L'augmentation brutale de 11% du prix du métro à Madrid à partir du 1er mai engendre de nombreuses actions collectives de désobéissance civile. Ce matin le mouvement Toma el Metro! a bloqué les rames en actionnant le freinage d'urgence. Cette action n'est pas la première et certainement pas la dernière.
Les Madrilènes qui étaient dans le métro ce matin aux alentours de 8h20 n'ont pas dû s'en rendre vraiment compte, mais un groupe d'activistes anonymes regroupés sous le nom de Toma el Metro! (Prend le métro!, en référence aux Indignés de Toma la Plaza!) a immobilisé au même instant treize trains sur neufs des treize lignes que compte le réseau de la capitale. Ils ont actionné simultanément le freinage d'urgence alors que les rames se trouvaient en station, ne provoquant ainsi aucun désagrément pour les voyageurs, si ce n'est les quelques minutes nécessaires pour faire repartir les wagons.
Par cette action nous voulons montrer que nous ne sommes pas disposés à accepter que nous soyons privé de l'accès à un besoin aussi fondamental que de pouvoir nous déplacer dans la ville dans laquelle nous habitons, et que nous ferons tout le nécessaire pour arrêter ces hausses de prix scandaleuses et intolérables".
expliquent les activistes dans un mail adressé aux rédactions des quotidiens de la capitale espagnole.
"Nous ne pouvons pas payer un centime de plus"
A l'origine de cette protestation collective d'un nouveau genre, la hausse moyenne de 11% du prix du métro et des bus annoncée pour le 1er mai par le Consortium des transports de la ville. Une augmentation qualifiée "d'abusive" par les membres du collectif d'action qui dénoncent un "tarifazo" (ce que l'on pourrait traduire en bon français par une "augmentation trop importante des tarifs").
Dans leur lettre de revendications, les activistes rappellent que l'augmentation des tarifs se produit dans un contexte social dramatique : la moitié des moins de 25 ans est au chômage, les licenciements n'arrêtent pas, il est de plus en plus difficile de se loger et "1.500 jeunes émigrent chaque semaine à la recherche d'un avenir loin d'ici".
Nous continuerons notre action collective jusqu'à ce que l'augmentation des tarifs soit retirée, et que commence une baisse progressive jusqu'à ce que l'accès au métro de tous soit garanti",
préviennent les auteurs qui exhortent "tous les citoyens de Madrid à user des moyens d'actions collectifs, de la désobéissance civile et des manifestations dans la rue, pour que tous ensemble, nous leur montrions que nous ne paierons pas pour eux".
Poursuites judiciaires
Face à cette action, qui n'est que la première d'après les activistes, la direction du Metro et les pouvoirs publics et politiques se veulent intransigeants.
Il y a des caméras de surveillance dans quasiment tous les wagons du métro et quelques minutes après l'action, nous avions déjà identifié trois des auteurs",
a ainsi déclaré Esperanza Aguirre, présidente (PP, conservateur) de la Communauté de Madrid.
Les fautifs encourent des peines devant des tribunaux administratif pour avoir mis en danger la vie d'autrui , voire au pénal si le caractère collectif du "sabotage" peut être démontré. Une mise en danger toute relative étant donné que les trains étaient à l'arrêt, comme le souligne un témoin de la scène contacté par un journaliste d'El Pais, qui déclare même "comprendre et partager" les revendications.
Alors que le 21 avril près de 5.000 personnes protestaient dans les rues de la capitale contre la hausse des prix des transports publics, et que 300 personnes du collectif Yo NO pago tentaient au même moment de rentrer dans le métro sans payer (sans succès cette fois en raison de la forte présence policière), il y a fort à parier que le métro de Madrid risque d'être pertubé dans les prochains jours.