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En Espagne, il est né le divin emploi

vendredi, 16 mars, 2012 - 11:49

En Espagne, l'Eglise recrute des curés. Elle a posté sur Youtube une vidéo promettant un CDI et "une vie passionnante". Un jeune Espagnol sur deux étant au chômage, les vocations devraient se multiplier.

Repéré sur El Mundo

"Emploi permanent et richesse éternelle". L'intitulé de l'offre frôle le miracle. Qui donc peut proposer, par les temps qui courent, un si divin plan de carrière? A fortiori en Espagne, où une personne sur quatre – et un jeune sur deux – sont au chômage… Réponse: l'Eglise catholique.

C'est dans sa nouvelle campagne nationale de recrutement que la Conférence Espicopale Espagnole présente avec aplomb les avantages et modalités de ce job. Durée du contrat: "permanente" (sauf crise de foi). Rémunération: "pas le grand luxe, mais richesse éternelle". Mission: "nourrir le monde". Intitulé du poste: curé. Le tout tient dans une vidéo de 2'37, postée sur Youtube, et que voici:

Le Seigneur est un bon employeur, disent en substance neufs curés espagnols, qui, face caméra, confient au candidat potentiel une série de promesses. "Je ne te promets pas une décision facile. Mais je te promets que tu ne le regretteras jamais", dit l'un d'entre-eux, "je te promets que tu peux y arriver", jure un autre, et la vidéo de se conclure sur un ultime engagement: "je te promets une vie passionnante". Le slogan a d'ailleurs donné son nom au site internet de la campagne, TePrometoUnaVidaApasionante.com.

La vidéo est le support principal de la campagne de l'Eglise espagnole pour suciter des vocations, à l'opproche du 'Jour du Séminaire', le 19 mars. La Conférence Episcopale a vu ses effectifs augmenter de 4,2% en 2011-2012, un recrutement probablement dopé par les JMJ, ce rassemblement mondial de la jeunesse catholique qui s'est tenu à Madrid l'été dernier.

L'Eglise divisée face au réformes du droit du travail

Alors, afin de surfer sur ce regain d'appétit spirituel, l'Eglise espagnole a déboursé 7.000 euros pour réaliser cette cette vidéo. Des clopinettes, estime l'épiscopat, pour un message de portée nationale. L'Espagne compte aujourd'hui 1.278 séminaristes.

A noter que la promesse introductive, celle d'un "emploi permanent", résonne un peu plus que les autres, au moment où l'Eglise espagnole tergiverse devant la politique économique du nouveau gouvernement. Le chef de gouvernement, Mariano Rajoy (PP – conservateur), a, en effet, lancé une vaste réforme du droit du travail espagnol, qui, entre autres réjouissances, prévoit de faciliter les procédures de licenciement, de réduire les indemnités de licenciement, ou encore de donner la possibilité aux employeurs de s'affranchir des conventions collectives et de moduler les horaires de travail.

L'Eglise catholique espagnole, traditionnellement interventionniste dans le débat politique, est proche du PP de Rajoy. Mais depuis quelques jours, le chef de gouvernement entend des voix. Qui critiquent sa réforme. Deux organisations catholiques, la JOC (Jeunesse ouvrière chrétienne) et la HOAC (Fraternité ouvrière d'action catholique) ont ainsi publié conjointement une tribune véhémente contre "une réforme bâtie sur le travail précaire et l'appauvrissement des familles de travailleurs", accusée de "rompre le faible équilibre historiquement acquis entre le capital et le travail" et de favoriser "la marchandisation du travail humain".

Une prise de position désavouée dans la foulée par l'archevèque de Madrid, qui compte bien remettre ses ouailles dans le droit chemin du soutien au PP. Reste que les mots des deux organisations ont délié les langues, et beaucoup au sein de l'Eglise espagnole soutiennent les critiques contre la réforme.


Repéré sur El Mundo: La Iglesia católica promete un 'trabajo fijo' a quien quiera ser sacerdote


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