Nicolas Sarkozy et François Hollande ont, tour à tour, pris l'Espagne comme exemple à ne pas suivre. Trop c'est trop pour Mariano Rajoy et la presse espagnole. Madrid invite les candidats aux présidentielles à changer de disque.
Mariano Rajoy, le président du gouvernement espagnol, a demandé hier aux chefs de gouvernements européen
d'assumer leurs responsabilités et faire preuve de prudence dans leurs déclarations"
à propos de l’Espagne et de la zone euro. Devant son groupe parlementaire, il a tenu a rappeler que son gouvernement n'avait, pour sa part, jamais critiqué un pays membre de l'Union européenne.
Cette intervention fait implicitement référence aux déclarations de Nicolas Sarkozy et de François Hollande ces derniers jours. La presse espagnole s’est, de son côté, indignée de la manière dont les deux favoris à la présidentielle traitent leur pays.
L'épouvantail espagnol
Le 5 avril, Nicolas Sarkozy avait déjà fait référence aux sept années de présidence socialiste de José Louis Zapatero. Perçue comme une critique du choix politique fait par les Espagnols, cette attaque, en fait dirigée contre François Hollande, n’a pas manqué d’irriter les Espagnols.
Les référence à la péninsule ibérique est devenue quasi-quotidienne dans la stratégie électorale de Sarkozy. Le président-candidat a déclaré qu'
en Espagne, ils ont eu la baisse des pensions, ils ont eu une baisse des salaires dans l'administration publique, le chômage a augmenté de 225%, tandis qu'en France il a augmenté de 17%" .
Hier, le candidat-président a remis le couvert pour justifier le besoin de réformes pour ne pas partager "l’avenir de l’Espagne et de la Grèce". Cette nouvelle diatribe a été la goutte anti-hispanique de trop, obligeant Mariano Rajoy à calmer le jeu en demandant l’arrêt des attaques contre son pays.
Un constat mal perçu
Pour sa part, François Hollande s’était, dans un premier temps, élevé contre les déclarations de Nicolas Sarkozy en répliquant :"Cela ne se fait pas quand vous êtes chef de l'Etat. En tant que candidat, j'ai beaucoup de respect" pour les autres dirigeants européens, se plaçant ainsi en défenseurs des "bonnes manières" dans la campagne.
Mais hier, lors de l’émission "Des paroles et des actes", il a, à son tour, mis l'accent sur les difficultés auxquelles sont confrontés les Espagnols :
Est-ce que la crise de la zone euro touche la France? Non. Elle frappe durement l’Espagne, et peut-être l’Italie"
Les propos du candidat socialiste faisaient ce matin l'ouverture du journal télévisé de la chaine publique RTVE. Pour la presse, en désignant les principales victimes de la crise de la zone euro, il fait un clivage inutile entre les bons et mauvais élèves européens.
RTVE a toutefois expliqué que la surenchère électorale qu’entretiennent les candidats français s’inscrit dans le cadre d’une campagne électorale qui est, en fait, de plus en plus centrée sur l’Hexagone.