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La planète bleue aurait le blues…

mardi, 19 juin, 2012 - 10:25

La NEF a classé les pays du monde pour déterminer lequel est le plus heureux et le plus apte à faire le bonheur des générations futures. Le rapport indique que, dans sa globalité, la planète n'est pas très heureuse. Une conclusion tout de même contestable vu les méthodes d'évaluation utilisées !  

Qu'est-ce que le bonheur? Est-il mesurable et quantifiable?  La NEF (New Economic Foundation) a tenté de répondre à ces difficiles questions dans son rapport: "The Happy Planet Index: 2012 Report- A global index of sustainable well-being" (littéralement: un indice global du bien-être durable).

L'idée de ce projet est d'aller au-delà des soucis économiques et de se concentrer sur la société pour comprendre ce qu'est le progrès. La NEF a souhaité que le HPI soit un nouvel indice qui servirait de compas, de boussole pour savoir si le pays prend la direction du bonheur. Le bonheur n'étant pas quantifiable, le Happy Planet Index, ou HPI, mesure en réalité la capacité des pays à assurer le bien-être de leurs habitants et de leurs générations futures.

L'objectif est que les dirigeants de notre monde s'appuient sur cet indice afin de réfléchir, non en termes d'économie, mais de qualité de vie. Pour aboutir à ce classement, les chercheurs ont pris en compte trois facteurs: l'espérance de vie, la qualité de vie et l'implication environnementale.

Les Islandais sont les plus vieux

Le premier facteur est l'espérance de vie. Les résultats montrent que la population européenne estimée à vivre le plus longtemps habite en Islande. Avec une espérance de vie de 81,8 ans, le pays se rapproche du Japon qui, avec 83,4 années d'espérance de vie, domine le classement à l'échelle mondiale. Les Français ont également une bonne chance de vivre jusqu'à l'âge avancé de 81,5 ans.

À l'inverse, c'est au Sierre Leone que l'on a le plus de chances d'avoir une courte vie: avec 47,8 ans, le pays se place en toute fin du classement mondial. À l'échelle européenne, c'est la Lituanie qui obtient le plus bas score. Avec 72,2 ans d'espérance de vie, le pays reste néanmoins loin de la fin de classement.

La qualité de vie du Danemark

Deuxièmement, le HPI mesure la "quantité" de bien-être. Pour en donner une estimation, il s'est basé sur les sondages du Gallup World Poll, qui a fait une enquête visant à évaluer le bien-être des populations. Les habitants interrogés dans chaque pays ont classé leur qualité de vie sur une échelle de 0 à 10.

En Europe, les Danois dominent le classement en attribuant à leur pays une note de 7,8/10, et se place également en tant que pays le plus heureux du monde. Les Français sont plutôt heureux avec 6,8/10. Les Lettons sont, eux, les moins heureux d'Europe avec seulement 4,7/10.

À l'échelle mondiale, les habitants du Togo voient la vie en gris, avec 2,8/10. Quant aux plus heureux, on les trouvera au Danemark ou encore au Costa Rica (7,3/10).

Cependant, la NEF met en garde: ce critère ne tient pas compte du contexte géopolitique du pays. Cet indice n'est qu'une valeur indicative du bien-être ressenti de la population et ne prend par exemple pas en considération, en tant que tel, le respect des droits de l'Homme. Cela dit, dans les pays où l'on ne les respecte pas, les gens n'ont pas tendance à se sentir baigner dans le bien être…

Le rôle de l'impact environnemental

Le troisième facteur pris en compte est l'implication des pays dans la cause de l'environnement. En cette période de changements climatiques et de réflexion mondiale sur les décisions nécessaires à prendre pour préserver la planète – la conférence Rio+20 en délibère actuellement, l'environnement est un critère important pour quiconque se soucie des générations futures.

Le HPI définit la conscience écologique d'un pays par son empreinte écologique et à sa biocapacité, autrement dit la capacité d'une zone biologiquement productive à produire une offre continue de ressources et à absorber les déchets découlant de leur consommation. Comme le rapport l'explique, ce deuxième point est important à prendre en compte car l'empreinte écologique évalue l'impact environnemental dans sa globalité.

Or, si les pays économiquement stables insistent souvent sur leurs efforts pour réduire leurs émissions de dioxyde de carbone et veulent donner l'illusion d'avoir une conscience écologique, ils oublient cependant que le mode de vie de leurs habitants contribue à la dégradation de l'environnement. Ils ne font simplement qu'exporter le problème vers les pays en développement où sont produits les biens qu'ils consomment. De cette façon, de nombreux pays vivent bien au-delà de leur biocapacité.

La Terre, planète rouge

Les taux d'empreinte écologique sont alarmants. Il est urgent de rattraper le retard mondial en la matière. Faute de quoi la question se pose de savoir s'il y a du sens à vivre longtemps et heureux alors que les générations suivantes ne pourraient espérer connaître un tel bien être. Les progrès accomplis dans ces deux domaines risquent d'être vains sur une planète que l'on dégraderait à toute allure.

Ce n'est donc pas un hasard si le Costa Rica termine en tête du classement HPI, tous facteurs confondus. Ce pays satisfait en effet 99% de sa consommation énergétique grâce aux énergies renouvelables.

Pour l'instant, l'Europe est à la traîne. Pour la plupart, les pays de l'UE laissent une empreinte écologique très marquée. A titre d'exemple, le Luxembourg, en dépit d'une espérance de vie élevée et d'un bon niveau de satisfaction générale de sa population, termine finalement dans les profondeurs du classement du fait de son empreinte écologique de 10,7.

Le pays arrive même juste avant le Qatar qui, avec 11,7, est le pays le moins écologiquement vertueux de la planète. La France se place dans la moyenne, avec 4,7. Evidemment, ce critère de l'empreinte favorise avant tout les pays les moins industrialisés à l'instar d'Haïti (0,6) ou de l'Afghanistan (0,5).

Le calcul

Après avoir réuni ces trois facteurs, le HPI fait le calcul suivant:

Suivant cette formule, l'objectif du HPI est d'atteindre en 2050 un niveau de 89. On en est encore loin puisque le Costa Rica, numéro un du classement, n'atteint que 64. Et la lanterne rouge, le Botswana, est à 22 !

Le bilan

La planète serait donc plutôt malheureuse. Grâce aux progrès de la science, on peut maintenant vivre jusqu'à l'âge avancé de 83 ans. On peut obtenir une qualité de vie satisfaisante. Mais on ne peut toujours pas promettre un avenir aussi joyeux à nos enfants. Si du moins l'on se base sur le critère de l'empreinte écologique comme mesure du bonheur à venir…

Aucun pays ne maîtrise simultanément les trois critères. Ceux-ci se compensent les uns les autres. Il arrive ainsi qu'un pays, pourtant heureux et ayant une forte espérance de vie, soit très mal classé à cause d'une empreinte écologique trop forte.

Tout cela marque évidemment la limite de l'exercice en terme de mesure du bonheur. Sans doute que l'évaluation subjective de la "qualité de vie" est le critère le plus pertinent en la matière. Ne peut-on en effet vivre très longtemps une vie de malheur où goûter de vraies joies à l'ombre des cheminées d'usine ? Et pour finir, on a en ce moment beaucoup de mal à admettre que la Syrie devance nettement la Belgique ou la France sur l'échelle du bonheur !


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