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Good Morning (poor) England

mercredi, 30 novembre, 2011 - 12:44

Même pas dans la zone euro et pourtant la situation économique et sociale du Royaume-Uni est calamiteuse: pouvoir d'achat en berne, explosion des inégalités et de la pauvreté, chômage des jeunes... Ne manque plus à ce tableau digne de Dickens que le retour de Margaret Thatcher. Les 5 chiffres qui dépriment les Britanniques.

Ce mercredi, les Britanniques sont en colère et en grève. Objet de leur courroux ? La réforme des retraites de la fonction publique, coup de grâce dans un contexte économique et social pour le moins austère. Les 5 chiffres qui dépriment les Britanniques.

1. Un jeune sur cinq au chômage, 1,16 million de "Neet"

Les jeunes en marge du système britannique ont un nom: les "Neet", comme "not in education, employment or training". Autrement dit, une population qui a les deux pieds hors des dispositifs d’intégration que sont l’éducation, l’emploi et la formation. La crise a fait grossir leurs rangs: 1,16 million en septembre, soit plus d’un jeune sur cinq (16-24 ans). Une hausse de 13% par rapport à l’année dernière à la même période. 137 000 "Neet" de plus qui font les frais d’un chômage galopant, puisque celui-ci atteint 21,9% chez les jeunes, record absolu. Le nombre de jeunes en quête d'un job a franchi la barre symbolique du million: 1,02 très exactement, à la fin septembre.

2. Une croissance de 0,5 à 1% en 2012

Les chiffres de la croissance pour le troisième trimestre de cette année sont tombés fin novembre. Le PIB britannique n’a crû que de 0,5% point. Pas folichon, mais l’année prochaine devrait être pire. Alors que Georges Osborne, le chancelier de l’échiquier, table sur un accroissement du PIB de 1,7% pour 2012, les économistes mettent en garde: selon eux la croissance ne dépassera pas 1%, et pourrait même tomber sous les 0,5%. La faute en partie à une inflation qui ne cesse d’enfler (+5,2% en 2011) et plombe la consommation des ménages ; et à un recul des exportations (-1% lors du dernier trimestre). Il faut dire que plus de 48% des exportations du Royaume-Uni sont à destination de la zone euro… dont la déprime contamine le secteur économique d’outre-manche: le moral des industriels a baissé en novembre.

3. Inégalités: retour à l’époque Victorienne

Les Britanniques n’ont jamais été aussi inégaux. C’est la conclusion d’une étude publiée mardi 22 novembre par la High Pay Commission, un groupe indépendant de recherche sur les hauts salaires au Royaume-Uni. L’écart entre les riches et les pauvres rapproche le pays d’Elisabeth II des niveaux connus sous le règne de Victoria, dans la seconde moitié du XIXe siècle. Ou, au choix, de "celui de certains pays en développement", souligne la présidente de la High Pay Commission. Le résultat d’une tendance vieille de trente ans. En 1979, les 0,1% des Britanniques les mieux payés percevaient 1,3% des revenus nationaux, ils en captent 6,5% désormais (2007). A ce rythme, ces "super-riches" engrangeront 14% de la richesse du pays en 2035.

4. Loyers: la tuile de trop pour les familles, et 55% des villes inaccessibles

Les Britanniques avec enfants subissent de plein fouet la hausse des loyers. Selon l’association Shelter, qui planche sur la thématique du logement, les familles de la classe moyenne avec revenus ne peuvent plus se payer d’appartement dans plus de la moitié (55%) des villes britanniques. Le loyer représente en effet plus d’un tiers du revenu moyen des foyers. Pour se loger dans la capitale, où un deux-pièces coûte en moyenne 1 500 euros chaque mois, certains doivent donc faire des sacrifices: selon Shelter, plus d’un tiers des familles avec enfants ont coupé dans leur budget alimentation pour demeurer sous leur toit.

5. Au pays des enfants pauvres, la santé avant tout

Leurs parents confrontés à la crise, le quotidien des enfants britanniques prend des accents austères. Une étude menée par Daycare Trust et Save the Children montre que 58% des parents interrogés affirment avoir réduit les dépenses du foyer, en habillement ou en chauffage, afin de recentrer le budget sur le plus élémentaire, la santé. En outre, un quart d’entre-eux déclare s’être endettés pour garder leurs enfants en bonne santé. Une situation que la réforme du système de santé britannique, le NHS (National Heath Service), ne devrait pas améliorer: David Cameron veut "réduire les gaspillages". La politique d’austérité du gouvernement pourrait d’ailleurs plonger 47% des enfants dans la pauvreté relative ou absolue d’ici 10 ans, selon l’Institut d’études fiscales (Institute for Fiscal Studies). A plus court terme, 3,1 millions de bambins vivront dans la pauvreté dès 2013.




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