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Mario Monti inflexible sur la flexibilité du travail

mardi, 20 mars, 2012 - 13:23

Mario Monti espère associer les syndicats à sa réforme du marché du travail italien. Objectif: faciliter les licenciements et favoriser l'embauche des jeunes. Mais le chef du gouvernement italien a promis à ses partenaires européens de mener à bien cette réforme cruciale. Et il tient toujours ses promesses.

Modèle danois ou recette allemande ? Pour Mario Monti, le choix est évident: autant concocter un savant mélange des deux systèmes pour réformer en profondeur le marché du travail italien. Dans son projet, l’ancien commissaire européen pour la Concurrence mise donc sur la "flexisécurité" dans l'espoir de relancer l’emploi et la croissance.

En clair, faciliter les mises à pied pour inciter les entreprises à recruter, notamment des jeunes, alors qu’elles ont plutôt le sentiment qu’engager un salarié veut dire se marier à vie.

Pour échapper à ce carcan, de nombreuses entreprises multiplient les emplois précaires.

En s'inspirant de l'exemple allemand, Mario Monti propose aux partenaires sociaux de nouvelles règles de licenciement.

Généralisation des licenciements individuels

Depuis le début des pourparlers avec les trois grandes confédérations syndicales italiennes (CGIL, CISL et UIL), le débat tourne et bloque autour de cette question. L’objectif de Mario Monti est d’abolir l’article 18 qui règlemente depuis quarante deux ans les licenciements. Selon cet article, les entreprises de plus de 15 personnes ne peuvent licencier un salarié que dans le cadre d'un plan de restructuration ou pour faute professionnelle avérée. Si la justice considère qu'un salarié a été limogé abusivement, son entreprise doit le réintégrer et lui verser l'intégralité de son salaire depuis sa mise à l'écart.

Bien que seulement quelques dizaines de salariés par an sont ainsi réintégrés, cet article du code du travail italien a valeur de symbole pour les syndicats et les Italiens.

1.119 € pour les plus de 55 ans 

Avant Mario Monti, plusieurs gouvernements, notamment ceux de Silvio Berlusconi, ont essayé de remodeler l’article 18. Mais tous se sont heurtés au mur des syndicats. Scénario identique aujourd'hui, si ce n'est que Monti se dit déterminé à aller de l’avant avec ou sans l’accord des syndicats.

  • Pour les licenciements économiques, l’exécutif prévoit une indemnisation. Les syndicats pour leur part, ont des positions différentes. La CGIL, la première confédération – plus de 5 millions d’adhérents – réclame la possibilité de laisser au juge le soin de trancher entre une indemnisation et la réintégration du salarié, comme le prévoit le modèle allemand. La CISL – plus de 4 millions d'adhérents – accepte l’idée de l’indemnisation en plus d'une allocation chômage versée pendant deux ans. L'UIL – environ 2 millions d'adhérents – soutient la proposition de l’exécutif.
  • Pour les mises à pied disciplinaires, le gouvernement veut qu’un magistrat choisisse entre l’indemnité et la réintégration. La CGIL est contre, les deux autres confédérations se disent prêtes à en discuter. La Confindustria (le syndicat patronal) se dit d'accord pour une indemnité, mais sans la réintégration du salarié. En clair, les patrons veulent abolir la possibilité du recours devant les tribunaux.

La ministre de l’Emploi, Elsa Fornero, envisage, par ailleurs, d'ici 2015, l’accès au chômage technique pour tous les secteurs et toutes les entreprises – ce qui n’est actuellement pas le cas – et l’introduction d’une indemnité chômage sur 18 mois pour les salariés de plus de 55 ans. Son plafond serait fixé à 1.119 euros brut.

Pour avoir droit au chômage, les salariés devraient avoir cotisé pendant au moins deux ans et avoir travaillé un an au cours des 24 derniers mois. En l’état actuel, les travailleurs doivent avoir eu un emploi pendant deux ans pour obtenir une indemnité de chômage dont le montant varie selon les secteurs.

Ce mardi après-midi, les partenaires sociaux rencontraient le président du Conseil Mario Monti et le ministre de l’Emploi. Mais la marge de négociation des syndicats, trop étroite, n'a pas permis d'accord à ce stade. L’Italie a promis à Bruxelles de réformer le marché du travail et Mario Monti a la réputation de tenir ses promesses, surtout vis-à-vis de ses partenaires européens.




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