Les entreprises allemandes sont de plus en plus handicapées par le manque de scientifiques. Si l'opposition dénonce le manque de formation des Allemands, Angela Merkel voit la solution dans l'immigration choisie.
La pénurie de main-d’œuvre qualifiée s'accentue en Allemagne : mathématiciens, informaticiens, ingénieurs et médecins sont de plus en plus rares. Et malgré la crise économique dans leurs pays, les Grecs, Espagnols et Portugais hésitent encore à s’installer outre-Rhin.
Pour Bernhard Rohleder, secrétaire général de la société Bitcom interrogé par la Deutsche Welle, il est nécessaire d’optimiser le système de formation allemand, de mobiliser les femmes sans emploi et les personnes proches de la retraite, et de moderniser la politique d’immigration.
Problème : le pays souffre d’un manque d’attractivité.
Bernhard Rohleder rapporte une discussion avec un informaticien indien :
Il m’a demandé ce qu’il avait fait de mal pour qu’il doive aller en Allemagne. Pour un informaticien indien qualifié, aller en Allemagne est une punition. Ce n’est pas un pays de cocagne”.
Les statistiques confirment cette désaffection : en 2011, 1221 médecins issus de pays hors zone euro se sont installés en Allemagne, soit 795 de moins que l’année précédente.
La barrière de la langue
Pour remédier à ce problème, le gouvernement lance une campagne de publicité en Allemagne et à l’étranger, avec pour slogan “Make it Germany”. En anglais, afin d’atténuer la barrière de la langue. Selon Philipp Rösler, le ministre de l’économie, c’est le plus gros obstacle sur le chemin qui mène vers son pays.
Mais pour certains, notamment dans l'opposition, l'immigration n'est pas la seule solution pour faire face à la pénurie de spécialistes scientifiques. Si les employeurs réclament une ouverture régulée des frontières aux travailleurs qualifiés, les syndicats affirment qu'il existe de nombreux hauts potentiels sur le marché du travail allemand.
Ils mettent en avant le fait que chaque année, 65.000 allemands finissent leurs études sans décrocher d’emploi faute de formation suffisante. Par ailleurs, trop d'Allemands traversent encore, malgré la croissance retrouvée, des périodes de chômage de longue durée, ou doivent accepter des conditions de travail précaires.
3 millions de postes vacants
Le gouvernement d'Angela Merkel met, lui, en avant le fait que des mesures précises et concrètes ont été prises, pour palier le manque de spécialistes. En effet, depuis la promulgation de la carte bleue européenne (la "green card" européenne, Ndlr), tout le monde ne peut entrer sur le sol européen.
Et en Allemagne les critères pour la main-d’œuvre qualifiée sont particulièrement stricts: il faut un revenu annuel d’au moins 35.000 euros pour espérer obtenir un permis de séjour, limité à 3 ans.
Pour Angela Merkel, ces mesures "sont un succès". Mais, la Chancelière reconnait pourtant que son gouvernement a "encore beaucoup de travail à faire" pour faire face à cette pénurie de spécialistes et scientifiques.
Elle a réuni hier son gouvernement et des conseillers pour faire le bilan des actions déjà mises en place. Le responsable de l'agence fédérale pour le travail a indiqué qu'en l’absence de changement, 3 millions de postes qualifiés seront vacants d’ici 2025.
Lors de la réunion, la Chancelière allemande a présenté ses solutions :
- Les salariés proches de la retraite devront travailler plus longtemps
- L’emploi à temps plein pour les femmes sera favorisé. Aujourd'hui, 71% des femmes en Allemagne travaillent, mais une femme sur deux est employée à mi-temps.
Repéré sur die Deutsche Welle : Fachkräfte dringend gesucht et Drei Millionen offene Stellen