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Occupy the City: chacun cherche son camp

jeudi, 1 mars, 2012 - 14:49

Quelques jours après leur expulsion du parvis de la cathédrale Saint-Paul de Londres, la centaine de militants ne veut pas abandonner sa lutte. Ils cherchent un nouveau camp. Mais ne sont pas les bienvenus dans celui, tout proche, de Finsbury Square.

Finsbury Square, une place en plein centre de la City de Londres, est recouverte d’une dizaines de tentes. Ce petit bout de verdure a été occupé au même moment que le parvis de la cathédrale Saint-Paul, le 15 octobre. Mais la place a perdu petit à petit sa connotation politique, pour accueillir principalement des sans-abris et des hippies.

Les expulsés cherchent un toit

Une large allée en bois, une improbable issue de secours – il n’y a aucune barrière ou porte qui empêcherait de sortir en catastrophe -, des panneaux indiquant la direction des toilettes et de la cuisine: les cinquante-quatre résidents de la place ont organisé leur petite vie. "Nous sommes acceptés par la municipalité car nous suivons leurs règles de sécurité et de santé", assure l’un de ses représentants. "Nous ne pouvons donc pas accueillir beaucoup plus de monde ici sous peine d’être à notre tour expulsés".

La question se pose en effet sérieusement. Dans la nuit de lundi à mardi, les militants du mouvement Occuper la bourse de Londres [Occupy the City] ont été expulsés manu militari du parvis de la cathédrale Saint-Paul par la centaine d’huissiers engagés par la Corporation de la City de Londres, propriétaire des terrains. "Ils sont arrivés au camp à minuit et demi et deux heures plus tard tout était terminé", témoigne une jeune anglaise d’une vingtaine d’années.

C’était assez rageant car nous rangions les tentes pour partir avec, mais les huissiers nous en ont empêché et ont quasiment tout jeté dans des bennes à ordures."

VIDEO : Eviction du campement d'Occupy the City (The Guardian)


Pas de place pour tout le monde

La police, officiellement sur place pour observer le bon déroulement de l’expulsion, a procédé à vingt-trois arrestations. Tom, un grand jeune homme blond, a passé douze heures au commissariat. "Ils m’ont arrêté pour présomption de désordre", raconte-t-il.

Une fois au commissariat, ils m’ont donné du Valium et j’ai dormi. Le matin, après un petit déjeuner, ils m’ont interrogé. Ils ont ensuite appelé mes parents et ils m’ont libéré. Je suis mis à l’épreuve jusqu’au mois d’avril et jusque-là je n’ai pas le droit d’entrer dans le quartier de la City. Mais ils m’ont donné trois t-shirts et une veste épaisse, plutôt sympas les mecs !"

Comme sa centaine d’acolytes, il ne sait pour le moment où dormir car les installés de Finsbury Square voient d’un très mauvais œil ces nouveaux arrivants, qui pourraient entraîner leur propre expulsion. "Rappelez-vous quand même que Finsbury Square a été créé à la base par le mouvement 'Occupy the City' [la bourse de Londres]", s’indigne une jeune militante lors de l’Assemblée générale.

C’est un mouvement de colère, de manifestation contre le capitalisme outrancier, pas un mouvement de sédentarisation apolitique ! Nous sommes tous dans le même bateau!"

"Il n’y a pas la moindre unité"

Visiblement, le navire commence à tanguer. Et les altercations se poursuivront pendant une bonne heure avant que tout le monde s’entende pour laisser un peu de répit aux nouveaux arrivants et les loger quelques jours, le temps pour eux de se retourner. Renvoyés de Saint-Paul, malvenus à Finsbury Square, les militants expriment leur désarroi devant la tournure prise par les événements.

Ils ne veulent pas nous d’ici, on est clairement malvenus. C’est fou, il n’y a pas la moindre unité."

Pendant ce temps, la municipalité effectue son tour des installations, tandis qu’une dizaine de policiers restent en poste aux alentours. Mais rien n’est perdu: le mouvement a d’ores et déjà annoncé qu’il poursuivrait ses opérations et chercherait de nouveaux lieux à occuper. Leur lutte contre le capitalisme outrancier n’est pas encore abandonnée.




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