Angela Merkel et Nicolas Sarkozy s’apprêteraient à soutenir en commun la mise en place d’une taxe Tobin lors du sommet européen du 30 janvier, d’après le Süddeutsche Zeitung.
Elle y était jusqu’alors favorable "à titre personnel", elle semble désormais décidée à l’adopter coûte que coûte. Bloquée par son allié de coalition, le parti libéral FDP, farouche adversaire d’une taxe sur les transactions financières, la Chancelière allemande se serait décidée à passer outre. C’est ce qu’affirme le quotidien bavarois Süddeutsche Zeitung, qui s’est procuré le projet de déclaration commune.
Le solo du président français, déterminé à instaurer une taxe au niveau national, "pour donner l’exemple", et dénoncé par la plupart de ses partenaires européens pour son manque de concertation, a peut-être eu le mérite de pousser Angela Merkel à avancer sur le dossier, faisant fi des mises en garde de son encombrant ministre de l’Economie, le libéral Philipp Rössler. Ce dernier est frontalement opposé à une telle taxe tant que Londres se refuserait à l'imposer. La City étant la première place financière concurrente de Francfort.
La position du couple franco-allemand reprend la proposition de la Commission européenne, laquelle suggère l’adoption d’une taxe au niveau de la zone euro, après le fiasco du dernier sommet européen et la fin de non-recevoir du premier ministre anglais David Cameron.
"Monstre du Loch Ness"
Le président du conseil Italien Mario Monti, pourrait également apporter son soutien à une telle initiative. En effet, lors d’une conférence de presse commune avec la chancelière allemande, le 11 janvier, il s’était déclaré favorable à une telle solution, si celle-ci était portée par la France et l’Allemagne.
Le "Monstre du Loch Ness", image employée à l’occasion par Mario Monti au sujet la taxe Tobin, tant son évocation apparait et disparait au gré de la conjoncture, pourrait donc voir le jour très prochainement en Europe.
Si tel était le cas, il s’agirait d’une victoire pour le couple franco-allemand. En effet, l’idée d’une taxe sur les transactions financières est évoquée par le président français depuis bientôt quatre ans et le scandale des subprimes aux Etats-Unis.
Régulièrement mise sur le devant de la scène par le duo franco-allemand, elle a encore été repoussée lors du dernier G20 de Cannes en novembre dernier, les Etats-Unis, la Chine et l’Angleterre s’y étaient à nouveau opposés. Au sein de la zone Euro, l’Irlande voit encore d’un mauvais œil un tel dispositif. Mais Dublin, qui a bénéficié des plans de sauvetage européens, dispose toutefois d’un pouvoir de négociation restreint.
L’idée sous-jacente de la Taxe Tobin est de faire participer au désendettement public un secteur bancaire, responsable pour une bonne partie de la crise des dettes souveraine. Ceci tout en limitant la spéculation sur les marchés.
Alors qu’une taxation à un taux très faible (0,01%) ne saurait entraver les échanges classiques de l’économie réelle, elle permettrait de limiter la spéculation, notamment le Trading à Haute Fréquence, par lesquels des opérateurs de marchés virtuels (en fait des algorithmes) peuvent passer des ordres d’achat et de vente à la nanoseconde, ce qui exacerbe la volatilité des marchés.
Mesures de relance
Dans cette déclaration commune, Paris et Berlin mentionneraient, par ailleurs, six axes "de travail" pour relancer l’économie européenne, notamment sur les questions de l’emploi, de la croissance et de la compétitivité :
- Concernant l’emploi, le document proposerait de contraindre les agences pour l’emploi de proposer à chaque chômeur une offre d’emploi, un apprentissage ou une formation dans un laps de temps prédéfini, sans que celui-ci ne soit mentionné. Il serait également demandé aux agences situées dans les zones frontalières de proposer des emplois situés à proximité dans le pays voisin.
- Au sujet de la compétitivité, Paris et Berlin souhaiteraient réduire les coûts du travail dans les pays non-concurrentiels et faciliter l’accès au crédit des petites et moyennes entreprises.
- Pour celles-ci, le document prévoit, notamment, d’assouplir les contraintes de garanties imposées par les banques et de réduire les procédures administratives, particulièrement en matière de comptabilité. Des simplifications sont également attendues dans les procédures auprès des administrations publiques.
- Pour soutenir les pays ayant mis en place des plans d’austérité, Paris et Berlin avancent également l’idée d’un "Fonds pour la Croissance et la Compétitivité". Sans pour autant préciser d’où proviendraient les ressources qui lui seraient allouées…