Face à la levée de boucliers des pharmaciens et les chauffeurs de taxi opposées la libéralisation de leurs métiers, Mario Monti a lâché du lest. Un nouveau bras de fer l'attend avec, cette fois, les notaires, avocats et architectes.
Du coté des chauffeurs, la protestation a pris une tournure parfois violente notamment durant la manifestation organisée mardi dernier par les "tassisti" devant le siège de la Présidence du Conseil, le magnifique palais Chigi situé en plein centre-ville. Les titulaires des officines avaient pour leur part, programmé une journée "pharmacies mortes" pour la fin janvier.
Initialement, le gouvernement voulait autoriser la vente des médicaments sans vignette mais avec prescription dans les grandes surfaces et les parapharmacies. Un véritable coup de massue pour les titulaires des officines, ce type de produit représentant un tiers du marché des ventes, soit un chiffre d’affaires annuel équivalent à 3,1 milliards d’euros.
Cette proposition a finalement été retirée du dispositif adopté vendredi en fin d’après-midi. En revanche, le point concernant l’ouverture de 7700 nouvelles officines avec à la clef, la création de quelques 30.000 emplois a été maintenu.
Les Taxis regrettent Berlusconi
Du coté des chauffeurs de taxi, là encore, le gouvernement a revu sa copie. Comme prévu, ils pourront acheter de nouvelles licences d’exploitation. Elles ne seront cependant pas, comme envisagé, mises aux enchères par les municipalités, mais vendues par l’autorité de régulation des transports.
Ces licences d’exploitation pourront être revendues ou louées, ce qui permettra aux chauffeurs par exemple, de partager leur voiture avec un deuxième conducteur. L’objectif est de garantir ainsi un service aux usagers sans interruption. Mais comme prévu, les chauffeurs pourront aussi exercer leur profession dans une autre ville. Un taxi napolitain pourra ainsi prendre des clients dans les rues de Rome.
Vendredi soir, les chauffeurs ont interrompu la grève entamée il y a une semaine, tout en annonçant toutefois qu’ils feront la grève comme prévu le 23 janvier prochain pour obliger le parlement qui doit approuver le décret loi, à modifier le dispositif.
Aides aux PME
En revanche, concernant l’abolition de la grille des tarifs appliqués par les professions libérales (plus de minimum et plus de maximum), le projet est maintenu. Ce dispositif élargit la concurrence dans la mesure où les usagers pourront choisir leur interlocuteur en fonction du prix qui leur sera proposé.
Lundi et mardi, les avocats seront en grève pour protester contre ce dispositif. Les notaires et les architectes se préparent aussi à croiser les bras.
Par ailleurs, pour relancer les moteurs d’une économie en panne en favorisant la création de nouvelles PME, la grande spécialité italienne, le gouvernement italien a introduit un nouveau type de société à responsabilité limitée. Les nouveaux petits patrons ne devront plus passer sous les fourches caudines des notaires pour enregistrer leurs sociétés ce qui leur permettra d’économiser plusieurs milliers d’euros. Leurs apports en capital seront limités à un euro.
Le dispositif devra être approuvé par le parlement. Mais la droite berlusconienne veut défendre bec et ongles les revendications de son électorat à commencer par les chauffeurs de taxi. "Super Mario" apprend à ses dépens que la vie de chef de gouvernement d'un pays en déroute économique n'est pas un long fleuve tranquille.