Après les forêts britanniques, le Premier Ministre David Cameron veut privatiser les routes et autoroutes du pays. David Cameron veut faire appel aux fonds souverains étrangers. Le système de santé et la Poste sont les prochains sur la liste.
Après les forêts l’an dernier, le Premier Ministre britannique David Cameron poursuit ses tentatives de privatisation de tout le Royaume-Uni. Aujourd'hui, ce sont les autoroutes nationales et, plus largement, les infrastructures routières.
"Nous avons besoin de bonnes routes et nous devons regarder des approches innovantes pour leur financement – afin de réduire la congestion", a-t-il expliqué dans un discours ce lundi après-midi.
Pourquoi les autres infrastructures, comme l’eau, sont-elles financées par les capitaux du secteur privé à travers des entités privées réglementées de manière indépendante, alors que les routes bénéficient du financement public ?
Ça roule pour les fonds de pension
Le Premier Ministre propose plusieurs moyens de soustraire encore un peu plus l’Etat à ses obligations de service public. "Le péage est une option, mais uniquement pour les nouvelles constructions, pas pour celles déjà existantes", a-t-il assuré.
Mais nous devons être plus ambitieux. Nous devons chercher de manière urgente les options pour obtenir un investissement privé important de la part de fonds souverains étrangers, de fonds de pension et d’autres investisseurs.
Mais comment attirer ces investisseurs pour les routes déjà construites, donc sans péages? En leur reversant une part de "l'impôt sur la route" [Road Tax] payé par les automobilistes britanniques. En contrepartie, les investisseurs auront en charge l'entretien des routes achetées.
Même si le quotidien de droite The Daily Telegraph, très favorable au gouvernement, a titré ce matin "Les routes privatisées permettront au pays de repartir de l’avant", ses lecteurs se sont tellement insurgés face à ces propositions que l’article que le quotidien a préféré leur demander leur avis. Le résultat du sondage réalisé sur son site est sans appel: 81% disent "no" à la privatisation des routes.
Le mauvais exemple du train
"Les routes que nos impôts paient et qu’ils ont construit seront données à des entreprises privées et nous devrons ensuite payer pour les utiliser ?", s’interroge un Internaute. "Privatiser le train a tellement bien marché qu’ils veulent faire la même chose avec la route", ironise un autre.
La responsable des transports au sein de l’opposition travailliste, Maria Eagle, a repris cet argument:
Les gens ont seulement besoin de regarder notre industrie ferroviaire pour savoir ce qui les attend: loin d’avoir été réduits, les prix sont désormais trois fois plus élevés que dans n’importe quel autre pays européen.
Neil Greig, le directeur de recherche à l’Institut des automobilistes de pointe, rappelle de son côté que "les gouvernements passés retirent rarement les péages une fois la concession d’exploitation expirée: le pont de Dartford devait être gratuit une fois la dette remboursée (en 2002) mais le péage est resté en place".
L’étude de faisabilité réalisée par le (officiellement très objectif) ministère des transports sera rendue cet automne. D’ici là, le gouvernement tentera de faire voter la gigantesque réforme du système de santé, qui comprend sa privatisation partielle, et la privatisation de la Poste.
Margaret Thatcher avait entamé la dénationalisation des actifs de l’Etat, David Cameron se révèle décidément comme son parfait successeur.