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Présidentielles: Merkel ne sait plus à quel candidat se vouer

jeudi, 1 mars, 2012 - 11:30

Elle s'appelle Angela Merkel, lui, c'est Nicolas Sarkozy. Elle est Chancelière allemande, lui Président français. Main dans la main, ils sont Merkozy. Merkozy pense sauver l'Union européenne. Mais voilà, depuis que Sarkozy est en campagne électorale et projette des referendums à tout va, le couple vacille. Merkel va-t-elle demander le divorce à l'amiable? Analyse.

Angela Merkel et Nicolas Sarkozy bondissent à chaque évocation d'un référendum ayant un rapport, même minime, avec l'Union européenne. L'ancien premier ministre grec, Georges Papandréou, s'était ainsi vu obligé de démissionner après avoir voulu consulter les Grecs sur la politique d'austérité mise en place par l'UE ― c'était en octobre dernier. Avant cela, on se rappelle du vote des Irlandais contre le Traité de Lisbonne qui n'avait plu à personne. L'Irlande avait donc dû revoter, mais dans le bon sens. Le sens du oui.

Aujourd'hui et demain, en Conseil européen, il sera encore question de l'Irlande. Dublin doit, en effet, organiser une consultation populaire pour ratifier le nouveau pacte budgétaire voulu par Merkozy, surtout par sa moitié Merkel.

"Redonner la parole au peuple"

ll sera aussi question de la France, ou, plutôt, de Sarkozy. Ce dernier, jusqu'à l'accord à 25 États membres obtenu le 30 janvier, n'avait jamais abordé le thème d'un référendum français. Même lors d'une interview commune avec Angela Merkel pour la ZDF et France 2 début février, aucun référendum n'était en vue. La parole d'un État était d'or et une fois donnée l'engageait malgré les évolutions politiques dues au calendrier électoral. La chancelière était rassurée.

Tout ça, c'était avant. Avant l'entrée officielle du président dans la campagne pour l'élection présidentielle. C'est au journal de TF1, le 15 février, alors qu'il se déclare candidat, qu'il aborde la question des référendums. Il faut, selon lui "redonner la parole au peuple français." Il imagine des consultations sur la formation des demandeurs d'emploi et sur l'immigration. Et la veille de sa déclaration télévisée de candidature, il avait confié à des députés UMP son intention d'en tenir un sur… le pacte budgétaire consacrant la rigueur.

Attendre et voir ce qui se passe

Il n'y a eu aucune réaction officielle allemande sur le sujet. À Bruxelles, la représentation pour l'Union européenne ne s'exprime pas. Julia Korbik, journaliste allemande à Bruxelles, illustre bien la situation:

Pour Merkel, il s'agit d'attendre et voir ce qui se passe. Elle a annoncé son soutien à Sarkozy, donc il faut faire attention, elle veut qu'il gagne. C'est ce que Merkel fait toujours : elle attend. Et jusqu'à maintenant, c'est une bonne stratégie pour elle. En Allemagne, on l'appelle 'la chancelière de téflon', tout glisse sur elle."

Et, pour revenir sur un potentiel référendum, "il serait très bizarre pour le gouvernement allemand d'avoir un référendum sur le pacte ou l'euro ― Merkel va probablement convaincre Sarkozy de laisser tomber cette idée."

Nicolas Sarkozy a, depuis, sur RTL, précisé sa position tout en laissant planer le doute sur des referendums sur "l'euro" et "l'Europe":

On peut parfaitement imaginer un référendum sur l'Europe, sur la monnaie unique par exemple (…), parce que la question est parfaitement claire : voulez-vous échanger le franc contre l'euro ?" [mais] "S'agissant d'un traité avec 200 articles ou 250 articles, je ne vois pas la question claire qu'il y aurait."

En coulisse, Angela Merkel a peut-être convaincu le président candidat français de ne pas soumettre le pacte budgétaire à référendum, mais elle ne s'attendait certainement pas à une réouverture implicite par le président français du débat sur l'euro !

Merkel sera plus neutre

Du coup, la chancelière allemande ne lorgnerait-elle pas dorénavant, pour plus de stabilité, du côté du candidat socialiste, François Hollande? Celui-ci a fait savoir qu'il ne voulait que renégocier le traité grâce à la légitimité que son élection par le peuple français lui fournirait. On ne veut, certes, pas en entendre parler à Berlin, mais au moins on sait à quoi s'attendre si le candidat socialiste remporte les élections.

"Le référendum, c'est l’élection présidentielle", a-t-il fait savoir. Il faut rajouter à cela qu'après la déclaration de soutien de Merkel à Sarkozy, Pierre Moscovici, le directeur de campagne du candidat socialiste, a demandé à ce que l'amitié franco-allemande ne soit pas sacrifiée sur l'autel de petites alliances politiques.

Un signe éventuel, sinon d'un ralliement de la Chancelière-téflon à François Hollande, du moins à plus de neutralité envers les deux principaux candidats à l'élection présidentielle. 




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