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L’école en Europe : à chacun son rythme

vendredi, 18 mai, 2012 - 13:35

Le ministre de l'Education, Vincent Peillon, veut rétablir pour les classes du primaire la semaine de cinq jours, plus adaptée à l'apprentissage des enfants. Mais quels sont les rythmes scolaires ailleurs, chez nos voisins européens ?

 Chronique sur RFI: les rythmes scolaires by Myeurop 

A chaque rentrée scolaire le débat refait surface mais le nouveau gouvernement se devait, sans attendre septembre, de rebattre les cartes des rythmes scolaires, si l’on en croit Vincent Peillon. Le nouveau ministre de l’Education a confirmé, dés hier, au lendemain de sa prise de fonction, sa volonté de rétablir la semaine de cinq jours à l’école primaire. Et ce dès la rentrée 2013. "Ce n'est pas le plus simple, mais nous le ferons" a-t-il affirmé à France Inter.

Vincent Peillon par franceinter

Mise en place en 2008 par l’ex-ministre de l’éducation national Xavier Darcos sous la présidence de Nicolas Sarkozy dans le but d’harmoniser le rythme scolaire en France, la semaine de quatre jours n’a cessé d’être contestée par les enseignants comme par de nombreux travaux scientifiques.

Des rapports de l’Assemblée Nationale, de l’Académie de médecine et d’un comité de pilotage sur les rythmes scolaires préconisent, en effet, de diminuer les horaires quotidiens de classe et de raccourcir les vacances d'été. Un comité rassemblé par le précédent ministre de l'Education, Luc Chatel, s’inquiétait, entre autres, de l'équilibre de l'enfant qui, d’après les spécialistes, ne peut pas être attentif plus de quatre heures et demie par jour.

144 jours de classe par an

Raccourcir les vacances d'été permettrait donc d’alléger le nombre d'heures de classe quotidiennes qui s’élève aujourd’hui en moyenne à 6 heures. Sans compter les heures de soutien scolaire, qui se font souvent à l’heure de la pause déjeuner, pour ceux qui en ont besoin.

Un rythme soutenu particulier à l’Hexagone : Si un élève français a 144 jours de classe par an, la moyenne européenne est de 180 jours. Le comité de pilotage en avait d’ailleurs fait part au gouvernement l’année dans son rapport où il était écrit :

A l'échelle de l'Union européenne, la France est le pays où les écoliers ont les journées de travail les plus chargées et les semaines les plus courtes […] le tout s'articulant sur un nombre de semaines lui-même plus restreint »

Reste maintenant à prendre en compte d’autres éléments étroitement liés à un retour à la semaine de cinq jours, comme les problèmes budgétaires et d'organisation pour les personnels et les familles. Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a d’ailleurs assuré ce matin que le sujet serait mûrement réfléchi et que les enseignants et les parents d’élèves seraient consultés, nuançant ainsi les propos de Vincent Peillon qui laissaient entendre que la question était déjà réglée.

 

Les Pays-Bas, bon élève européen

Aux Pays-Bas, où le nombre d’heures d’enseignement est le plus élevé d'Europe pour les 7-11 ans, on ne rigole pas avec l’école. Dès le premier jour du mois suivant son 5ème anniversaire, chaque petit Néerlandais est tenu d’aller en classe à plein temps. Dans les faits, la quasi totalité des enfants sont déjà scolarisés dès 4 ans (99%). Jusqu’à leur 16 ans, ils ont pour obligation d’aller à l’école 200 jours par an, d’août à juin, cinq jours par semaine avec généralement le mercredi après-midi de libre.

 

Cette rigueur semble porter ses fruits puisqu’au dernier classement PISA (Programme International pour le Suivi des Acquis des étudiants) qui mesure les compétences acquises par les élèves en lecture, mathématiques et sciences, les Pays-Bas arrivent en deuxième position des pays européens.

Harmonisation des systèmes allemands

En Allemagne, les vacances sont bien différentes de celles qui existent en France, dans la mesure où chaque Land dispose ainsi de son propre calendrier. Il y a ainsi 16 zones différentes. De manière générale, les enfants sont en congé une semaine pendant l’hiver (l’équivalent de notre février), 10 jours à Pâques, une dizaine de jours en juin, deux semaines en été, une semaine en octobre et une semaine à Noël. Ces vacances assez réduites sont dues au fait que l’école se termine souvent en tout début d’après midi.

