La recherche scientifique, notamment médicale, est mise à la diète budgétaire par le nouveau gouvernement espagnol. Pour faire face, la mère de Paula, diabétique, collecte des fonds pour sauver des postes de chercheurs. Silvia, hier licenciée, est ainsi de retour dans son labo.
Paula a 14 ans. Elle est diabétique. Elle compte sur la recherche scientifique pour, un jour peut-être, guérir ou, au moins, vivre mieux. De son côté, la recherche semble désormais compter sur elle. Ou plutôt, sur sa mère, Cristina Ponce.
Cristina a commencé en avril dernier à collecter des fonds en vendant des t-shirts et en organisant des goûters dans le but d’augmenter les fonds dédiés à la recherche sur le type de diabète dont est atteinte sa fille.
Elle comptait les remettre au Centre de Recherche Prince Felipe (CIPF), l’un des laboratoires les plus importants d’Espagne. Elle ne se doutait toutefois pas que le "Proyecto Paula" (Projet Paula) rapporterait 7.700 euros, permettant ainsi à la chercheuse Silvia Sanz de récupérer son poste au sein du département consacré au diabète du CIPF.
Licenciements drastiques
La chercheuse avait, en effet, perdu son emploi en novembre dernier lorsqu’à la suite d’un plan social, le centre avait licencié 113 de ses 224 employés. Le CIPF fonctionne principalement grâce au financement public de la région de Valence. Or l’état des comptes de cette dernière est calamiteux. La région est la plus endettée d’Espagne avec un ratio de 19,9% du PIB. Par ailleurs, elle souffre de graves problèmes de liquidité. L’agence de notation Moody’s vient de baisser sa note à Ba3.
Dans ce contexte, les apports publics au centre Principe Felipe ont fortement baissé, provoquant la nécessité de réduire les coûts et le personnel.
L’argent de Cristina Ponce ne suffira pas à offrir à Silvia Sanz un poste pérenne. Il durera tout au plus quatre mois. Il faudrait 25.000 euros de plus pour qu’elle reste un an à son poste.
C’est un premier pas et tant que les gens m’appuieront je continuerai car l’objectif final est de guérir le diabète. L’objectif du 'Projet Paula' est faire prendre conscience à la société qu’il est très important d’investir dans la science, surtout le Gouvernement. Et que le Gouvernement de Valence recrée la Valence d’autrefois, celle des arts et des sciences",
a expliqué la mère de Paula sur la radio nationale espagnole.
Un déficit régional deux fois supérieur à celui autorisé
C’est bien là que le bât blesse. En effet, il est peu probable que le Gouvernement de Valence augmente le budget alloué à la recherche médicale compte tenu, non seulement de l’état de ses finances, mais aussi du fait que le Gouvernement central veut obliger les régions à observer une stricte austérité budgétaire.
Avec un déficit deux fois supérieur à celui qui leur était permis en 2011 (2,67% de déficit au lieu de 1,3%), les communautés autonomes sont les principales responsables du déséquilibre des comptes nationaux. Si bien que le premier ministre fraîchement en place, Mariano Rajoy, attend d’elles des réductions drastiques des dépenses, l’objectif étant de passer de 8% de déficit en 2011 à 4,4% en 2012, comme promis à l’UE. Le ministre du Trésor, Cristobal Montoro, a prévenu que des sanctions seraient imposées aux régions récalcitrantes. Qu’elles se le tiennent pour dit.
La recherche passe à la trappe
Les régions pourront s’inspirer de l’exemple de l’Etat central qui a notamment décidé de réduire de 600 millions d’euros les subventions à la recherche et au développement. Une décision fortement critiquée par la communauté scientifique.
On a peine à comprendre la logique de cette baisse des dépenses alors que l’Espagne cherche à renouveler un modèle économique dépendant de l’immobilier et de la construction. D'autant plus que, dans le même temps, la déduction fiscale à l’achat du premier logement est maintenue…
En attendant, ce sont des initiatives comme celles de la mère de Paula, et non l'argent public, qui financent les progrès de la recherche espagnole.