L’état d’urgence dans les hôpitaux slovaques vient d'être levé. Les 1200 médecins qui avaient démissionné ont obtenu une importante réévaluation de leurs salaires qui atteignait, au mieux, 600 euros pour un jeune médecin. Leurs collègues hongrois menacent, à leur tour, de poser le stéthoscope ou le bistouri.
C'est décidé, Lucia Hippova, jeune médecin slovaque de 27 ans, ne soignera plus ses compatriotes, mais des malades allemands. Interrogée par l'AFP, elle ne fait pas mystère de la seule et unique raison de son expatriation: "c'est l'argent". Les calculs sont simples.
Je gagne approximativement 430 euros. En Allemagne, je vais commencer à 1.800 euros et après trois ans d'exercice, je gagnerai 3.200 euros".
Et à l'heure où la Slovaquie, comme ailleurs en Europe, multiplie les plans d'austérité budgétaire, Lucia ne se faisait pas d'illusion sur les perspectives d'augmentation des rémunérations des médecins hospitaliers.
Pourtant, 1.400 de ses collègues, sur les 7.000 exerçant dans les hôpitaux publics ont, comme elle, démissionné, mais sans avoir l'intention de quitter leur pays. Ils ont rangé leurs stéthoscopes, provoquant "le chaos" dans "les services sans médecins" explique le quotidien de Bratislava, Pravda.
Le gouvernement slovaque de centre-droit démissionnaire a, dans un premier temps, tenté l'épreuve de force en déclarant l'état d'urgence dans les hôpitaux. Mais, acculé, il vient finalement d'arriver à un accord avec les démissionnaires ou en grève, qui demandaient que leur salaire soit équivalent à 1,5 à 3 fois le salaire moyen en Slovaquie, soit entre 1.140 et 2.280 euros.
Ils ont finalement obtenu une promesse d'augmentation progressive, en trois étapes jusqu'en 2013, leur salaire moyen devant alors atteindre alors 1.769 euros.
1.000 euros par mois pour un spécialiste
Par ailleurs, leur temps de travail sera réduit à 48 heures par semaine maximum et le gouvernement s'est engagé à ne pas privatiser les hôpitaux, comme il en avait l'intention. Il est vrai que cette promesse ne lui coûte pas cher, alors que ses jours sont désormais comptés depuis qu'il a été, en octobre, mis en minorité lors d'un vote de confiance sur la participation de la Slovaquie au plan de sauvetage de la Grèce.
Aujourd'hui, le salaire mensuel moyen d’un jeune médecin va de 550 à 600 euros et celui d’un spécialiste expérimenté de 1.000 à 1.200 euros.
Nous avons conclu un accord après de longues et difficiles négociations", s'est félicitée le Premier ministre, Iveta Radicova qui est "convaincue que les docteurs retourneront maintenant auprès de leurs patients.
Pour le président du syndicat Lup-Loz, qui a fédéré le mouvement des praticiens hospitaliers, les médecins devraient, effectivement, reprendre leurs postes.
"Merci, on s'en va"
Les médecins slovaques n'étaient pas les premiers à bloquer les hôpitaux en Europe centrale et ne seront probablement pas les derniers. Toujours pour protester face à la détérioration de leurs conditions de travail à l'hôpital et le niveau de leurs salaires, les médecins tchèques avaient, au début de l'année, menacé de faire collectivement comme Lucia Hippova. Ils étaient 4000, rassemblés au sein du mouvement "Merci, on s'en va". Le gouvernement de Prague avait, lui aussi, accepté une revalorisation des rémunérations.
Et, dés jeudi prochain, 8 décembre, ce sont, à l'appel de leur principal syndicat, les médecins hongrois qui menacent de se mettre en grève pour les mêmes motifs, avec le même argument de poids: sinon on part.