Syndicate content

Elizabeth II : 60 ans de règne, chapeau l’artiste !

vendredi, 3 février, 2012 - 11:32

Le 6 février, la reine Elizabeth II fêtera ses 60 ans de règne, record inégalé depuis son ancètre l'impératrice Victoria. Robert Jobson, écrivain spécialiste de la famille royale et journaliste au New York Times, la suit depuis 1991 et a publié plusieurs livres à son sujet. Portrait d'une monarque qui a su évoluer avec son temps, et ainsi rester à la fois populaire et respectée.

En quoi la présence d’Elizabeth II sur le trône est-elle exceptionnelle ?

Robert Jobson (RJ) : A 85 ans, elle est la monarque la plus âgée de l’histoire de l’Angleterre. Ensuite, ce soixantième anniversaire de règne est exceptionnel car seule la reine Victoria est restée sur le trône plus longtemps qu’elle : 63 ans et 216 jours exactement. Qui plus est, jamais aucun monarque anglais n’a régné aussi longtemps sur le Commonwealth qu’Elizabeth.

Quel est aujourd’hui le principal rôle de la reine ?

RJ : Justement, diriger le Commonwealth. Son père, George VI, lui a transmis ce titre, qui n’est pas dans la constitution et qu’il était le premier à porter. Elle en mesure son importance : grâce à ce réseau de pays, elle peut faire la différence dans le monde. Elle a ainsi récemment demandé à ne plus être la chef de l’Etat fidjien après un coup d’Etat militaire qu’elle jugeait inacceptable. Et si des pays comme le Zimbabwe ont demandé à ce qu’elle ne soit plus leur chef d’Etat, d’autres cherchent à intégrer l’organisation. En même temps, le Commonwealth est un lieu d’échange remarquable où le Premier ministre canadien a autant de pouvoir que celui du Vanuatu par exemple, ce qui permet aux petits pays d’avoir voix au chapitre et d’exprimer leurs problèmes.

Pourquoi la famille royale détient-elle une telle aura ?

RJ : Elle a su s’adapter aux évolutions de la société. Son grand-père George V a changé de nom de famille en 1917, de Saxe-Coburg et Gotha à Windsor car cela faisait mauvais effet d’avoir une famille d’origine allemande à la tête du pays alors que celui-ci était en guerre contre l’Allemagne. Son père est resté à Londres pendant la Seconde Guerre mondiale malgré les bombardements, ce qui avait façonné son image de combattant. Et Elizabeth a su faire de même lors des crises qui ont secoué sa famille.

Une fois devenue reine, Elizabeth II est-elle restée populaire ?

RJ : Pour vous donner une idée, juste avant son couronnement en juin 1953, 250.000 personnes s’étaient pressées devant Buckingham Palace pour l’acclamer. Il y avait un million de personnes dans les rues le jour de la célébration, puis encore autant de personnes lors de son voyage inaugural en Australie, qu’elle était le premier monarque en exercice à visiter. Il est difficile d’imaginer sa popularité d’alors.

Aujourd’hui non plus il n’est pas aisé de savoir vraiment ce qu’il en est car, si des centaines de milliers de personnes se sont réunies l’an dernier lors du mariage royal, elles célébraient avant tout le patriotisme anglais. C’est d’ailleurs un élément que certains membres de la famille royale ont du mal à comprendre.

A-t-elle encore un rôle dans l’Angleterre d’aujourd’hui ?

RJ : Elle rencontre le Premier ministre toutes les semaines. Et après 60 ans de réunions, elle a beaucoup d’expérience, ce qui peut s’avérer utile aux débutants. Tony Blair, par exemple, a très clairement dit qu’elle l’avait beaucoup aidé et conseillé lors de ses débuts en 1997. Cette stabilité est rassurante, surtout que ses interlocuteurs savent qu’elle n’a aucune ambition politique si ce n’est le bien du pays.

Quels épisodes ont le plus mis en danger la monarchie anglaise ?

RJ : Il y a tout d’abord eu 1992, son annus horribilis (son année horrible), comme la reine l'a qualifiée dans un discours. Son fils aîné Charles se sépare alors de son épouse Diana, son second fils Andrew divorce de Sarah Ferguson et sa fille Anne divorce de Mark Philips. Lors d’un passage en Allemagne, elle est bombardée d’œufs, avant que le château de Windsor ne soit sévèrement abîmé par un incendie. Enfin, elle paie pour la première fois des impôts et son financement public est fortement réduit.

Mais, elle perd surtout une partie du soutien populaire en 1997, à la mort de Diana. C’est un peu injuste car la reine était en vacances dans sa résidence de Balmoral au moment de l’accident et elle y est demeurée pour protéger les enfants. Et si le drapeau de Windsor n’a pas été mis en berne en signe de deuil c’est tout simplement car elle ne s’y trouvait pas. Reste que tout cela fut très mal perçu par les Anglais.

Y a-t-il une chance que William soit le prochain roi ?

RJ : Non, je ne pense pas. Même s’il peut techniquement abdiquer, Charles sera le prochain monarque.




Pays