La ville d'Oxford prévoit d'obliger ses taxis à s'équiper de caméras et de micros pour enregistrer les conversations des passagers. Le Royaume-Uni dispose déjà de 3,2 millions de caméras de surveillance sur son sol.
Le Royaume-Uni se veut toujours à la pointe de la surveillance de ses concitoyens. Ainsi, les 652 taxis de la ville d’Oxford devront disposer d’ici à avril 2015 d’au moins une caméra dotée d’un micro, ainsi que d’un bouton d’alerte. Pour les conducteurs qui demanderont leur première licence de taxi, la date est même avancée au 6 avril 2012.
La caméra et le micro fonctionneront tout le temps dès la mise en marche du véhicule,
indique une porte-parole de la municipalité. Seul garde-fou à cette intrusion:
Les officiers de police ne seront pas autorisés à regarder les images qui ne sont pas liées à une enquête, un incident ou une plainte car les lois en place obligent la vision des images à être nécessaire et proportionnées.
Les images seront conservées pendant vingt-huit jours avant d’être effacées.
"Risque d'intrusion acceptable"
Pour le directeur de campagne du groupe de protection des libertés civiles Big Brother, "Big Brother a maintenant de grandes oreilles et il veut écouter vos conversations sans aucune justification". L’association portera plainte au Bureau du commissaire à l’information. Une des porte-parole de cette autorité indépendante estime que ce programme est
hautement intrusif et a peu de chance d’être justifié (..) Les autorités doivent prendre en compte le droit des gens à la vie privée lorsqu’ils décident d’imposer une caméra de surveillance comme condition de licence pour les chauffeurs de taxi.
La porte-parole de la municipalité réfute ce jugement.
La municipalité estime que tant que des inscriptions dans le véhicule informent les passagers que des enregistrements audio et vidéo peuvent avoir lieu, le risque d’intrusion est acceptable comparé aux avantages pour la sécurité publique, des passagers et des conducteurs.
Le Royaume-Uni n’en est pas à son coup d’essai dans le domaine des caméras de surveillance, dont il est le roi incontesté. Aucun pays au monde n’en compte autant sur son sol: 3,2 millions selon une étude réalisée par l’institut IMS Research en 2009. Il existe donc une caméra pour vingt habitants, autre record mondial. Impossible de marcher dans une rue sans être filmé, que ce soit devant une banque, un centre commercial, une station de métro ou un bar.
Drones espions au-dessus de Londres
Ces chiffres rassemblent aussi bien les caméras privées que les caméras mises en place par les autorités locales. Dans cette seule catégorie, les chiffres sont vertigineux: huit municipalités (Londres, Belfast, Edimbourg, Coventry, Wigan, Glasgow, Manchester et Birmingham) ont installé plus de caméras que Paris et la municipalité du quartier londonien de Wandsworth a fait poser à elle seule 1 113 caméras, soit trois fois plus de caméras qu’à Paris et le nombre cumulé des caméras posées à Dublin, Boston, San Francisco et Johannesburg.
La police britannique dispose également d’un train d’avance en termes de technologies. Elle utilise déjà des robots guidés par télécommande qui volent à une hauteur de 50 mètres. Et elle espère manier au plus tard en 2012 des drones espions volants pendant quinze heures à 6 100 mètres d’altitude pour surveiller sa population. Les films de science-fiction Blade Runner ou La Guerre des Étoiles deviennent chaque jour de plus en plus crédibles.