Le candidat du Front de Gauche séduit et intrigue les médias étrangers. Jean-Luc Mélenchon avait même convoqué une conférence de presse réservée à la presse internationale ce matin. Succés garanti.
"J’ai compris que la campagne soulevait beaucoup d’intérêt à l’international". À la veille du premier tour de la présidentielle française, Jean-Luc Mélenchon jubile. Sa campagne est un succès comme sa conférence de presse réservée à la presse internationale de ce matin, dans son QG de campagne, qui a fait salle comble.
En Europe et ailleurs, le candidat communiste intéresse et intrigue. Surtout depuis qu’il est crédité, selon les ultimes sondages, de 13 à 17% d’intentions de votes.
De l’Espagne à l’Argentine, les médias ne se lassent pas de celui qui détonne dans une campagne jugée bien morne. Au Royaume-Uni, un des éditorialistes du Guardian expliquait la semaine dernière dernière que "les politiques de Jean-Luc Mélenchon ne sont pas qu’un rêve d’extrême gauche".
Le journaliste britannique y défendait ardemment le candidat qui n’est pourtant pas très apprécié outre-Manche. Le pourtant très à gauche quotidien The Independant l’a même qualifié "d’anti Anglo-Saxon à la voix pleurnicharde".
"Attention à vous, j’arrive"
Pas intimidé pour un sou, Jean-Luc Mélenchon n’a pas hésité à taper à plusieurs reprises aujourd’hui sur "ces anglo-saxons qui me décrivent comme un excité en agitant le chiffon rouge". Toujours cabotin, le candidat est moins sur la défensive qu’avec les journalistes français. C’est que l’enjeu est autre. Son objectif était de séduire hors des frontières de l'Hexagone.
En Belgique comme en Suisse, la campagne présidentielle française a été particulièrement suivie. Et dans la République alpine, le candidat ne laisse pas, non plus, indifférent depuis qu’il a déclaré hier à la télévision nationale la guerre aux expatriés fiscaux. "Attention à vous, j’arrive" a-t-il lancé à nouveau ce matin, mi-sérieux, mi-rieur.
"Mélenchon est très séduisant, et il représente bien ce révolutionnaire français attachant" analyse Tristan Dessert, journaliste pour la RTS "mais les Suisses n’ont pas du tout peur de lui". Le candidat du Front de Gauche amène surtout de la fraicheur et permet aux médias étrangers de trouver une nouvelle dynamique à une campagne jugée bien morne.
Très à l’aise devant les journalistes internationaux, Mélenchon a expliqué "être exténué de la campagne" mais avoir "bon espoir de victoire". Et si les journalistes ne sont pas tous convaincus de la future victoire du candidat rouge, certains jugent qu’il a fait la meilleure campagne.
Arrière-pensées politiques
Il ne sera plus possible pour les médias français de parler de la présidentielle après minuit ce soir. La conférence de presse ferait-elle partie de la stratégie de communication du Front de Gauche pour pouvoir faire parler de son candidat pendant le weekend via notamment les médias francophones ?
Arnaud Champremier-Trigano, le directeur de la communication du candidat, rejette cette interprétation. "Il s’agit simplement de parler à la presse internationale" explique-t-il "il n’y a pas d’arrière-pensée". Le principal intéressé confirme, brocardant les médias français "incapables de parler des enjeux internationaux" au passage.
Avec vous je peux développer des thématiques qui ne sont pas abordées d’habitude”.
Au bout d’une heure et demie, le candidat du Front de Gauche met fin à la conférence de presse. "Je sens que je vous endors" lance-t-il, malicieux, avant de se lever tout sourire, entouré de caméraman et de photographes. Le "diable rouge" peut être satisfait, il sait qu’il a dors et déjà gagné la bataille médiatique à l’étranger.