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La dernière valse du bal viennois de l’extrême-droite

vendredi, 27 janvier, 2012 - 12:43

Ultime pas de danse pour le gratin de l'extrême-droite européenne. La 59e édition du bal le plus controversé du monde aura lieu ce soir pour la dernière fois sous les dorures de la Hofburg à Vienne. Marine Le Pen en est "l'invité d'honneur".

Mini-révolution dans un palais, au cœur d’un confetti d’empire. Tous les ans, les cercles de l’Autriche ultra paradaient, le sabre en bandoulière, au cœur d’un palais à l’importance historique majeure et au faste intact. Dès l’année prochaine, ils devront aller exhiber leurs joues balafrées par les duels ailleurs que là-même où Hitler prononça l’Anschluss, en 1939.

Ainsi en a décidé la société qui gère la salle d’apparat de la Hofburg, actuel siège de la présidence de la République d’Autriche et de l’OSCE, un palais sans égal au cœur de Vienne, où régna des siècles durant la plus ancienne monarchie d’Europe, celle des Habsbourg. "Être jeté dehors représente pour eux une relégation, doublée d’une humiliation", analyse, pour La Tribune de Genève, Heribert Schiedel, spécialiste autrichien du parti d’extrême-droite FPÖ (parti autrichien de la Liberté).

Les extrémistes de toute l’Europe s’y rencontraient et retournaient chez eux en disant partout: c’est génial que nous puissions être dans un tel lieu !

Philipp Dewinter, pour le Vlaams Belang hollandais, Jean-Marie Le Pen et Bruno Gollnisch pour le Front National français: les invités d’honneur ont défilé sous les dorures baroques et sur des parquets au vernis impeccable, au son de la musique de Strauss et des cris des manisfestants anti-racistes, restés, avec les caméras des télévisions, aux portes du palais.

L'Unesco mène le bal

A l’occasion du traditionnel cérémonial d’ouverture, des figures de proue du négationnisme, comme John Gudenus, un ancien membre du FPÖ dont le fils doit porter les couleurs du parti aux prochaines élections municipales à Vienne, étaient alors ostensiblement ovationnées.

Mais après 59 éditions, une maladresse grossière aura eu raison de la tradition. Heinz-Christian Strache, l’actuel leader du FPÖ, a conduit ses frères d’arme à leur perte en se revendiquant, selon Herbert Schiedel, du patrimoine immatériel de l’Unesco.

Depuis 2010, dix-sept bals traditionnels viennois, dont celui de l’extrême-droite, figuraient, en effet, sur une pré-liste parfaitement anonyme et non reconnue par le siège de l’organisme, basé à Paris. Or début janvier, l’Unesco a exigé le retrait pur et simple du projet d’inscription des bals viennois.

Appel au boycott des pâtisseries Sacher

Le parti social-démocrate autrichien (SPÖ), ainsi que le gouvernement dans son ensemble, ont depuis rejoints les rangs des opposants à la soirée. La société gérant la location de la salle, qui regroupe la crème de l’industrie touristique viennoise, longtemps complaisante, n’a alors pas su résister à la pression.

Et depuis qu’elle se sait mise à la porte de la haute-société, l’extrême-droite autrichienne appelle très sérieusement à des représailles. Les électeurs sont invités à boycotter des pâtisseries Sacher, enseigne-phare du savoir faire sucrier national et co-bailleur éminent de la Hofburg.




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