Le gouvernement britannique a présenté mercredi un budget de rigueur comportant un projet d’abaissement de 50% à 45% du taux d’imposition maximal pour les revenus supérieurs à 150.000 livres sterling. La mesure ravit les lobbies d’entrepreneurs mais l'opposition travailliste la qualifie "d'aide aux millionnaires".
David Cameron, c'est vraiment l'anti-Hollande ! A l'occasion de la présentation du budget britannique, son chancelier de l'Echiquier (ministre des finances) George Osborne vient en effet d'annoncer son intention d'abaisser à partir de l’année prochaine de 50% à 45% le taux d’imposition des quelques 300.000 résidents britanniques les plus fortunés, c’est-à-dire gagnant plus de £150.000 (175.000 euros) par an. Même si, pour compenser la mesure s'accompagne d'un relèvement immédiat du seuil de l'impôt sur le revenu, de 8.100 à 9.205 livres (environ 11.000 euros), qui profitera aux bas salaires.
Ce faisant, il fait le chemin exactement inverse du candidat socialiste à l'élection présidentielle française qui veut taxer à 75% les revenus supérieurs à 1 million d’euros et il se démarque aussi du groupe de grands patrons américains qui réclament une hausse exceptionnelle du taux d’imposition des plus riches en cette période de crise économique.
"Aider les millionnaires"
Le leader de l’opposition Ed Miliband a sans surprise dénoncé une décision "honteuse" et un budget "injuste", "conçu pour aider les millionnaires" au détriment de mesures encourageant la croissance. Il a également demandé en pleine cession parlementaire si les membres du gouvernement n’avaient pas pris cette décision par seul intérêt personnel.
"Mon salaire est inférieur à £150.000, je ne suis donc pas personnellement affecté par ce changement, s’est défendu plus tard à la télévision George Osborne. Mais je ne pensais pas à cela lorsque j’ai pris cette décision, j’essaie de penser à ce qui est bon pour le pays".
Le chef du gouvernement, dont le salaire est de £142.500, n’a toujours pas répondu à cette question, tout comme son porte-parole, qui a précisé que "l’on ne parle jamais des arrangements des ministres en matière d’imposition ".
Baisse de l'impôt sur les sociétés
A l’inverse de ces réactions négatives, John Cridland, le président de la confédération des industries britanniques, l’équivalent du MEDEF, s’est félicité de cette baisse qui
montre aux meilleurs talents que ce gouvernement veut qu’ils créent de la richesse ici.
Surtout que dans le même temps, George Osborne a annoncé une baisse de deux points du taux d’imposition des entreprises à partir du mois prochain (de 26% à 24%) et promis qu’il serait abaissé à 22% d’ici à 2014.
Simon Walker, le directeur général de l’Institut des directeurs, l’association des PME britanniques, pense quant à lui qu’il "faudrait l’abaisser à 15% d’ici à 2020, ce qui mettrait le Royaume-Uni dans une très forte position au niveau international".