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Les succès et les échecs de la carte d’identité électronique

mercredi, 4 avril, 2012 - 14:41

Alors que la France se prépare à passer à la carte d’identité électronique, en Europe plusieurs pays l'ont déjà adoptée. Mais entre l'Estonie à la pointe des nouvelles technologies et l'Italie qui piétine sur le sujet, les disparités sont grandes.

La carte Nationale d’Identité électronique (eID pour electronic Identification carD) n’existe pas encore en France mais fait déjà polémique. Les députés ont donné début mars leur feu vert à cette nouvelle carte d’identité avec puce intégrée. La nouvelle carte, qui devrait être mise en place d’ici deux ans, contiendra, en plus des données traditionnelles (adresse, taille, lieu de naissance…), des données biométriques, en l'occurrence les empreintes digitales.

De nombreuses voix, dont celles de la Ligue des Droits de l’Homme, se sont élevées pour protester contre ce qui est jugé par certains comme “une atteinte aux libertés”.

Dans l’Express, Jean-Claude Vitran, responsable de la communication de la ligue, explique par ailleurs que “les cartes sont très loin d’être sécurisées. Elles sont lisibles à distance par magnétisme ou grâce à des rayons infrarouges”.

Si le gouvernement indique que la nouvelle carte doit permettre de lutter contre l’usurpation d'identité (200 000 cas avérés en France chaque année), les associations s’inquiètent de la possible marchandisation des données que fait craindre la création d’un fichier réunissant l’ensemble des données intégrées dans les puces des cartes d’identité.

D’autres pays européens ont déjà adopté une carte d’identité au fonctionnement similaire. Si une directive européenne datant de 1999 encadre le principe de signature électronique, il n’y a cependant aucune pression de la part de Bruxelles pour que les pays membres adoptent la carte d’Identité électronique.

Chaque pays avance à son rythme et selon ses propres modalités. Ainsi l’eID n’est biométrique qu'en Italie, en Allemagne, au Portugal et en Espagne.

Belgique pays pionnier

La Belgique est l’un des premiers pays européens à avoir mis en place la carte d’Identité électronique. Après une période d’expérimentation en 2001, le royaume a généralisé l’utilisation de la carte à partir de 2004. Depuis 2009 elle est obligatoire pour tous les citoyens belges.

Il existait en Belgique une base de donnée regroupant l’ensemble de la population antérieure à l’adoption de l’eID. Cette question a soulevé moins de débat qu’actuellement en France, même si la Ligue des Droits de l’Homme belge a également souligné le flou entourant l’eID. Chaque citoyen peut, par ailleurs, accéder en ligne aux données que le gouvernement possède sur lui.

L’eID belge permet de nombreuses applications. Elle peut être utilisée par toutes les administrations belges, notamment pour régler ses impôts en ligne et elle devrait bientôt permettre de voter via internet. Les Belges ont d’ailleurs allègrement franchi le pas de la marchandisation puisque, la carte pourra être bientôt utilisée comme moyen de paiement.

En Belgique, un distributeur de boisson requière l'eID

Estonie : l’intégration la plus poussée

Connue pour sa forte utilisation des nouvelles technologies, l’Estonie utilise l’eID depuis 2002. Tous les citoyens du pays sont obligés de posséder cette carte qui est actuellement détenue par près de 1 millions de personnes (soit 90% de la population). Le pays est celui qui exploite le plus les possibilités de la carte d’identité électronique.

Il est possible, à Tallinn, d’utiliser la carte comme titre de transport. L’eID estonienne peut également être utilisée comme identifiant dans les commentaires de certains sites de journaux, ce qui n’avait pas manqué de créé une polémique à l’époque. Il est même possible de voter pour les élections en ligne grâce à la carte et des identifiants. Lors des dernières élections, près de 80 000 personnes ont utilisé cette possibilité.

Un succès que le ministre Estonien de l’économie aimerait voir dans toute l’Union Européenne .

L’eID devrait être la même dans tout les pays de l’UE nous n’en sommes qu’au tout début de l’ère digitale”

a-t-il déclaré.

Italie : limitée à quelques communes

En Italie aussi les premières eID datent de 2001. Si l’objectif final est de subsister cette carte aux 40 millions de cartes papier existantes, seules 83 communes sont pour l’instant habilitées à la délivrer. La détention de la carte d'identité électronique n’est pas obligatoire pour les habitants des villes concernées.

Près de 11 ans après son lancement, la eID italienne n’a toujours pas été généralisée et reste réservée aux communes de départ. Alors qu’un ensemble de services en lignes devaient accompagner celle-ci, aucun n’a pour l’instant été mis en place. L’avenir de la carte est pour l’instant en suspend.

La carte Italienne contient par ailleurs les empreintes digitales de son détenteur, qui sont directement stockées dans la puce.

Finlande et Suède : échec d’une carte non-obligatoire

La Finlande est l’un des pionniers européen en matière d’eID. Lancée en 1999, la carte stocke, comme dans les autres pays, des informations sur l’utisateur.

La carte d’identité Finlandaise est pourtant considérée par le gouvernement comme un échec. En 2009 un comité à même recommander son arrêt. Il faut dire que la carte n’a été adoptée que part 300 000 personnes, alors que le pays compte 5 millions d’habitants.

En Suède, la situation est similaire. Avec un coût de 400 SEK (42 euros), la carte a été adoptée par seulement 1% (100 000) de la population.

La principale cause de l’échec de l’eID est le caractère non obligatoire de la carte d’identité dans les deux pays. Les citoyens choisissent bien souvent d’utiliser leur permis de conduire, suffisant dans la vie de tout les jours, et, s'ils doivent voyager, le passeport biométrique qui est seulement 2 euros plus cher que l’eID.

Dans les deux pays, l’eID ne contient pas de données biométriques.

Portugal : le choix de la simplification

Au Portugal, la carte d’identité électronique remplace cinq cartes différentes : la carte d’identité, la carte d’impôt, la carte de sécurité sociale, la carte des services de santé et la carte électorale. Comme en Italie, l’eID contient les empreintes digitales de son détenteur. Le pays possède, en outre, une base de donnée réunissant toutes les informations biométriques de sa population.

Lancée en 2007, 2,5 millions de cartes sont en circulation dans le pays, soit un quart de la population. Le Portugal a cherché à simplifier au maximum les rapports entre l’administration et les citoyens. Les Portugais peuvent ainsi réaliser bon nombre d’opérations en ligne.

Allemagne et Lettonie : un lancement récent

Dans les deux pays, l’eID n’en est qu’à ses débuts.

En Allemagne, après une décennie d’hésitations, la première carte d’identité électronique a été délivrée en 2010. Le gouvernement compte d'ici 10 ans remplacer toutes les anciennes cartes. En plus des données classique, celle-ci contient des données biométriques.

La Lettonie est le dernier pays européen à avoir lancé son eID. Depuis lundi, les lettons peuvent échanger leur ancienne carte d’identité contre la nouvelle pour seulement 10 euros. Le gouvernement prévoit de nombreuses applications possibles pour la carte électronique.

L’Autriche et l’Espagne disposent également de la carte d’identité électronique, alors que celle-ci est toujours en discussion au Royaume-Uni.

Peut être que le projet européen Stork, lancé 2009, changera la donne. Celui-ci vise à harmoniser les différentes eID dans les pays membres dans le but de faciliter les démarches administratives des citoyens européens.




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