L'état d'urgence a été décrété à Rome ensevelie sous la neige. La capitale romaine n'avait jamais vu autant de flocons depuis 27 ans. Les rues sont désertes, les trains restent à quai, toutes les manifestations sont annulées. Ordre est donné aux Romains de rester calfeutrés chez eux.
“Ho, it’s wonderful!” s’exclame un couple de touristes anglais en regardant la place d’Espagne vêtue d’un manteau blanc inhabituel. Wonderful? Pas vraiment. Depuis vendredi midi, Rome est déclarée ville morte. Les bus ne circulent pratiquement plus sauf ceux équipés de chaines ou de pneus cloutés. Soit moins du quart de la flotte romaine.
Idem pour les taxis. Les concerts et les manifestations organisées par l’extrême-droite samedi après-midi ont été annulés. Tout comme le match de football Rome-Inter qui a été repoussé, au mieux, à dimanche après-midi.
Les édifices publics, les musées, les zones archéologiques, tout a été fermé. Officiellement, jusqu’à dimanche soir car la neige n’a pas dit son dernier mot. Ce dimanche, les températures frôleront la barre des -8 degrés et d’autres précipitations neigeuses sont attendues pour mardi. Dans les deux aéroports, une quarantaine de vols ont été annulés. Et du coté du rail, la situation est pire: tous les trains au départ et à l’arrivée de Rome sont bloqués.
Dès vendredi en fin d’après-midi, la capitale italienne a pris une allure spectrale. Quelques automobilistes ont carrément abandonné en pleine rue leurs véhicules, transits de froid et d'effroi après moult patinages et dérapages incontrôlés.
Les rares passants emmitouflés d’une façon inhabituelle pour des Romains, se raccrochent aux réverbères pour ne pas glisser sur les trottoirs.
Ski de fond place d'Espagne
Dès que le maire a décrété l’état d’urgence aux environs de 15 heures, les autobus se sont arrêtés. Via Veneto, la grande avenue rendue célèbre par le film la Dolce Vita de Federico Fellini, un chauffeur a demandé à tous ses passagers de descendre. "Capitaine Schettino, ne fait pas le trouillard" ont hurlé les passagers furieux (Francesco Schettino était le capitaine du Costa Concordia, Ndlr).
Un peu partout, des bonhommes de neige trônent fièrement et Place d’Espagne des adolescents ont chaussé des skis de fond. A la radio et à la télévision, le maire de Rome multiplie les appels pour inciter la population à ne pas mettre le nez dehors.
Cela fait vingt sept ans que les Romains n’avaient pas vu la neige. La dernière fois, c’était en 1985. Depuis, plus rien, à part quelques timides flocons l’an dernier.
Comme il y a plus d'un quart de siècle, la municipalité n’a pas été capable de réagir. Les météorologues avaient pourtant tiré la sonnette d’alarme depuis plusieurs jours. Les cent cinq tonnes de sel emmagasinées dans les hangars municipaux se sont avérées insuffisantes.
Et face au risque de verglas annoncé par les météorologues qui prévoient une nouvelle chute de la température ce dimanche, la situation pourrait devenir carrément catastrophique. Du coup, les Romains se préparent au pire. Ce samedi, ils ont bravé les rues enneigées pour se ruer dans les supermarchés et dévaliser les rayons.
Face à cette débâcle, la vérité s’impose. Rome peut survivre, aux invasions, à Berlusconi, aux Black blocs et à la canicule… mais pas à la neige.