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Les Italiens ne manquent pas d’idées pour sauver leur pays

jeudi, 10 mai, 2012 - 14:18

Le gouvernement italien a demandé aux citoyens des suggestions pour réduire les dépenses de l'Etat. Succès garanti. Pour les Italiens, c'est un véritable défouloir pour exprimer leur dépit après des décennies de corruption généralisée et de dilapidation de l'argent public.

La boîte mail du gouvernement italien saturée par les citoyens. C'est le résultat d’une initiative ayant pour but de trouver de nouvelles méthodes pour réduire les dépenses publiques, à l’heure où l’économie italienne est écrasée par le poids de la dette.

Déjà plus de 100.000 mails de citoyens exaspérés par la situation actuelle du pays ont été envoyés au site web créé pour l’occasion. "Le flot est constant, même la nuit" dit-on au gouvernement. Le site internet a prévu d’accepter les recommandations jusqu’à la fin du mois, mais il est possible que la date butoir soit reportée.

Au cours de la semaine, les Italiens ont soumis toute une gamme de doléances, du gaspillage de nourriture à l'hôpital à l’utilisation du chauffage pendant l’été. Mais le thème le plus récurrent reste les frais d'entretien des reponsables politiques, allant des voitures avec chauffeur au financement de confortables retraites.

Couper les dépenses

Cet appel à contributions fait partie d’un plan d'économies sur les dépenses publiques de 4,2 milliards d’euros sur un budget total de l'Etat de 720 milliards pour l’année en cours.

Un spécialiste du redressement économique a été nommé pour superviser le rapport en cours. Son équipe promet de retenir les propositions les plus pertinentes afin de les mettre en oeuvre.

Giovanni Valotti, un expert en gestion de l’université Bocconi à Milan, estime qu'une grande partie des messages sont probablement envoyés par des Italiens qui souhaitent juste se défouler sans faire de propositions concrètes.

C’est important que le gouvernement et les institutions publiques écoutent les citoyens et s’intéressent à leurs opinions",

a-t-il néanmoins affirmé au New York Times.

Faire passer les intérêts personnels avant le bien national

Les réponses reflètent les frustrations d’une grande partie de la population, qui considère que les représentants politiques font passer leurs intérêts personnels avant les intérêts du peuple italien.

Mais certains avancent que les propositions visant à supprimer les privilèges des parlementaires ne sont pas vraiment pertinentes. Ainsi, selon l’économiste Mario Baldassarri,

c’est sûr que l’on peut réduire de moitié les effectifs du Parlement et économiser 300 millions d’euros, mais si les parlementaires qui restent continuent à commettre des vols pour des sommes astronomiques, c’est juste de la poudre aux yeux".

Cité par le New York Times, il explique que le problème est politique. "Le Parlement doit décider si les droits de 56 millions de citoyens l’emportent sur le puissant lobby des quelques milliers de personnes qui vivent des ressources publiques."

Un manque de transparence

La colère grandissante au sein de la population a engendré le développement de partis de protestation, comme le mouvement "Cinq Etoiles", qui a été soutenu assez largement lors des élections locales du weekend dernier.

Ce groupe, mené par le comique Beppe Grillo, a fait campagne sur une plus grande transparence en politique et dans l’administration publique. Les électeurs semblent avoir compris le message.

Pour l’expert en gestion Giovanni Valotti, ce ne sont pas les idées qui manquent, mais les possibilités de les mettre en œuvre. Il affirme que l’Italie manque de mécanismes de contrôle et de gestionnaires compétents qui pourraient appliquer les réformes nécessaires.

Nous concevons de très bonnes réformes, ce qu’il nous faut c’est une révolution des pratiques de gestion".


Repéré sur New York Times: Via E-Mails, Italians give full voice to frustration
 




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