Avec pas moins de quatre banquiers à des postes clés dans son gouvernement, Mario Monti, le nouveau chef du gouvernement italien, espère restaurer la confiance des investisseurs dans l'Italie. Il faut bien ça alors que le Trésor italien doit trouver 440 milliards en 2012 pour se renflouer.
Le Vatican applaudit, les syndicats sourient, la classe politique promet de le soutenir, les industriels font publiquement état de leur satisfaction. En somme, tout semble bien aller pour Mario Monti. D’autant que l’économiste a présenté un gouvernement à la hauteur de la situation. Du moins sur le papier. Pas un seul politicien, seulement des technocrates. Une façon pour l’ancien commissaire européen pour la Concurrence de lancer deux messages importants.
D’abord aux marchés puisqu’il a confié deux portefeuilles à un banquier. Puis, à la classe politique dont l’absence au sein du gouvernement, garantit une marge de manœuvre importante à Mario Monti qui ne devra pas subir les pressions des politiciens durant les conseils des ministres.
Banque Sanpaolo et Crédit Agricole
Pour composer son exécutif, l’ancien commissaire européen qui s’occupera du Trésor pour être sur que les engagements souscrits par l’Italie avec Bruxelles, la BCE et le FMI seront respectés, a fait appel aux "Ressources humaines" des banques italiennes. Et notamment sur celles de la première d'entre elles, l’institut Intesa Sanpaolo qui a mis à sa disposition deux membres de sa direction. D’abord son administrateur délégué Corrado Passera qui siège aussi dans le Conseil d’administration du Crédit Agricole, puis, sa vice-présidente, Elsa Fornera.
Diplômé en Business Administration à la Wharton School de Philadelphie, Corrado Passera a dirigé, entre autres, le groupe éditorial Mondadori, les Postes Italiennes et la banque Ambrosiano Veneto. Il chapotera deux ministères, et pas de moindres: celui du developpement et des transports.
La vice-présidente de Banca Intesa Sanpaolo prendra, elle, le timon des Affaires Sociales. Considérée de l’autre coté des Alpes comme la Spécialiste des retraites, l’ancienne élève de l’économiste Onorato Castellino a toujours défendu la cause des retraites complémentaires.
Téléguidé par les marchés
Deux autres ministres proviennent du secteur bancaire. D’abord, Piero Gnudi ancien président de l’Electricien Enel et membre du conseil d’administration d’Unicredit, la deuxième banque italienne, nommé au Tourisme et aux Sports. Puis, Piero Giarda membre du Conseil de surveillance et du Conseil d’administration del Banco Popolare qui vient d’être chargé des Relations avec le Parlement.
Au final, Mario Monti a ainsi fait un sacré clin d’œil aux marchés en formant un exécutif de banquiers. La chose est toutefois normale, l’opération "sauvetage de l’Italie" ayant été préparée et mise en place pour les marchés. A commencer par la chute de Silvio Berlusconi qui a été poussé dans le précipice par ces marchés et les investisseurs. Puis, la nomination de Mario Monti, dont le nom a été susurré à l’oreille du président de la République Giorgio Napolitano par des experts financiers.
200 milliards en avril
Dans ce contexte, la composition du nouveau gouvernement qui va devoir sortir la péninsule de l’ornière, ne pouvait qu’être faite en fonction des marchés qui surveillent l’Italie de près. Reste à voir comment réagiront les investisseurs. Question cruciale alors qu'en avril prochain l’Italie devra commencer à placer pour 200 milliards d'euros d'obligations d'Etat.
Une opération qui ne peut pas échouer car, en cas d’erreur, l’Italie sera, cette fois, bel et bien condamnée à la faillite. Sur l'ensemble de 2012, le Trésor italien doit trouver 440 milliards, vient d'annoncer Maria Cannata, la responsable de la dette publique italienne.