadimos, un père la rigueur à la tête de la Grèce

jeudi, 10 novembre, 2011 - 17:05

Loukas Papadimos, le nouveau premier ministre grec, est un technocrate et un économiste grand spécialiste de la rigueur. Les familles régnantes sur la vie politique grecque depuis des lustres ont finalement accepté de passer le témoin à ce quasi-inconnu qui a la confiance des marchés. Mais aura-t-il celle du peuple grec?

Qui est Loukas Papadimos, ce premier ministre grec d’un nouveau gouvernement dont la naissance est annoncée ce vendredi au terme d'un accouchement au forceps?

Tout d'abord, ce sexagénaire (il est né en 1947) qui succède au fils de famille Georges Papandréou, n'est issu d’aucune des trois "familles régnantes" sur la vie politique grecque depuis des lustres.

Ce technocrate, beaucoup plus connu à l’étranger qu’en Grèce, est parti faire ses études aux États-Unis. Il est devenu enseignant à l’Université Columbia et conseiller à la Federal Bank de Boston. Il a été successivement président de la banque de Grèce, vice-président de la Banque Centrale Européenne, et dernièrement, professeur d’économie à Havard.. Le corpus de son enseignement: "La solution à la crise : les politiques de rigueur"…

Message subliminal: jeunes, votre avenir est ailleurs

Sans présumer de l’efficacité de son action, ce nouveau premier ministre envoie un message subliminal à la jeunesse grecque, essentiellement composée de chômeurs diplômés, cette génération anciennement dite "génération des 700 euros" et qui maintenant n’a plus d’autre choix que d’émigrer vers des cieux plus cléments, comme l’ont fait leurs grands-parents :

Quittez le pays, allez faire fortune à l’étranger, et revenez avec des lauriers. Voilà la seule issue possible."

Car c’est justement pour ses capacités d’économiste acquises en Europe et aux États-Unis, que Loukas Papadimos a été choisi, après des transactions politiciennes sans fin. L’accord, sous pression de l’Union européenne, entre les deux grands partis, le PASOK de centre gauche et la Nouvelle Démocratie de centre droit, sans oublier (et c’est une première), le LAOS (Alarme Orthodoxe populaire), parti d’extrême droite, exigeait un premier ministre non issu du sérail politique.

Précieuses relations

On attend donc de ce "candide" en politique qu’il mette son expérience et ses précieuses connaissances (il a côtoyé des décennies durant Barroso, Trichet et tous les leaders européens et américains) au service du sauvetage de l’économie du pays. En tout cas, qu’il rassure les créanciers de la Grèce les institutions financières.

Sa tâche est immense.

Il doit mettre en place l’accord européen du 26 octobre dernier, resté en plan depuis l’annonce du feu référendum par Georges Papandréou et qui réduit la dette grecque de 50 %. Mais qui exige en contrepartie la mise en route de la privatisation de la plupart des entreprises publiques (eau, électricité, télécommunications, ports, aéroports, …).

Mais surtout, il lui faut instaurer de nouvelles mesures de rigueur pour une population déjà à bout de souffle. C’est d’ailleurs la question de fond que se posent les commentateurs: Si Loukas Papadimos a la confiance des marchés, aura t-il celle du peuple grec ? Ou dit d’une autre façon par Lambros Kestanis, jeune retraité:

C’est sûrement quelqu’un de sérieux, de compétent. Mais c’est un banquier. Alors, il aura tendance à défendre les intérêts de sa classe, plus que ceux des pauvres gens"

On attend toujours la nomination au complet de ce nouveau gouvernement provisoire (jusqu’aux élections prévues pour le 19 février prochain). Une autre paire de manche… Chaque parti se livre encore et toujours à des batailles de chiffonniers pour placer ses pions. Mais Loukas Papadimos, lui, a exigé un certain nombre de conditions. Peut être que les astres seront favorables ? Ce nouveau gouvernement est annoncé pour le 11/11/11 à 11h GMT. 




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