La rancœur de Silvio Berlusconi envers Nicolas Sarkozy est telle qu'il souhaite une victoire de François Hollande. Le président-candidat est également accusé d'avoir lâché l'Italie en pleine crise financière pour ne pas déplaire à Angela Merkel.
Si les proches de Silvio Berlusconi pouvaient voter en France, ils choisiraient, sans l'ombre d'une hésitation, François Hollande. Dans l’entourage du Cavaliere, à commencer par le président du Sénat Renato Schifani, les considérations idéologiques ne pèsent pas lourd face au profond ressentiment envers Nicolas Sarkozy. Le président français est accusé d'avoir lâché l'Italie dans la tourmente de la crise financière pour ne pas déplaire à l'Allemagne.
Si j’étais Français, je voterais pour le candidat socialiste,"
a déclaré Renato Schifani devant un public stupéfait.
Cet ex-démocrate chrétien avait rejoint Forza Italia, le parti fondé par le Cavaliere en 1993 [devenu, en 2009, le PDL, Ndlr]. Lundi soir, il n’y a pas été par quatre chemins durant "Porta a porta", émission très populaire diffusée chaque soir sur la RAI Uno, première chaine du service public.
Quelques heures auparavant, Giulio Tremonti, ex-ministre du Trésor du gouvernement Berlusconi, avait fait le même choix. "Comme moi, François Hollande veut combattre la spéculation financière. Je voterais par conséquent pour lui".
Un affront impardonnable
Lundi à la mi-journée, le quartier général du Cavaliere était en ébullition. Silvio Berlusconi donnait le coup de pied de l'âne au président français:
Nicolas a eu ce qu’il méritait. Par ailleurs, on ne peut pas remporter des élections en se baladant avec Merkel".
La plupart des grosses pointures du Pdl (Parti du peuple de la Liberté) applaudissaient ouvertement la victoire de François Hollande au premier tour.
Les proches de Silvio Berlusconi n’ont pas oublié l’affront infligé face au monde entier par le couple franco-allemand. Il y a quelques mois, Nicolas Sarkozy et Angela Merkel avaient échangé des sourires d’un air entendu lors d’une conférence de presse quand un journaliste avait posé une question sur Berlusconi. Le Cavaliere était alors empêtré jusqu’au cou dans ses scandales d’orgies et de prostitution présumée avec une mineure.
Sarko champion de l'austérité
Et puis, il y a aussi et surtout, l'Europe. Pour la droite comme pour la gauche italienne, la victoire de François Hollande remettrait en cause la politique appliquée durant les quatre dernières années par le couple franco-allemand en brisant l’axe Merkel-Sarkozy.
A court terme, la victoire de François Hollande permettrait de revoir les politiques budgétaires européennes extrêmement rigides à cause de la position d’Angela Merkel"
estime le président du Sénat italien.
Les Italiens estiment qu’un changement de timonier à l’Elysée serait bénéfique pour l'Italie. "La droite européenne représentée par Nicolas Sarkozy est trop attentive à l’austérité et pas assez à la croissance. Donc, elle ne convient pas à l’Italie" affirme pour sa part, Valerio Sorrentino.
Sur Facebook, ce conseiller communal à la mairie de Vicence qui est aussi vice-coordinateur de la section régional du Pdl, dit ce que pensent nombre de responsables de son parti. A savoir: la politique sarkozienne ne tient pas compte des intérêts de l’Italie. Et pas seulement sur le plan économique et financier.
Nous avons laissé trop de plumes dans la crise libyenne à cause de la France, sur l’immigration, Sarkozy n’a pas voulu tenir compte de nos positions"
estime Valerio Sorrentino. Sans parler de l’affaire Battisti, l’ancien terroriste réfugié en France et défendu par Carla Bruni alors que l’Italie réclamait son extradition.