Le modèle est toutefois critiqué, non sur le calendrier des vacances, mais plutôt sur le système des lycées où les étudiants sont séparés en 3 niveaux différents en fonction de leurs résultats avec une sélection dès l’âge de 11 ans. Cela ne permet pas aux enfants en difficultés d’échapper à un écrémage pas toujours représentatif, et il est en plus très difficile de passer d’une école modeste aux "lycées d’élite", les Gymnasium.

Ce système a permis d'alimenter une filière d'apprentissage très efficace, mais ne favorise en rien l'ascension sociale. Aujourd'hui encore, le lycée (Gymnasium) est la voie des futurs universitaires et ingénieurs, la Realschule, celle des techniciens supérieurs et la Hauptschule, celle des ouvriers, qualifiés ou non.

L’étude PISA publiée en 2001 avait classé l’Allemagne en 21e position sur 31 pays analysés, créant une polémique dans le pays. Le Chancelier Schröder présenta ainsi l’année suivante un plan de 4,3 milliards d'euros destiné à permettre le passage à l'école à plein temps.

En 2003, les Länder et le gouvernement fédéral ont aussi créé un Institut pour le développement de la qualité dans le système éducatif (IQB). Celui-ci a défini pour la première fois de vrais standards nationaux en mathématiques, Allemand et langues étrangères.

Enfin, chaque Land a commencé à réformer son propre système, en fonction de ses moyens financiers. À Berlin, les maternelles ont été dotées d'un vrai programme éducatif et les écoles primaires se transforment peu à peu en école à plein temps. Les cours de langues étrangères débutent dès le CM1 et depuis 2007, tous les lycéens passent le même baccalauréat. Au dernier classement PISA, l’Allemagne était remontée à la 16ème place, juste en dessous de la moyenne des pays de l’OCDE.

La très studieuse Italie

Pour les élèves italiens, l’arrivée de l’été est la première réelle occasion de souffler un peu ! Si l’Italie détient le record européen pour la longueur des vacances estivales qui atteignent 14 semaines, les élèves italiens de l’élémentaire sont aussi ceux qui restent assis sur les bancs de l’école le plus longtemps et à un rythme très soutenu pendant toute l’année.

Pas de Toussaint, pas de vacances de février, mis à part deux jours pour le Carnaval, et pas de vacances de Pâques !

Les jeunes Italiens des écoles primaires et élémentaires restent en moyenne pendant 973,5 heures par an à l’école, réparties sur un total de plus de 200 jours. En Italie, plus qu’ailleurs, l’été est donc véritablement synonyme de liberté pour les petites têtes blondes.

Dérégulation prévue du système anglais

En Angleterre, l'année scolaire s'étend sur 190 jours, de septembre à juin, avec cinq journées par semaine de 9h00 à 16h00 environ, selon les matières. Le samedi, certaines matières optionnelles, comme notamment le sport, peuvent avoir lieu. Chaque établissement est par ailleurs libre d'organiser la journée à sa convenance.

Mais le nouveau gouvernement veut aller encore plus loin et prépare d’importantes réformes. Il encourage tout d’abord les écoles à sortir du système public pour pouvoir décider, dans une certaine mesure, elles-mêmes du contenu des cours, des horaires et des matières tant qu’elles enseignent au moins 190 jours par an. Une sorte de dérégularisation du système scolaire.
 
Le ministre de l’éducation veut également modifier totalement les heures de cours du système général : de 7h30 à 17h30 chaque jour de la semaine avec toujours la possibilité d’ouverture le samedi matin pour les options. Il projette aussi ajouter deux semaines de cours à chaque trimestre, soit un total de 40 semaines de cours par an. Les plus jeunes auraient donc une année cumulée supplémentaire de cours tous les cinq ans.
 
Les professeurs s’opposent majoritairement à cette mesure : ils travaillent déjà beaucoup chaque semaine et estiment qu’une telle surcharge de cours mettrait le niveau de leur cours en péril. Quantité ne signifie pas qualité. Ils rappellent également que les écoles sont souvent utilisées après la classe pour des activités annexes qui ne pourraient pas être repoussées à plus tard. Par ailleurs, le soleil se couchant tôt en hiver, les parents d’élèves s’inquiètent pour la sécurité de leurs enfants, qui rentreraient en pleine nuit.



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