Les Grecs ont eu peur de l’inconnu. Les conservateurs de la Nouvelle Démocratie sont arrivés en tête des législatives de dimanche. Les trois partis acceptant le plan d’austérité de l’UE et du FMI devraient former très rapidement une coalition. Cette majorité pour sauver le pays de la déroute reste néanmoins fragile.
La Nouvelle Démocratie (ND) a gagné dix points par rapport aux dernières élections du 6 mai et obtient 129 sièges sur 300. Les socialistes du PASOK poursuivent, à l'inverse, leur descente aux enfers, perdant quatre points et vingt députés. Mais les deux partis qui ont, à tour de rôle, trafiqué les statistiques nationales depuis 2001 et conduit leur pays à la déroute financière, sont, à eux deux, en mesure de former une coalition majoritaire avec 161 députés.
Ils pourraient, de plus, être rejoints par la Gauche Démocratique (DIMAR), composée d’ex-socialistes et d’ex-communistes, qui a recueilli 17 sièges.
Antonis Samaras, le leader de la ND, qui a, par ailleurs, habilement manœuvré pour faire revenir au bercail quatre personnalités du LAOS (parti de droite nationaliste lié à l’église orthodoxe), a annoncé qu’il voulait former au plus vite un gouvernement de coalition avec les deux autres partis qui acceptent les mesures d’austérités, le PASOK et le DIMAR.
Evanguelos Vénizélos, le dirigeant socialiste, et Fotis Kouvélis de la DIMAR, ont finalement annoncé que, pour sortir le pays de la crise et du risque d’exclusion de la zone euro, ils seraient susceptibles d’entrer dans un gouvernement tripartite.
Une opposition radicale
La Gauche radicale (SYRIZA), d’Alexis Tsipras, a gagné dix points et vingt députés de plus. Avec 72 députés, il a déjà annoncé qu’il ne ferait pas de cadeau au gouvernement ND-PASOK-DIMAR et voterait contre toutes les mesures anti sociales. Il a aussitôt été rejoint par le parti des Grecs Indépendants (AE) du bouillant Panos Kammenos. Ce petit parti de droite refuse lui aussi "le dictat de la finance". Il dispose encore de 20 députés.
En revanche le parti communiste (KKE) s’est effondré passant de 26 à 12 sièges. Sa secrétaire générale, Aleka Papariga, paie son attentisme durant la crise. Par ailleurs les néo-nazis de l’Aube dorée font exactement le même score qu’en mai dernier et contre toute attente, risquent de s’enraciner dans le paysage politique grec.
Révolte ou résignation?
Sachant la volatilité des députés grecs, le prochain gouvernement aura bien du mal à obtenir des votes de confiance à chaque fois qu’il voudra faire passer des lois impopulaires. Il pourrait être mis en minorité, sous la pression de la rue et du puissant syndicat de la fonction publique (ADEDY) qui ne compte rien lâcher.
A moins que la dépression collective qui gagne de plus en plus la population ne fasse baisser la contestation dans une sorte de résignation.
Quoi qu’il en soit, Antonis Samaras n’aura pas les coudées franches pour gouverner et devra être particulièrement diplomate pour sauvegarder une majorité parlementaire socialo-conservatrice de circonstance.