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Angela Merkel a perdu une bataille, mais pas la guerre

lundi, 14 mai, 2012 - 13:47

La sévère défaite hier de la CDU lors des élections en Rhénanie-du-Nord-Westphalie est une claque pour Angela Merkel. Mais, même avec la joue rouge, la Chancelière va recevoir demain soir François Hollande toujours en position de force. Elle reste très populaire et sa coalition reste en tête au niveau national.

La claque est violente, mais le pire n’est pas certain. Angela Merkel s’attendait à une défaite lors de l’élection régionale qui s’est tenue, hier, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, mais pas à une telle déroute.

Son poulain et protégé, Norbert Röttgen, qui dirigeait la liste du parti chrétien-démocrate (CDU), a effectivement été balayé dans les urnes. Avec à peine 26,3% des suffrages, le ministre fédéral de l’Environnement, qui est surnommé "le plus malin de sa maman", a enregistré un score inférieur de près de 10 points à celui de 2010. Les sociaux-démocrates ont, quant à eux, renforcé leur contrôle sur ce bastion traditionnel de la gauche. Avec 39,1% des voix (+4,6%), le SPD va pouvoir gouverner à sa guise le Land le plus peuplé d'Allemagne et ses 18 millions d’habitants en formant une nouvelle coalition avec les Verts (11,3%).

Avec leurs 128 députés, ces deux formations disposent, en effet, d’une majorité absolue au sein de cette assemblée régionale qui compte 237 sièges.

Défaite en trompe l'œil

Si la défaite pour les conservateurs est sans appel, Angela Merkel peut, toutefois, tirer trois "bonnes nouvelles" de cette élection.

La première est que Norbert Röttgen a scié lui-même la branche sur laquelle il était assis en faisant une très mauvaise campagne. Ses thèmes axés principalement sur le contrôle des déficits et la rigueur auraient été parfaits pour un vote national, mais cet ancien avocat, père de trois enfants, a oublié qu’il participait à un scrutin régional. Lors de tels rendez-vous, les électeurs attendent des candidats qu’ils abordent des thèmes locaux touchant leurs vies quotidiennes.

La seconde surprise positive pour la cheffe de la CDU, est le bon score des libéraux. Avec 8,6% des voix, le FDP réalise même la performance de progresser par rapport à 2010 (+1,9%) alors que les sondages lui donnent à peine 4% des intentions de vote au niveau national. Ce succès doit toutefois être quelque peu relativisé, car il est surtout dû à la popularité du leader du parti en Rhénanie-du-Nord-Westphalie. Christian Lindner pourrait d’ailleurs utiliser cette victoire pour prendre la tête du FDP au niveau national.

La troisième et dernière nouvelle réconfortante pour la Chancelière est sa popularité qui semble toujours intacte. Malgré ses défaites à répétition depuis plus d’un an lors des votes régionaux, la Chancelière reste la personnalité politique la plus populaire d’Allemagne.

 

Les intention de vote par partis pour les prochaines éléctions générales de 2013

Le SPD sans leader

A l'inverse, le SPD manque de leaders charismatiques et la bagarre pour désigner son candidat lors des prochaines élections générales risque d’être sanglante. Une primaire violente risquerait d’encourager de nombreux électeurs à se tourner vers les petites formations comme le Parti des Pirates. Inconnu il y a encore six mois, ce mouvement, qui prône la démocratie directe via internet, regroupe 11% des intentions de vote en République fédérale.

On voit mal toutefois les sociaux-démocrates s’allier avec cette organisation qui est à la fois très gauchiste et extrêmement libérale. Or le SPD n’a pour l’instant aucune chance de pouvoir gouverner seul avec ses maigres 27% dans les sondages. Une alliance avec les Verts ne sera pas, non plus, suffisante puisque les écolos ne recueillent que 13% des intentions de vote.

Pour rentrer au gouvernement, l’opposition actuelle ne pourrait ainsi avoir qu’une seule et unique possibilité : une nouvelle "grande coalition" avec les conservateurs. Mais si un vote était organisé demain, la CDU/CSU arriverait en tête avec 34% des scrutins. La droite pourrait alors contrôler la Chancellerie. Malgré les défaites de son parti, Angela Merkel peut continuer de dormir sur ses deux oreilles… 


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