Italie: l’école dans sa bulle
Condamnés au régime sans sexe par le système éducatif transalpin, les adolescents italiens font leurs classes ailleurs. Au risque de négliger la contraception.
Pas facile d’avoir accès à l’éducation sexuelle pour les jeunes Italiens ! Côté législation, un projet patiente depuis 31 ans dans un tiroir au Parlement. Côté cours, certaines écoles finançaient jusqu’à une période récente des formations en prélevant chaque année quelques euros dans l’enveloppe allouée par l’Etat aux établissements publics. Mais les coupes appliquées par le ministère du Trésor depuis deux ans pour redresser des finances publiques ont eu raison des bonnes intentions des proviseurs. Certes, quelques professeurs de religion ou de sciences naturelles continuent à enseigner les notions de base durant leurs heures de cours.
La Papauté les fait capoter
Mais depuis que le pape Benoit XVI s’est écrié que
l’éducation sexuelle est contraire à la foi",
les profs de religion ont fait marche arrière. Le tout dans un contexte faussement déluré et rigolard, malgré les frasques à répétition de l'ancien Président du Conseil: une polémique éclate à chaque fois qu’un distributeur de préservatifs est installé dans un lycée. Alors les ragazzi et les ragazze n’ont pas beaucoup d'alternatives: demander aux parents, aux copains rodés aux petites amourettes ou à Internet.
Contraception hasardeuse
Selon une enquête récemment publiée par Sigo, la société italienne des gynécologues et des obstétriciens, 64% des lycéens souhaiteraient suivre des cours d’éduction sexuelle à l’école, et 44% voudraient affronter librement le discours en famille autour d’un plat de spaghetti. Toujours en chiffres, les Italiens ont leur "première fois" entre 15 et 18 ans en moyenne. Dans 15% des cas, les adolescentes prennent la pilule et 37% attendent que leur petit ami sorte discrètement un préservatif au dernier moment. Chez les garçons, 61% utilisent les fameuses capotes anglaises, 30% préfèrent le coït interrompu et 11% font confiance à leur bonne étoile… Des chiffres qui laissent penser que quelques cours pratiques ne seraient finalement pas superflus !