Syndicate content

Concordia: l’Italie s’inquiète d’un « désastre écologique »

lundi, 16 janvier, 2012 - 15:18

Le ministère italien de l’Environnement reconnait que le gasoil contenu dans les cuves du Costa Concordia, échoué aux bords d'une réserve naturelle, pourrait provoquer un "désastre écologique". 

Depuis le naufrage du Costa Concordia, échoué sur les rochers à une centaine de mètres de la rive de l’Ile du Giglio samedi soir, les Italiens redoutent des fuites de carburant. Quelques 2.400 tonnes de gasoil sont encore emprisonnées dans les réservoirs de l’épave, une quantité importante à l'échelle de l'archipel toscan (Elbe, Giglio, Capraia, Montecristo, Pianosa, Giannutri, Gorgone), qui forme depuis 1996 le plus grand parc marin protégé d'Europe.

Du coup, les experts ont sollicité le ministère de l’Environnement pour qu’il dépêche au plus tôt ses équipes spécialisées sur place afin de récupérer le carburant.

Nous devons intervenir au plus vite pour éviter un désastre écologique (…). Le navire a des réservoirs pleins de carburant, c'est un gasoil dense, lourd, qui pourrait sédimenter dans les fonds, ce serait un désastre"

a déclaré lundi le ministre de l’Environnement Corrado Clini.

Le carburant "pourrait se disperser en mer, contaminant une côte exceptionnelle avec les effets connus dans un cas pareil, sur la faune marine et les oiseaux", poursuit le ministre dans une interview au quotidien La Stampa.

Nous avons une bombe écologique à l'intérieur du navire"

a surenchéri Sergio Ortelli, le maire de la petite île toscane où s'est échoué vendredi soir le luxueux et gigantesque navire de croisière. "D'après les premières constatations, le navire semble assez stable, il n'y aucune fuite, tout est sous contrôle pour l'instant", a toutefois ajouté le maire.

Début des opérations de pompage

Dès dimanche soir, une barrière mouvante a été installée autour du navire. Une équipe d’experts composée de gardes-côtes et de spécialistes du département écologie maritime de la Marine est déjà sur place pour évaluer la situation. Pour sa part, l’agence régionale pour la protection environnementale de la Toscane a dépêché l’un de ses bateaux océanographes sur les lieux du drame pour contrôler la zone.

Ses experts devront prélever des échantillons d’eau et de terre avant, pendant et après les opérations de pompage du gasoil. L’objectif est d’évaluer, ponctuellement, les conditions environnementales de la région.

Pour récupérer le carburant, les Italiens ont fait appel à la société néerlandaise Smit spécialisée dans ce type d’opérations. Depuis ce matin d’ailleurs, une équipe de techniciens et d’ingénieurs néerlandais a déjà commencé à pomper le gasoil. Les opérations devraient durer une quinzaine de jours au total.

Le navire qui pèse 114.500 tonnes et mesure 293 mètres, devra être remis en position verticale. Des piliers seront plantés en mer de l’autre coté du bateau pour l’empêcher de pencher. Des harnais soutiendront l’épave qui sera soulevée à l’aide de caissons mobiles,

ont expliqué les ingénieurs néerlandais.

Il faudra ensuite redresser le navire et le maintenir à flot avant de remorquer l'épave du Costa Concordia vers un chantier. En cas d’échec de la manoeuvre, le luxueux bâteau devra être démantelé sur place, une opération longue et compliquée vu le poids et les dimensions du Costa Concordia.

Fonds d'urgence écologique

Tandis que les experts s’affairent autour de l’épave, les autorités s’interrogent car le naufrage et le risque d’une remise en question de l’équilibre environnemental en cas de fuite de gazole ont relancé le débat sur la protection des côtes.

Du coup, le ministre de l’Environnement a proposé la mise en place d’une contribution de solidarité sur le transport maritime de pétrole, soit 125 millions de tonnes par an. La constitution d’un fonds spécial devrait permettre, selon Corrado Clini, de dégager des ressources en cas d’urgence – c'est-à-dire de désastre environnemental – pour protéger la mer et les côtes.

Un plan de prévention et de l’introduction de nouvelles règles pour limiter la route des bateaux dans des zones "délicates d’un point de vue environnemental" devrait également être mis en oeuvre.




Pays