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Mobilisation de rigueur contre l’austérité en Europe

mercredi, 29 février, 2012 - 16:14

Journée d'action européenne contre l'austérité. "L'Europe sera sociale ou ne sera pas", martèlent les syndicats. François Chérèque débine les Indignés. Reportage parmi les manifestants belges et français réunis devant le Conseil européen de Bruxelles.

Le rendez-vous était prévu à midi devant le Conseil européen de Bruxelles, à l'appel de la Confédération européenne des syndicats (CES), pour une journée d'action européenne contre l'austérité. Pas de grève, mais de simples opérations médiatiques dans plusieurs villes du continent.

Des milliers de personnes ont ainsi manifesté en France pour plus de justice sociale. Une mobilisation plutôt faible alors que cinq syndicats (CGT, CFDT, FSU, Unsa, Solidaires) avaient relayé l'action de la CES.

Les manifestations ont été bien plus suivies en Espagne où 70.000 manifestants, souvent des lycéens et des étudiants, ont protesté contre les coupes budgétaires dans les universités et la réforme du travail annoncée par le gouvernement pour tenter de relancer l'emploi dans un pays qui souffre d'un chômage record de près de 23 %. Des altercations musclées ont eu lieu à Barcelone [voir cette vidéo du Guardian].

Au Portugal, la CGTP, principale centrale syndicale du pays, appelle à des rassemblements, au lendemain de la validation par la Troïka (Commission européenne, FMI et BCE) des mesures d'austérité adoptées par Lisbonne dans le cadre du plan d'aide de 78 milliards d'euros accordé en 2011.

"Trop c'est trop"

Retour à Bruxelles. A 11h30, une partie des manifestants belges, mais aussi grecs, danois ou espagnols, est déjà présente.

Trop c'est trop, des alternatives existent pour l'emploi et la justice sociale,

sont-ils venus scander. 

A quelques centaines de mètres d'eux, de l'autre côté du rond point Schuman, un autre groupe clame un autre mécontentement. Ils sont une trentaine et ils demandent l'arrêt des violences policières en Espagne comme ailleurs.

Ici on montre notre solidarité avec les étudiants de Valence qui, le 20 février dernier, se sont fait molester par la police alors qu'ils manifestaient contre l'austérité, explique une jeune manifestante. Après, nous rejoindrons nos camarades syndicalistes pour faire passer le ras-le-bol aux dirigeants européens.

Relancer l'économie

De ce côté, rien de nouveau. Les syndicalistes attendent le discours de Bernadette Ségol, la secrétaire générale de la CES [qui représente 84 organisations syndicales dans 36 pays].

L'Europe sera sociale ou elle ne sera pas,

clame cette dernière. Elle met également en garde le président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi:

Nous lui disons que le modèle social européen n'est pas mort. Sans modèle social européen, il n'y aura pas d'Europe. Nous voulons un contrat social pour l'Europe.

François Chérèque, secrétaire général de la Confédération française démocratique du travail (CFDT), était aussi présent.

Je suis venu dire, avec l'ensemble des syndicats européens, trop c'est trop. Trop de rigueur, trop de remises en cause des droits sociaux.

Il partage, avec la CES, l'envie de mettre "une partie des dettes en commun, mettre des emprunts européens en place pour investir dans l'innovation, dans la recherche et dans le développement pour relancer l'économie".

"C'est quand même dans les entreprises qu'on est le plus efficace"

Interrogé par MyEurop sur les nouvelles perspectives que pouvaient offrir des mouvements européens comme les Indignés et Occupy, le leader syndical a déclaré:

Je ne suis pas sûr que l'action des Indignés se soit montrée la plus efficace non plus. Je respecte ce type d'action comme les Indignés en Espagne qui ont eu l'utilité de marquer le problème particulier du chômage des plus jeunes, mais je constate qu'en Espagne il y a une alternance politique qui amène encore plus de rigueur et encore plus de remises en cause des droits sociaux et encore plus de difficultés pour le jeune. 

François Chérèque a aussi tenu à ne pas mettre en concurrence les syndicats et les mouvements citoyens – tout en prêchant pour sa paroisse:

L'essentiel de l'action syndicale se fait dans les entreprises et c'est quand même dans les entreprises qu'on est le plus efficace pour répondre pour répondre aux problèmes des salariés.

Trois militants de la CGT seulement

Au sein de la masse immobile des syndicalistes, il y a quelques perles originales. Ici, justement, un indigné, un vrai. Plus loin, des maoïstes venus de Liège, d'Allemagne et de Turquie.

Nous ne défendons pas les mêmes solutions que les organisations de défense des travailleurs présentes ici en majorité, c'est vrai. Mais nous luttons tous contre la même austérité

affirme un militant liégeois.

Et puis, dans la foule prête à partir devant la Banque Nationale belge, un drapeau de la Confédération générale du travail (CGT) flotte, seul, au bout du bras d'une militante, elle aussi, seule. "En fait, nous sommes trois, car un seul syndicaliste ne peut pas représenter la CGT à lui tout seul. Les 699.997 autres membres de la CGT sont restés en France, pour manifester dans différentes villes".

C'est une journée, une de plus, d'action européenne contre l'austérité qui a lieu ce mercredi sur tout le continent. Jeudi, les dirigeants européens, réunis en sommet à Bruxelles, devraient signer formellement le nouveau pacte de discipline budgétaire, qui crée une "règle d'or" imposant aux Etats un retour à l'équilibre budgétaire.




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