Les autorités de la capitale grecque ont mené jeudi une grande opération contre les immigrés clandestins. Alors que l'UE menace d'exclure la Grèce de l'espace Schengen, le pays prévoit la création de 30 nouveaux centres de rétention.
La police grecque a conduit une opération de grande envergure à l’encontre des sans-papiers et des vendeurs à la sauvette du centre d’Athènes jeudi. Plusieurs dizaines de ressortissants étrangers clandestins ont été arrêtés et emmenés dans divers commissariats de la capitale.
Une intervention menée à presque quarante jours des élections législatives. Une diversion dans un pays miné par la dette et les cures d'austérité à répétition? Dimitris Levantis, responsable de la section grecque de SOS Racisme, dénonce une mobilisation qui "n’est effectuée que pour des raisons préélectorales". Interrogé par l’AFP, il ajoute qu’"il n’y a aucun espoir que le problème soit résolu".
L’ampleur de l’immigration irrégulière en Grèce est telle que le pays est menacé par d’autres états de l’UE, notamment la France, d’être exclu de l’espace Schengen de libre circulation.
Une immigration clandestine qui explose
En 2011, quelque 55.000 arrestations de migrants ont été enregistrées dans la zone d'Evros, à la frontière avec la Turquie – en augmentation de 16,77% par rapport à 2010, selon les autorités grecques. Pour l'ensemble du pays, le nombre des arrestations dépasse les 100.000. Entre 2009 et 2010, le nombre total de passages (par terre ou par mer) entre les deux pays avait explosé de 45%, selon le rapport de Frontex, l'Agence européenne aux frontières.
À un rythme moyen de 300 par jour, ces arrivées clandestines ont représenté en 2011 le tiers des entrées irrégulières recensées dans l'UE, d'après les chiffres de Frontex. Selon les statistiques de la police grecque, ce sont même 9 immigrants clandestins sur 10 qui entrent dans l’UE par la Grèce.
La visite d’une équipe d’évaluation de l’Union Européenne est prévue en juin pour étudier les mesures prises par la Grèce pour contrôler son immigration illégale.
Des mesures inefficaces
Parmi les mesures prises par le gouvernement grec pour enrayer cette immigration massive, la construction d’un mur de barbelés long de 12,6 kilomètres entre la Grèce et la Turquie. Mais la Commission Européenne refuse de subventionner ce projet dont le coût pour l’Etat grec s’élèvera à 5.498 millions d’euros.
La commissaire Cecilia Malmström, chargée des Affaires intérieures et des migrations, soulignait dans un commentaire sur son compte twitter
J'ai dit non à la demande de financement de la Grèce pour la clôture à Evros, car elle est plutôt inutile".
Elle estime qu'il serait préférable "de se recentrer sur une réforme structurelle des demandes d'asiles et sur la gestion des frontières".
Les murs et les clotures sont des solutions de court terme et non pas des mesures à même de résoudre le problème"
ajoutait son porte-parole.
30.000 places en centres de détention pour 2014
L’UE pourrait, par contre, financer à hauteur de 250 millions d’euros un programme de construction de 30 nouveaux centres de détention pour les immigrés clandestins d'ici à 2014. Chaque centre aura une capacité d’accueil de 1.000 personnes. Les sans-papiers qui ne remplissent pas les conditions pour une demande d’asile seront immédiatement expulsés.
Cité par The Guardian, l’adjoint au ministre de l’intérieur grec a déclaré que le premier centre de détention serait opérationnel sous six semaines. La mesure sera donc en place avant les élections législatives de mai.