Panique à Rome. La météo annonce, de nouveau, de la neige. Seulement 30 cm, mais cela suffit à paralyser la cité éternelle. Cela prêterait à sourire si la vague de froid n'avait pas déjà tué 43 personnes en Italie.
"La neige revient !". Les services météorologiques ayant annoncé un retour de la poudreuse à Rome ce vendredi après-midi, la municipalité n’a pas l’intention d’être à nouveau piégé par les flocons. Selon la protection civile, une couche d’une trentaine de centimètres devrait recouvrir la cité éternelle d’un épais manteau blanc d’ici ce soir. Un cauchemar pour les Romains, plus habitués aux sandales et mocassins qu'aux moon boots. Et encore plus pour le maire de Rome, Gianni Alemanno accusé depuis une semaine de ne pas avoir été à la hauteur de la situation lors du premier épisode neigeux.
La vague de froid qui touche l'Italie depuis le début de février a fait 43 morts dont trois encore hier.
Pour éviter de tels drames à Rome, tout le monde a été mobilisé : le gouvernement de technocrates, le préfet, la police, l’armée et la population. Il y a deux jours, le président du Conseil Mario Monti a annoncé en direct l’arrivée de la nouvelle perturbation. Il a promis aux Romain, le soutien du gouvernement et des autorités municipales et régionales et le déblocage d’une enveloppe exceptionnelle pour affronter l’urgence.
Crise de nerf
Pendant que les météorologues scrutaient le ciel avec anxiété, la cellule de crise mise en place par la gouverneure du Latium, Renata Polverini, peaufinait le plan anti-neige. Les écoles et les bâtiments publics seront fermés jusqu’à lundi matin et la circulation interdite aux deux roues. Les automobilistes, devront, eux, rouler avec des pneus cloutés ou avoir des chaines dans leurs coffres.
Mais jeudi soir, les chaines dont le prix a triplé (80 euros la paire la semaine dernière) étaient introuvables, les points de vente ayant été pris d’assaut par des conducteurs au bord de la crise de nerf.
Armada de chasse-neige
Accusé la semaine dernière d’avoir transformé la ville en une gigantesque patinoire pour avoir radiné sur l’achat de sel, de pelles et de chasse-neige, Gianni Alemanno n’a pas regardé, cette fois-ci, à la dépense. A la veille du retour de la poudreuse, la mairie dispose maintenant de mille tonne de sel et de cinq mille pelles qui seront distribuées dans les différents arrondissements et de 87 chasse-neige rapatriés en urgence du nord du pays. Enfin, mille cinq cent employés des services de la voierie et neuf cent policiers ont été mobilisés.
Rome ressemblait ce matin à une ville en état de siège. Quelques passants regardaient le ciel en essayant de déchiffrer le grand mystère: neige ou pas neige ? En ces heures d’attente, les Romains n’avaient peur que d’une chose : que la poudreuse leur tombe sur la tête. De l’autre coté du Tibre, le pape Benoit XVI priait pour l’arrivée du printemps.
Surconsommation électrique
Au-delà de l’aspect cocasse, la réaction des Romains est compréhensible. Cela fait trente ans que les flocons blancs n’étaient plus tombés en abondance sur la capitale italienne. Située en bordure de mer, la ville bénéficie d’un climat relativement doux même en hiver.
Avec, par ailleurs, des finances en pleine déliquescence, la mairie ne peut pas se permettre les dépenses superflues comme l’achat de chasse-neige qui seraient utilisés tous les trente ans.
Autre problème important : le chauffage généralement au gaz, est collectif dans la plupart des immeubles. En raison des mesures d'économies énergie, les chaudières ne peuvent pas fonctionner plus de 12 heures par jour. Trop peu en période de grand froid.
Pour palier au manque de chauffage, des familles utilisent depuis une semaine des appareils d’appoint électriques. Alors que prix de l'électricité a augmenté de 5% depuis le début de l’année, cette surconsommation va amputer encore un peu plus le budget des Romains déjà mis à mal par la crise économique.