Surfant sur leurs succès électoraux en Suède ou en Allemagne, les Partis pirates européens investissent la politique dans leurs pays. En attendant de présenter une liste commune lors des prochaines élections européennes. Mais combien sont-ils?
En Allemagne, 12% des électeurs allemands seraient, selon un récent soudage, prêts à voter pour le Parti Pirate, soit trois fois plus que les Libéraux avec lesquels gouverne Angela Merkel. Avec 7,4% des voix recueillis en mars dernier aux élections en Sarre, quatre pirates vont siégent désormais au parlement régional. Ils avaient déjà raflé 15 sièges à Berlin en septembre dernier.
Le Parti pirate allemand est-il le navire amiral d’une armada prête à changer la donne politique en Europe ? Force est de constater que les résultats électoraux enregistrés outre-Rhin donne aujourd’hui des ailes aux "partis frères" qui émergent sur tout le continent et ailleurs.
Des Etats-Unis au Brésil, les Pirates sont partout à la manœuvre. Selon les chiffres de l'internationale des Pirates, quelque 41 000 adhérents auraient déjà rejoint leurs rangs en Europe et de nouveaux Partis pirates voient le jour en Pologne et dans les pays Baltes, pour ne citer que les derniers exemples. En Russie, le Parti pirate s’est joint aux manifestants anti-Poutine.
Des candidats aux législatives
Si avec 25 000 membres, les pirates allemands représentent plus de la moitié des effectifs européens, en Suède, pays ou est né le Parti Pirate en 2006, les militants pirates sont estimés à 8 600 et sont représentés au Parlement européen avec deux députés. Les pirates finlandais (3 100 adhérents) ou suisses (1 843 adhérents) rêvent aujourd’hui de leur emboîter le pas.
Avec ses quelques 200 membres, le Parti prirate français est loin derrière. Maxime Rouquet, son président, est cependant optimiste.
Nous avons actuellement autant d’adhérents que le parti allemand en 2009".
Il rappelle qu’aux "encartés" s’ajoutent 20 000 sympathisants actifs. "Ils n’ont certes pas payé une cotisation, mais sont impliqués dans nos communautés".
Maxime Rouquet souhaite profiter de la visibilité médiatique des prochaines élections législatives hexagonales pour présenter "quelques dizaines de candidats". Mais il est conscient que le mode de scrutin ne leur laisse pas beaucoup de chances… Sans égaler les succès du parti allemand où, en plus des 19 députés dans les deux parlements régionaux, 168 pirates siègent au niveau local, d’autres partis européens ont, eux aussi, réussi à franchir l’obstacle: quatre pirates tchèques, trois Espagnols et un Suisse ont été élus dans des instances politiques locales.
Embryon de programme
Pour les partis pirates européens, cet enracinement se veut la première étape d’une démarche plus ambitieuse.
Nous souhaitons présenter une liste commune aux prochaines élections européennes de 2014. Ce sujet sera d’ailleurs à l’ordre du jour de notre prochaine Conférence internationale qui se tiendra à Prague les 14 et 15 avril prochain"
explique Thomas Gaul, le président du parti pirate international.
Une occasion de commencer à poser les premières pierres d’un programme qui reste encore majoritairement dans les limbes… "La déclaration d’Uppsala, approuvée par l’ensemble des partis européens est la base de notre engagement", continue-t-il. En guise de programme : la fin des droits d’auteur et des brevets et la mise en avant des droits des citoyens.
Ce triptyque n’empêche pas quelques partis pirates à aller un peu plus loin. "Lors de notre dernière assemblée, nous nous sommes par exemple prononcé pour la sortie du nucléaire", précise Maxime Rouquet, président du parti pirate français.
Cette décision a été prise au nom de notre lutte contre les monopoles qui constituent une entrave à la liberté d’entreprendre. Nous ne nous interdisons pas de nous prononcer sur des sujets économiques ou sociaux en les analysant par rapport à nos principaux engagements : la liberté sur Internet, la lutte contre les monopoles ou le libre accès de tous à la santé et à la culture."
Le parti français n’est pas le seul à s’aventurer sur des nouveaux thèmes.
En Belgique, les pirates se sont récemment prononcés contre le communautarisme ou la prise en compte des votes blancs dans élections ou le droit de vote des étrangers vivant dans le pays depuis plus de 5 ans.
En Suisse, ils demandent la mise en place d’une "allocation universelle".
En Autriche, c’est le "Mécanisme européen de stabilité" qui dans leur viseur car symbôle du manque de démocratisation des processus de décisions européen. Les pirates autrichiens condamnant également le "primat de la finance contre le peuple". De quoi alimenter les réflexions avant la réunion de Prague et constituer les premières pierres d’un programme partagé ? A suivre…