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Le triste testament de Théo Angelopoulos

jeudi, 26 janvier, 2012 - 12:08

Le réalisateur grec Théo Angelopoulos, Palme d'Or en 1998, est décédé mardi à Athènes alors qu'il tournait L'autre mer, un film sur la crise grecque. L'avenir de son pays et de l'Europe était, pour lui, bien sombre.

L'Europe était un rêve qui s’est effondré rapidement. C’est l’époque des managers. Vous ne voyez donc pas comment les premiers ministres dirigent les pays comme des équipes de football ? […] La situation dans laquelle nous vivons est effroyable. On a lutté pour des choses qui ne se sont pas réalisées. Je suis interloqué par la crise économique de mon pays, je ne vois pas d’issue. J’ai vécu l’occupation allemande et la dictature des colonels, mais avec la crise je ne vois pas le bout du tunnel. Un siècle s’est achevé, rempli d’espoir et d’événements catastrophiques.

Peu de temps avant sa mort brutale, mardi soir, à l'âge de 76 ans, Théo Angelopoulos, le célèbre cinéaste grec, Palme d'Or en 1998 exprimait, lors d’une interview à un journal italien Il Messaggero, son amertume et son inquiétude face à crise économique et sociale de son pays. Une société grecque, en pleine crise existentielle, qui a perdu ses repères.

"Une Grèce digne"

L’Histoire et la mémoire, sont des thèmes récurrents de ses films, mais aussi préoccupations du réalisateur. Entre passé et présent, Theo Angelopoulos nous fait voyager dans le temps, mais aussi dans sa mélancolie. Mélancolie exprimée par de longs plan-séquences, des décors sinistres, des villages abandonnés, et des lents mouvements de caméra.

La trilogie Le Voyage à Cythère, l’Apiculteur, Paysage dans le brouillard, s'inscrit dans l'Histoire de la Grèce afin de la transmettre aux nouvelles générations.

Poète élégiaque, Théo Angelopoulos donnait à la Grèce contemporaine une dimension épique et lyrique. Dans Le Voyage des comédiens et Alexandre Le Grand, il s’inspirait d'Homère, d'Ulysse de James Joyce, toujours et encore avec de lents plans-séquences afin de retranscrire par l'image le rythme littéraire.

Les plan-séquences façonnés avec simplicité divulguaient un rythme intérieur, mais non imposant. Il voulait te diriger vers une pensée,

explique Charis Papadopoulos, le président des cinéastes grecs.

La disparition soudaine de Theo Angelopoulos est "une perte immense pour la Grèce et le monde entier", insiste Papadopoulos:

Il était un symbole de la civilisation, il présentait à travers ses films une autre Grèce, une Grèce qui résiste, une Grèce digne.

Après avoir abandonné ses études à la faculté de droit d’Athènes, Théo Angelopoulos part à Paris en 1961 pour suivre des cours de philologie française et de filmographie. Il prend ensuite des cours de cinéma à l’IDHEC – d'où il est renvoyé pour "non-conformisme" dès la fin de sa première année – ainsi qu’au Musée de l’Homme. Il a fait tourner Marcello Mastroianni, Bruno Ganz, Gian Maria Volonte.




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