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Les lobbies italiens vent debout contre la rigueur

vendredi, 16 décembre, 2011 - 12:16

Le gouvernement Monti a finalement obtenu la confiance du Parlement pour l'application de son plan de rigueur baptisé "Sauvons l'Italie". Adopté le 4 décembre par le gouvernement, il s'est heurté aux puissants lobbies transalpins, des pharmaciens aux parlementaires eux-mêmes, obligeant "Super Mario" à revoir sa copie.

Propulsé au poste de président du Conseil italien pour organiser le sauvetage de la péninsule et participer ainsi à celui de l’euro, Mario Monti, a obtenu ce vendredi matin, la confiance des députés. Un feu vert de l'Assemblée pour mettre en œuvre un nouveau plan d'austérité de 20 milliards d'euros d'ici à 2014 et des mesures de relance de plus de 10 milliards.

Encore faut-il que l'ancien Commissaire européen à la concurrence impose ses réformes aux puissants lobbies, vent debout dès que leurs intérêts corporatistes sont remis en cause. Mario Monti, qui n'est pas blanchi sous le harnais de politique clientéliste italienne, a dû apprendre en quelques semaines à composer avec la réalité des corporations transalpines. Elles l’ont déjà obligé à revoir sa copie.

Pharmacies en grève

La "manovra" de Mario Monti, comme l’appellent les Italiens, prévoit ainsi l’ouverture des pharmacies à la concurrence pour favoriser la relance de l’emploi. Trois mesures avaient été adoptées par le conseil des ministres:

  • La libéralisation de la vente des médicaments non remboursés par la sécurité sociale
  • La révision des règles sur l’ouverture de nouvelles pharmacies 
  • La libéralisation de leurs horaires d'ouverture.

Selon les calculs du ministère de la Santé, les médicaments sans prescription déjà vendus en grande surface et dans les parapharmacies, depuis la libéralisation introduite par le gouvernement de Romano Prodi en 2006, représentent un chiffre d’affaires annuel de 2,2 milliards d’euros. Avec le dispositif Monti, le marché des produits vendus en dehors du circuit traditionnel passerait à 5,3 milliards d’euros, soit 27,8% du marché pharmaceutique. Pour éviter les dérapages, l’exécutif prévoit l’application de sanctions contre les laboratoires pharmaceutiques les distributeurs qui adopteront des pratiques commerciales pouvant pénaliser les parapharmacies et les grandes surfaces.

Des mesures inacceptables pour les fédérations et les syndicats de pharmaciens qui, après avoir menacé de faire grève, ont obtenu le retrait, dans l'immédiat, du projet. Mais, de leur coté, les parapharmacies ont littéralement inondé la présidence du Conseil italien de fax et de courriels en demandant à Mario Monti "de ne pas céder aux pressions des corporations".

Chers retraités

Autre dossier brûlant: la réforme des retraites accompagnée du gel des indexations sur l’inflation à partir de 2012. Après avoir organisé une grève générale de trois heures lundi dernier et programmé plusieurs mouvements perlés d’ici Noël, les syndicats attendaient la réponse du gouvernement. Qui vient d’arriver sous la forme d’un amendement. Les pensions de 1.400 euros seront indexées à 100% en 2012. Pour 2013, la réévaluation automatique sera appliquée sur les retraites jusqu’à deux fois le minimum, soit 935 euros.

Le ministre Elsa Fornero, qui avait éclaté en larmes en annonçant sa réforme, a par ailleurs évoqué la possibilité d’un "impôt de solidarité sur les retraites de 200.000 euros à hauteur de 25% pour appliquer un critère d’équité entre les générations".

La "caste" parlementaire veut s'épargner

En ce qui concerne la corporation la plus importante, celle des parlementaires ("la caste" disent les Italiens), l’appel lancé par Mario Monti qui demandait aux élus de participer à l’effort collectif en baissant leur salaire a été modérément apprécié. 

En l’état actuel, un parlementaire italien touche 11.703 euros brut par mois auxquels s'ajoutent 3.500 euros a titre d'indemnités journalières, 1.331 euros de frais de déplacement, 258 euros de frais de téléphone. Plus, cerise sur le gâteau, 3.690 euros pour leurs relations avec l'électorat. La volonté du gouvernement était d’aligner les salaires des députés sur la moyenne européenne. Trop peu pour les élus qui, pour gagner du temps, ont mis en avant le fait que seul le Parlement peut réduire les salaires de ses membres. La décision est repoussée en janvier.

Confiance obligée 

Reste aussi la réintroduction de l’impôt sur la première propriété qui pourrait être "allégé" selon un amendement proposé par le gouvernement. Et les salaires des conseillers des circonscriptions qui devaient être éliminés.

Heureusement pour Mario Monti, le vote de confiance pour le gouvernement a été remporté par une majorité écrasante de 495 contre 88 parlementaires. Les opposants sont issus essentiellement du parti populiste de la Ligue du nord et du parti Italie des valeurs (gauche).

Les Italiens espèrent maintenant que les marchés ne leur tiendront pas rigueur de ce contretemps qui aurait pu coûter très cher à leur pays. L'adoption du plan, dès ce soir, devrait jouer en leur faveur.  




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