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Quand Merkel fait sombrer le Costa Concordia…et l’Italie

vendredi, 20 janvier, 2012 - 17:27

Le commandant du Costa Concordia est l’homme le plus haï d'Italie. Il fait le bonheur des caricaturistes et des vendeurs de tee-shirts siglés Vada a bordo, cazzo!. Interpellation désormais culte reprise à l'attention d'Angela Merkel, accusée d'avoir fait, elle, sombrer le navire Italie.

Mardi soir, le comique Crozza s’est lancé sur Rai3, la troisième chaine du service public, dans une parodie du commandant déchu. Sur les réseaux sociaux comme Facebook et Youtube, les internautes ont droit, depuis quatre jours, à des chansons ironisant sur les propos tenus par Francesco Schettino durant un échange téléphonique avec la capitainerie du port de Livourne après avoir lamentablement éventré son paquebot de luxe.

Message subliminal

Planqué sur son rocher, le commandant affirmait être resté seul maitre à bord: "non non, je suis bien là, je coordonne les secours". Sans parler de l’ordre intimé par le commandant de la capitainerie "vada a bordo, cazzo!" (remonte à bord, bordel!) utilisé à tout bout de champs par les Italiens depuis la publication de cette conversation téléphonique dans la presse transalpine. Un tee-shirt avec cette expression désormais consacrée est également en vente depuis mercredi dernier au prix de 12,90 euros sur le site i Lipsia design.

Accusés de vouloir tirer profit d’une situation dramatique, les créateurs se défendent:

Nous n’allons pas nous enrichir avec un tee-shirt à 13 euros ! Visiblement tout le monde n’a pas compris le message subliminal que nous avons voulu faire passer, c'est-à-dire le fait que cette phrase symbolise l’attitude des Italiens qui refusent de plier devant les difficultés",

argumente Stefano Ramponi, propriétaire de l’entreprise en ligne Lipsia Soft.

"Nicht, l’Italie peut se débrouiller toute seule"

Tandis que les créateurs impriment en catastrophe des lots supplémentaires de tee-shirt pour répondre aux centaines de commandes qui affluent, que les insultes volent sur Facebook entre supporteurs et détracteurs de Francesco Schettino, la presse s’empare à son tour de la petite phrase.

Du moins, celle proche de Silvio Berlusconi comme le quotidien Libero qui n’a pas encore digéré les pressions soi-disant exercées en novembre dernier par la chancelière allemande sur le président de la République italienne. Selon plusieurs quotidiens italiens, Angela Merkel aurait demandé à Giorgio Napolitano de licencier le Cavaliere au plus vite au nom de l’euro et de l’Europe.

Libero a publié en première page un dessin satyrique [ci-dessus. Voir note explicative en bas de page] accompagnée d’un article reprenant les propos tenus mardi par Mario Monti durant une interview accordée au Financial Times à la veille de son voyage à Londres. Au cours de cet entretien, le président du Conseil italien avait demandé à "l’Allemagne et aux autres pays créditeurs de l’Italie d’aider un peu plus la péninsule à réduire les coûts de refinancement de la dette ".

La réponse de la chancelière n’avait pas trainé. "Nicht, l’Italie peut se débrouiller toute seule". Inacceptable pour le quotidien qui part du principe que le refus d’Angela Merkel pénalise toute la zone euro en entrainant l’Italie vers l'abîme.


(*) Francesco Schettino est remplacé par le carricaturiste par Angela Merkel. La chancelière est dans une chaloupe aux couleurs de l’Allemagne et pagaye de toutes ses forces pour s’éloigner du navire baptisé "Europe de la discorde" en train de couler.


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