Par La Rédaction
Au Portugal, en Angleterre et en Italie, José Mourinho a toujours gagné. Au Real de Madrid, le coach portugais n'y arrive pas et les rumeurs de départ en juin vont bon train. Le bon match des madrilènes, mercredi, face au FC Barcelone, pourrait toutefois le remettre en selle dans un pays où vaincre l’éternel rival reste la plus belle victoire.
Dernière rumeur en date en cette période propice aux bruits de couloir qu’est le mercato d’hiver: José Mourinho s’apprêterait à lacher le Real Madrid dès le mois de juin, alors que son contrat court jusqu'en 2014. L’entraîneur portugais quitterait le club merengue après seulement deux saisons à sa tête.
Quand tu embauches un type comme Mourinho, tu sais qu’il ne va pas rester longtemps. Tu sais aussi qu’il va laisser derrière lui une équipe faite sur mesure pour lui
analyse Daniel, fidèle madridista.
Daniel sait de quoi il parle. En tant que socio du club, il en est en quelque sorte propriétaire… avec des dizaines de milliers d’autres.
Fronde
Mais cette rumeur survient après une période de remise en question des qualités du coach de Setúbal (Portugal). Le quitidien El País l’accusait récemment de ne pas savoir tirer le meilleur de ses joueurs d’exception. Même les supporters madrilènes, plutôt indulgents avec le coach portugais, commencent à perdre patience. "Mou" ainsi été gratifié de ses premiers sifflets et huées dans l’enceinte du Santiago Bernabeu le week-end dernier.
La presse espagnole évoque, par ailleurs, régulièrement des "tensions dans les vestiaires", avec des joueurs pas toujours d’accord avec les choix stratégiques de Mou. On n’en est pas encore à la mutinerie, mais l’exaspération de certains, comme le défenseur Sergio Ramos, est de plus en plus explicite.
Toutefois, le soutien indéfectible du président du club, Florentino Pérez, à Mourinho, tient lieu de réponse à toute tentative de contestation de l'ïcône.
Le Barça, encore et toujours
Certes, à première vue, son bilan n’a rien d’exceptionnel. Depuis son arrivée pour la saison 2010-11, l’ancien coach de Chelsea et de l’Inter de Milan n’a qu’un trophée avec le Real Madrid, la Copa del Rey (la coupe d’Espagne). Mais il a aussi été celui qui a mené son équipe jusqu’en demi-finales de la Champions League, après six saisons consécutives sans passer les huitièmes.
Par ailleurs il mène actuellement la Liga, le championnat espagnol, avec cinq points d’avance sur le FC Barcelone. Son bilan est donc en fait plutôt positif pour une équipe qui n’avait rien gagné depuis 2008.
Oui, mais en Espagne, tout succès du Real se mesure à l’aune de la trajectoire du Barça. Or pendant que le Real de Mourinho remportait péniblement la coupe d’Espagne, le Barça de Pep Guardiola a gagné:
- La ligue des champions,
- La Liga (championnat espagnol),
- La coupe mondiale des clubs,
- La super coupe d’Europe
- Et deux super coupes d’Espagne.
De quoi hisser Pep Guardiola au rang de meilleur entraîneur du monde.
Une stratégie contre-productive
Tout cela ne serait rien si le Real Madrid savait comment l’emporter contre le Barça: "Pour les Madridistas, c’est ce qui compte le plus, car c’est l’éternel rival. Les Madridistas sont obsédés par le Barça dernièrement", explique Daniel.
Mou a deux défauts. Un: il ne respecte pas les formes et ne sait pas perdre. Deux: il n’a toujours pas trouvé la formule pour battre le Real. C’est le problème le plus grave"
termine-t-il.
Mou et son équipe n’a, en effet, remporté qu’une victoire en dix rencontres contre l’équipe de Guardiola. La première d’entre elles, s'est soldée par un écrasant 5-0 en faveur du Barça. Elle été vécue comme un traumatisme par l’entraîneur du Real.
Depuis, il a eu tendance à privilégier une stratégie défensive basée sur le contre pour ne pas se laisser déborder. En vain.
Alors, Mourinho quittera-t-il le Real sans avoir obtenu d’autre victoire sur le Barça que celle de la finale de la Copa del Rey en 2011 ? Pas si sûr. Alors que la saison bat son plein, le club pourrait avoir opéré un important virage mercredi soir. Nul ne sait si Mourinho a pris le parti d’écouter ses joueurs, ou les critiques du Real. Toujours est-il qu’en quarts de finale retour contre le Barça au Camp Nou, le club madrilène semble avoir trouvé une faille ou, du moins, une tactique pouvant faire vaciller un tant soit peu son adversaire.
Mourinho passe à l'offensive
Avec un dispositif résolument offensif, les Merengues ont fourni un match complet, applaudi par la presse espagnole et étrangère. Le nul 2-2 n’a toutefois pas été suffisant pour passer en demi-finales. Les azulgrana poursuivent l’aventure et les madrilènes se concentrent désormais sur la Liga et la Champion’s league.
Pepe Guardiola le reconnaissait Mercredi soir:
Il est de plus en plus difficile de vaincre le Real.
Si Mourinho a trouvé la formule pour l’emporter face à son éternel rival, l’imminence supposée de son départ pourrait être retardée: les critiques des supporters se feront moins virulentes, les tensions dans les vestiaires se calmeront, une fois la confiance retrouvée en Mourinho.
Et Florentino Pérez, le président contesté du club madrilène, pourra continuer de soutenir contre vents et marées le coach portugais. La suite au prochain clásico.