Les députés italiens ont finalement refusé d’autoriser l’arrestation du député berlusconien Nicola Cosentino, accusé par le parquet napolitain d’être le relais politique d’un clan mafioso. Silvio Berlusconi sauve, cette fois, son parti.
Ex-membre du gouvernement Berlusconi, le député Nicola Cosentino n'ira finalement pas directement en prison à sa sortie du Parlement. Ses pairs ont rejeté la levée de son immunité parlementaire et son arrestation pour collusion avec la mafia.
Le dossier contre le député très proche du Cavaliere était pourtant épais comme l’ancien Testament. Mais la politique a ses règles, notamment pour la droite berlusconienne en pleine déconfiture depuis la chute de Silvio Berlusconi. Dans ce contexte, l’arrestation de Nicola Cosentino, grosse pointure du Pdl (Le Peuple de la liberté) aurait eu des retombées pour le moins fâcheuses sur l’ensemble du parti.
A la veille du vote, l’ancien sous-secrétaire d’Etat à l’économie du cabinet Berlusconi avait d’ailleurs mordu ses collègues de parti au mollet:
Si je vais en prison, ce sera en qualité de coordinateur régional du parti".
L’avertissement était clair.
Pour éviter un nouveau scandale, le Cavaliere a multiplié les pressions sur les députés. Notamment sur ceux de la Ligue du Nord qui avaient promis, il y a deux jours, d’expédier le député en prison. L'ex-chef du gouvernement milliardaire aurait fait, comme toujours en cas de coup dur, quelques cadeaux par ci par là pour vaincre les réticences, laisse-t-on entendre dans les couloirs de l'Assemblée.
Facteur du parrain "Sandokan"
Déjà placé en garde à vue en 2009 dans le cadre d’une enquête sur le clan napolitain des Catalesi, l’ex sous-secrétaire d’Etat risquait gros. Selon les magistrats, Nicola Cosentino aurait fait pression sur la banque Unicrédit pour qu’elle accorde un prêt aux Catalesi afin d’ouvrir un centre commercial à Naples, ville dont il est l'élu.
En demandant son arrestation en juillet dernier, les magistrats napolitains avaient justifié leur demande d'arrestation en s'appuyant sur les déclarations concordantes faites en 2009 par plusieurs repentis gravitant dans l’univers du clan.
Des déclarations savoureuses affirmant que Nicola Cosentino servait de facteur au parrain Francesco Schiavone, rebaptisé "Sandokan" en raison d'une vague ressemblance avec l'acteur indien Kabir Bedi.
Né dans une famille d'entrepreneurs richissimes spécialisés dans l'énergie électrique et le carburant, Cosentino, surnommé aussi "O Americano", contrôlerait le consortium en charge de la gestion des déchets sur lequel la Camorra a fait main basse.
Associé à la famille de "Sandokan", il a ainsi participé aux appels d'offres pour la construction de nouveaux incinérateurs dans la région. Mieux : chaque mois, la Camorra lui aurait versé 50 000 € afin qu'il couvre la destruction de déchets toxiques dont elle avait récupéré le marché.
Rien ne va plus
Avant Nicola Cosentino, un autre député berlusconien n'avait, lui, pas été sauvé par ses pairs. L’arrestation en juillet dernier du député et ancien magistrat Alfonso Papa reconverti dans la politique, avait crée un début de fissure dans le parti berlusconien. Cet épisode toutefois n’avait pas la même valeur politique, Alfonso Papa ne jouant pas un rôle important au sein de la direction du Pdl contrairement à Nicola Cosentino.
Cette fois, son arrestation aurait été, sinon le coup de grâce, du moins un revers majeur pour le parti du peuple de la Liberté qui vivote depuis la chute de Silvio Berlusconi en novembre dernier. Les dissensions entre députés, le silence du Cavaliere et la fin de l’alliance inconditionnelle avec la Ligue du Nord, ont considérablement affaibli un parti qui tente de survivre.
Le nouveau secrétaire national du Parti du peuple de la Liberté Angelino Alfano n’a ni le charisme ni la verve du Cavaliere. Dans ce contexte, l’arrestation de Nicola Cosentino aurait été la goutte d'eau de trop. Reste qu’en sauvant la tête de son député, l’ancien chef du gouvernement italien est encore passé auprès des Italiens pour un homme qui empêche que la justice soit rendue.