Le vendredi précédant Pâques est pour les Irlandais l’occasion de célébrer la mémoire des "martyrs" des conflits avec les protestants. L’Église catholique profite de ce moment patriotique pour remobiliser ses fidèles.
En Irlande, la chasse aux œufs n'est pas la tradition principale du week-end de Pâques. Les chocolats de toutes les saveurs et de toutes les formes ont evidemment envahi les têtes de gondoles de supermarchés, mais pour beaucoup, ce vendredi avant Pâques est, avant tout, un moment symbolique pour célébrer les "patriots" irlandais de ces 96 dernières années.
En 1916, pendant le week-end pascal, plusieurs membres de l'armée révolutionnaire irlandaise et du gouvernement provisoire ont pris d'assaut la Poste Générale de Dublin, et lu un texte proclamant la République indépendante d'Irlande. Cet événement, connu sous le nom d' "Easter Rising" (révolte de Pâques) est considéré comme le point de départ de la Révolution irlandaise. Il est célébré tous les ans dans le pays, par une marche jusqu'à la Poste de Dublin.
L'Iris de Pâques
Cette commémoration des patriotes de 1916 s'est, au fil des années, étendue aux "martyrs" catholiques. Pour célébrer leur dévotion à la cause d'une Irlande indépendante et unie, le Sinn Feìn, parti politique qui réclame toujours la réunification de l'Irlande, appelle les citoyens à porter un Iris en leur mémoire à la boutonnière.
En Irlande du Nord, partie britannique et majoritairement protestante de l'île, la fête de Pâques prend une dimension bien plus politique. Dans les cimetières catholiques, des rassemblements ont lieu pour célébrer la mémoire des volontaires de l'IRA (Irish Republican Army). Des drapeaux irlandais sont hissés un peu partout, et des gerbes de fleurs vertes, blanches et oranges sont déposées sur les tombes.
Ces rassemblements sont chaque année, depuis la fin officielle des conflits, un moment fort pour les catholiques d'Irlande du Nord. Les cimetières de Derry et de Belfast, les deux villes où la confrontation avec les protestants a été particulièrement meurtrière, sont envahis par les catholiques qui rendent hommage à leurs martyrs. Ils sont implicitement comparés au Christ et ces célébrations symbolisent une volonté de résurrection collective.
L'Eglise et "culture pub"
Au delà de cette ferveur pascale, les églises irlandaises, comme ailleurs en Europe, se dépeuplent. Mais dans la société irlandaise, certaines traditions catholiques, comme celle du vendredi saint (Good Friday), restent vives et ont des répercussions sur la vie quotidienne.
Par exemple, à Dublin, aucun pub n'est ouvert aujourd'hui et il était impossible d'acheter de l'alcool dans les supermarchés. Il y a certains moments en Irlande où l'Eglise est plus forte que la "culture pub", mais dès mardi, la vie "normale" reprendra ses droits autour d'une Guinness.