De nouvelles études montrent l'efficacité de l'aspirine dans la prévention et le traitement des cancers.
Repéré sur la BBC
Prendre pendant seulement trois ans une faible dose d'aspirine permet de réduire d'un quart le risque d'apparition d'un cancer. Une prise quotidienne est également susceptible de limiter la propagation de la maladie.
En 2010 déjà, le professeur Peter Rothwell, de l'université d'Oxford (Royaume-uni), avait démontré les effets bénéfiques du médicament dans la prévention du cancer colorectal – dont environ 37.000 nouveaux cas sont enregistrés annuellement en France. La consommation de 75 milligrammes par jour d'aspirine réduit à terme de 24% le risque de cancer colorectal et d'un tiers sa mortalité chez les personnes déjà atteintes.
Encore faut-il en consommer pendant au moins 5 ans. Au risque d'une hémorragie digestive – en clair, des saignements de l'estomac qui peuvent être mortels!
Trois nouvelles études publiées le 21 mars dans le Lancet et le Lancet Oncology viennent renforcer ces résultats. A la manœuvre, toujours, Peter Rothwell et ses collègues du John Radcliffe Hospital.
Réduction du risque de cancer colorectal de 15%…
Conclusion de la première étude, basée sur l'analyse du dossier médical de plus de 77.000 personnes: après trois ans de prise quotidienne d'aspirine, le risque de développer un cancer a été réduit de près de 25% par rapport à un groupe témoin. Plus précisément, 23% pour les hommes et 25% pour les femmes.
Pour les patients déjà atteints par la maladie, le risque de mourir du cancer est réduit de 15% – et même de 37% pour ceux qui prennent de l'aspirine pendant plus de cinq ans.
Les scientifiques notent, par ailleurs, que les risques de saignements liés à l'utilisation de l'aspirine ont tendance à reculer avec la durée du traitement.
… et de 36% pour les cancers métastatiques
Dans leur deuxième étude, les scientifiques ont suivi pendant six ans et demi 17.285 personnes prenant chaque jour 75 mg d'aspirine dans le but de prévenir des accidents cardio-vasculaires. L'analyse a révélé un risque de cancer métastatique en baisse de 36%. Les bénéfices apparaissent particulièrement spectaculaires dans le cas du cancer de l’œsophage et dans le cancer colorectal.
Des résultats particulièrement prometteurs. Pour le professeur François Chast, de l'Hôtel-Dieu à Paris, cité par le Figaro.fr:
Après avoir reconnu successivement les vertus de l'aspirine en rhumatologie puis en cardiologie, on se dirige de façon quasiment inéluctable vers la reconnaissance de l'intérêt de l'aspirine dans la prévention des cancers. Les résultats deviennent significatifs à partir de la 3e année à dose élevée, de la 5e année pour les faibles doses, ce qui est assez rapide, et l'étude confirme la nécessité d'une prise quotidienne.
Les médecins vont-ils pour autant prescrire très prochainement à tous les patients des cachets d'aspirine de façon préventive ? Pas si sûr.
Un médicament orphelin
Ces études doivent encore être corroborées par d'autres données. Or, dans les commentaires à l'article du Lancet, deux experts soulignent certaines limites de la recherche. Andrew Chan et Nancy Cook, tous deux médecins à la Harvard Medical School de Boston, rappelent que l'analyse n'inclue pas les résultats de deux essais américains de grande envergure qui, eux, n'établissaient pas de lien entre la prise quotidienne d'aspirine et la prévention des cancers.
Encore faut-il que les recherches soient menées.
Malheureusement l'aspirine est quasiment un médicament orphelin, qui ne bénéficie pas de l'intérêt, du soutien d'un industriel pour faire avancer sa cause auprès des autorités du médicament. C'est peut-être sa principale faiblesse…,
rappelle le professeur François Chast.
Si le lien entre aspirine et la prévention du cancer finit par être établi de façon indiscutable, les autorités de santé reconsidèreront le rapport avantage – risque d'une prise quotidienne. A l'heure actuelle, les effets secondaires du médicament – en particulier les saignements, les ulcères et la défaillance rénale – pèsent encore lourd dans la balance.
L'aspirine hybride, pillule miracle?
Le pilule miracle viendra peut-être d'une nouvelle forme hybride de l’aspirine : la "NOSH-aspirine" semble avoir la propriété de réduire les tumeurs en bloquant la croissance des cellules cancéreuses, d'après une étude, menée par une équipe du City College of New York, et publiée il y a quelques jours par les revues ACS Medicinal Chemistry Letters et Biochemical and Biophysical Research Communications.
Le site allodocteur.fr rapporte que cette aspirine "à valeur ajoutée" s'attaque à onze formes différentes de cancer, dont la leucémie, le cancer du colon, du pancréas, de la prostate, et du sein. Le tout sans causer de dommages aux cellules saines. Au cours de l'une des expériences menée par les chercheurs du City College, l'aspirine NOSH a démontré, après 24 heures de traitement, un potentiel 100.000 fois plus important que l'aspirine de base. Et 250.000 fois plus important à 72h.
Pour plus d'informations, l'article de la BBC : Daily aspirin 'prevents and possibly treats cancer'