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Les Portugais ne sont pas à la fête pour Noël

mardi, 20 décembre, 2011 - 14:03

Les Portugais sont au régime sec pour Noël. Les plans de rigueur successifs ont laminé leur pouvoir d'achat amplifiant la récession. 

Il y a des chiffres qui ne trompent pas: 93 % des Portugais ne prendront pas de vacances à Noël ou au Jour de l'an, selon un sondage. Le 25 décembre et le 1er janvier étant des dimanches, on se contentera, au mieux, d’un aller-retour rapide dans le petit coin de campagne où vivent, le plus souvent, parents et grands-parents, "na Nossa terra", chez eux. Les Portugais ont pourtant l'habitude de prendre quelques jours de congés à Noël. Mais c'était avant l'effondrement économique. Ce sondage ne laisse aucun doute sur les raisons de cette immobilité forcée: la crise et l’austérité.

Cette austérité, c'est, notamment et très concrètement, l’impôt exceptionnel levé sur la "prime de Noël". Elle ampute sérieusement leur budget. Le gouvernement a décidé de prélever 50% du 13ème mois versé normalement avec le salaire de novembre. Et même si cet impôt se calcule déduction faite du salaire minimum, soit 485 euros, le manque à gagner, notamment pour les classes moyennes, est important.

Pas d'extras, mais des jouets

C’est traditionnellement à cette période de l’année, festive et agrémentée de la prime, que les ménages font les gros achats, réfrigérateur ou poste de télévision, par exemple. La prime sert aussi et à rembourser les dettes, payer l’assurance voiture ou éponger les crédits. Une fois mis les comptes à plat, il ne restera pas grand-chose pour les extras.

Je vais devoir faire attention. Mais il n’est pas question de pénaliser les enfants. Ils auront leurs jouets, et on limitera les petits cadeaux entre adultes qui finissent par couter cher"

explique Susana Teodor, conceptrice dans une société de webdesign près de Lisbonne. 

Ainsi, seul "ToysRus", la grande surface du jouet, a embauché du personnel supplémentaire pour les fêtes.

Le pire Noël depuis longtemps

Ce Noël est celui de la crise, la vraie, l’austère, celle vécue au quotidien, avec les portes-monnaies raplapla.Ces trois derniers mois l'économie s'est rétractée de 3 à 4 % par rapport au dernier trimestre de l’an dernier. Les chiffres définitifs ne sont pas encore connus, mais un signal ne trompe guère: pour la première fois depuis au moins dix ans, la consommation alimentaire a diminué, et des supermarchés spécialisés dans l'alimentation ont mis la clef sous la porte.

La consommation des familles représente 60% de l’économie portugaise: moins dépenser contribue donc largement à la récession.

En attendant de trouver une issue à ce cercle vicieux de la crise, les Portugais préparent Noël le nez sur les étiquettes. Du bon pas cher, et de l’utile. Les commerçants ont beau casser les prix, proposer de fabuleuses réductions, rien n'y fait: on ne se bouscule pas dans les boutiques.

"Achetez Portugais!"

Les incitations à la consommation "made in France" du président Sarkozy ont largement été devancées au Portugal, ou le leitmotiv est "consommer Luso pour soutenir l’activité économique et réduire la dette".

Cet appel à la consommation patriotique a fait le succès du marché de Noël installé dans l’arène du Campo Pequeno, au centre de Lisbonne: les organisateurs ont voulu reproduire les marchés d’autrefois, en réunissant des fabricants locaux, des artisans et des artistes. En deux jours, ces arènes gourmandes et festives ont attiré 20 000 visiteurs.

Sur facebook, les messages se multiplient: achetez made-in Portugal ! Les journaux s’y mettent en publiant des articles sur les produits portugais.

Et malgré la dureté des temps, l’humour reste de la partie. Une affiche aux arrêts de bus et sur les murs des grandes villes portugaises reproduit une carte de vœux à l'attention d'Angela Merkel ou Nicolas Sarkozy. Ils tiennent une bouteille de liqueur Beirão à la main. 

Chère Angela, cher Nicolas, le Portugal offre ce qu’il a de meilleur. Bonnes fêtes".

Un message "spiritueux" adressé à Merkozy et à la troïka de l’aide internationale. Nul ne sait l’impact de ce clin d’œil très appuyé sur les ventes de la liqueur "made in Portugal", mais sur le moral des Lusitaniens, il est excellent.

Feliz natal !




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