Le 6 mai, les Grecs ont voté contre l'austérité absolue imposée pas les créanciers de leur pays. Ils ont renversé la table électorale en désavouant les deux partis, de droite et de gauche, responsables de leurs malheurs. Un vote du refus de l'extrême rigueur qui permet à un parti néo-nazi d'entrer au parlement.
Sur les 28 partis qui se sont présentés aux législatives grecques, seulement sept ont obtenu plus de 3%, la condition sine qua non pour siéger au Parlement. Comparé aux précédentes législatives de 2009, le paysage politique grec a totalement changé. Les électeurs ont sanctionné le parti socialiste Pasok, qui passe de 43,9% en 2009 à 13,3% en 2012. De même, le parti de droite la Nouvelle Démocratie passe de 33,5% à 18,9%, remportant, tout de même, la première position de ce scrutin. Il devance de peu le parti de la gauche radicale Syriza, en deuxième position devant le Pasok, avec 16,76% des voix.
Le 6 mai grec est également marqué par l'entrée au Parlement, pour la première fois depuis la chute du régime de Colonel en 1974, de l’extrême droite néo-nazie.
Arrivé en sixième position avec presque 7% des voix, le parti Chryssi Avghi (Aube dorée) obtient 21 députés sur les 300 sièges parlementaires. Un vote de rejet des deux ex-grands partis de droite et de gauche, la Nouvelle Démocratie et le Pasok, qui se sont alternativement partagé le pouvoir depuis 38 ans. Mais aussi de la politique d'extrême austérité qui a mis, ces dernières années, le pays et une majorité de Grecs à genoux.
Peste brune
Ce parti d'extrême-droite a longtemps été un groupuscule semi-clandestin anti-immigrés, aux méthodes ultra-violentes, notamment à l'égard de la communauté asiatique. Il défend des thèses clairement racistes et antiparlementaires. Le succès d’un tel parti rappelle ce que l'absence de solutions à une crise économique, d'une ampleur sans précédent en Grèce, peut engendrer. La peste brune, comme ailleurs en Europe dans les années 30.
Quant au parti de la gauche radicale Syriza, avec 52 sièges au Parlement, il éclipse les socialistes qui remportent seulement 41 sièges contre 160 en 2009. Tout comme le parti d'extrême droite, les leaders de Syriza ont déclaré la guerre à l’austérité. Dimanche soir, le dirigeant du parti, Alexis Tsipra, a affirmé dans un bain de foule au centre d’Athènes:
Notre programme est un gouvernement de gauche qui annule le mémorandum […] nous ferons tout pour que le pays ait un gouvernement qui dénonce l'accord de prêt avec l'Union européenne et le FMI.”
L'impossible coalition Nouvelle Démocratie-Pasok
En remportant 150 sièges, les partis opposés à la Nouvelle Démocratie et au Pasok bloquent les velléités des conservateurs et des socialistes de former un gouvernement de coalition. A eux seuls, les deux partis réunissent seulement 149 sièges. Ils leur manquent deux sièges pour avoir une majorité absolue.
À la suite de l’annonce de ces résultats, le chef du parti de la Nouvelle Démocratie, Antonis Samaras, a essayé de rassurer les Grecs:
Je comprends la colère du peuple, mais notre parti ne laissera pas la Grèce sans gouvernement."
Le parti de droite doit trouver l’appui d'un troisième parti pour espérer donner un gouvernement à la Grèce. Un défi pour le parti de droite qui n’a seulement que trois jours, selon la loi, pour obtenir une majorité absolue et donner un gouvernement à un pays à la dérive économique et, désormais, politique.