Dans une semaine s'ouvre le Sommet de la Terre à Rio. Tous les dix ans, les chefs d'Etat de la planète se réunissent pour tenter de fixer des objectifs afin de faire face à la dégradation rapide de l'écosystème terrestre. L'Europe mise en priorité sur l'énergie solaire. La France rattrape son retard.
Les négociations préparatoires du prochain Sommet de la Terre ont débuté hier. Il se tiendra pour la deuxième fois en vingt ans, à Rio de Janeiro du 20 au 22 Juin prochain. Les thèmes abordés: l'économie verte et le cadre institutionnel du développement durable. Mais la situation n'a guère évolué depuis le dernier sommet à Johannesburg en 2002, où Jacques Chirac annonçait que "notre maison brûle, et nous regardons ailleurs".
En 1992, le premier Sommet de Rio établissait l'Agenda 21, plan d'action qui définissait le développement durable et les secteurs où il s'appliquerait, comme la pollution de l'air ou la gestion des déchets.
Mais les Français ont beau trier leurs ordures et éteindre la lumière, la situation n'a guère évolué. Les politiques doivent, une fois encore, empêcher la maison de brûler. Changer les mentalités, les consommations, ne plus gaspiller, tout en adoptant une économie plus "verte".
Le bilan sur lequel s'appuiera Rio+20 est accablant: malgré nos actions, la planète continue de se réchauffer, de plus en plus d'espèces animales sont en voie de disparition et les saisons se modifient du fait, selon les experts, de nos émissions de gaz à effet de serre.
Un échec prévisible
Le prochain Sommet de la Terre aura donc du pain sur la planche, mais les espoirs d'un accord sont infimes. Alors que le Sommet de 2002 à Johannesburg visait à démontrer la capacité collective à gérer les problèmes planétaires, cette fois-ci, tous les participants ont fait part de leur scepticisme. Bon nombre d'entre eux estiment que le sommet sera un échec, faute d'entente politique, ou aboutira à un accord trop limité pour avoir du sens. François Hollande ne se fait pas non plus d'illusions:
Rio va être difficile, nous savons qu'il y a des risques, des risques de paroles prononcées qui ne se retrouveront pas dans des actes, le risque de la division entre pays développés, pays émergents, pays pauvres, le risque de l'échec parce qu'il peut y avoir d'autres urgences".
Comment expliquer l'impuissance internationale alors que la planète court à sa perte? Pour Nicolas Hulot "l'une des grandes plaies de notre temps, c'est qu'on est toujours dans le court terme, dans le réactif. Les politiques traitent les symptômes des crises mais pas les causes".
Quant à la France, elle même a beaucoup à se reprocher en matière d'écologie. Premiers producteurs d'énergie nucléaire, nous sommes l'un des derniers pays européens à construire des centrales, avec la Slovaquie, la Finlande, et la Bulgarie.
Selon un sondage, 77% des Français souhaitent pourtant en sortir. Sur les 58 réacteurs actifs en France, seuls les deux de la centrale de Fessenheim seront arrétés d'ici 2017. Actuellement, le nucléaire produit 70% de l'énergie française. Une dépendance à l'atome qui fait froid dans le dos après les événements de Fukushima.
La France rattrape son retard
Les énergies renouvelables sont la seule porte de sortie, mais l'Europe se hâte avec lenteur. D'ici 2020, seulement 20% de la consommation d'énergie de l'UE devra être produite à partir de ces énergies, selon l'objectif fixé dans le cadre du "Paquet Énergie-Climat".
Un objectif faible, mais l'Europe détient tout de même la moitié du parc éolien mondial. En 2010, la France s'est hissée en troisième place des puissances éoliennes de l'Union Européenne. La puissance installée est passée à 6080 MegaWatts, soit une augmentation de 1459 MW.
Malgré son avancée, elle commence tout juste à miser sur l'éolien offshore, domaine sur lequel le Royaume-Uni a déjà une longue avance avec ses 341 appareils. La première éolienne a été érigée début mars, et 600 seront installées d'ici 2020, dans un parc éolien en baie de Saint-Brieuc.
Malgré leur affection pour les moulins à vents, les Pays-Bas ne sont qu'en 8ème place des producteurs d'éléctricité éolienne. L'Allemagne détient la palme, avec une puissance produite de 27 215 MW en 2010.
Mais l'éolien ne permettra pas, à lui seul, d'atteindre l'objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre de 20% d'ici 2020 fixé par l'Union Européenne.
L'Europe, championne de l'énergie solaire
Quant à la part de l'énergie solaire, elle reste faible comparé à l'énergie éolienne, mais les efforts faits en Europe pour développer le photovoltaïque sont énormes. L'Europe en est, en effet, le premier producteur. Selon le dernier baromètre EurObserv'Er, la puissance produite a augmenté de 120% entre 2009 et 2012, et l'installation européenne représente plus de 80% du volume installé dans le monde en 2010.
L'Allemagne, qui a promis sa dénucléarisation d'ici 2022, est le premier producteur d'énergie solaire. La France reste à la traîne, malgré des efforts honorables, puisque son parc photovoltaïque est maintenant plus grand que celui dédié aux énergies solaires thermiques.
L'Espagne et l'Italie arrivent respectivement en deuxième et troisième positions, suivis des pays méditerrannéens comme la Grèce, ou le Portugal.
La fin du classement est occupée, comme on peut s'y attendre, par des pays du Nord de l'Europe: l'Estonie (0,1 MW) ou l'Irlande (0,6 MW). La puissance photovoltaïque totale produite par l'UE en 2010 était de 29 555 MW.
L'énergie photovoltaïque permet aussi des applications fascinantes. La semaine dernière, un avion constitué uniquement de panneaux solaires a effectué le premier vol intercontinental de Madrid à Rabat. Solar Impulse ne fonctionne qu'à l'énergie photovoltaïque, sans aucun carburant ni émissions polluantes. Même les vols de nuits sont possibles les batteries ayant stocké l'énergie pendant la journée. Une prouesse technologique qui laisse espérer qu'un avenir plus "vert" est techniquement possible.